Gustave COURBET, le veau blanc

Courbet sera l’un des artistes les plus commentés et détestés de son vivant par l’académisme.CARICATURES 1- Conflits, art et société. 19esiècle.

D’une certaine manière celà est justifié, car il attaque de front tous les critères de la peinture académique, que ce soit les sujets, la manière de peindre, la représentation de l’espace, l’anatomie, les modèles.Bren recevant sa part de butin. Paul JAMIN et l’ Académisme.

Courbet opte résolument pour une mise en scène frontale et sans perspective de ses sujets. Pas d’échappées, peu de lointains et si oui, pas de cheminement vers l’horizon (La rencontre, les vagues par exemple).

Il renie le spectaculaire, même quand le paysage aurait pu s’y prêter (Etretat, sources de la Loue, les vagues). Il écarte toute lumière flatteuse ; ni coucher de soleils, ni tempêtes, ni printemps radieux.

Le VEAU BLANC, peinture tardive, est emblématique de ce regard franc et direct ; une anecdote relate que Courbet, quand il eu quelques élèves à Parsi les surprit un jour, quand, arrivant dans l’atelier, ils trouvèrent une vache comme modèle vivant ; Courbet justifia ce choix, par le principe que n’ayant pas « d’idées » de la vache, ils la peindraient plus justement.

« l’idée », c’est le recul ; ce sont les aprioris, les stéréotypes, les convenances, la vision biaisée.

Il faut être nez à nez avec son sujet ; tel est le credo « réaliste », et ne montrer que ce que l’on voit vraiment, ce à quoi on est confronté.

Courbet s’attache résolument à louer ceux et celles qui n’ont pas droit de cité, qui sont écartés des représentations académiques et ne correspondent pas aux critères établis de beauté : casseurs de pierres, lutteurs, cribleuses, jeunes femmes se reposant affalées sur l’herbe. A chaque fois, impossible de détourner le regard, les corps et les vêtements usés sont exposés dans leurs qualités de textures (comme le pelage du veau blanc), ces corps ne sont pas inscrits dans le modelé ou l’espace tridimensionnel, l’exemple le plus frappant est la peinture des « lutteurs », qui semblent collés sur un décor. La dimension politique de Courbet est encore manifestée par son portrait posthume de son compatriote Fran comtois Proudhon, ici en habit d’ouvrier, en compagnie de ses filles dont l’une apprend à lire!

Courbet, dans « la Rencontre », se représente en travailleur, sur le terrain, sur le motif, salué par ses défenseurs (Champfleury et Bruas).

Puis Courbet, par » l’enterrement » et » « l’ Atelier » impose son monde à l’échelle du MUR et non plus de la FENÊTRE (l’une des polarités essentielle de la peinture). Toiles immenses exposant son univers, ses proches, ses amis, sa compagne, son village, aux dimensions de la peinture d’histoire.

Les corps féminins ont pour modèles sa compagne, ses sœurs et il est hors de question pour lui de les trahir en ne respectant pas leur anatomie, leurs proportions. Il s’expose et les expose aux sarcasmes, mais effectue un bond gigantesque vers un art plus juste, libéré des stéréotypes de beauté.

Millet, Daumier, Manet, Degas, Lautrec, Morisot, Valladon, Gauguin puis Picasso et Matisse par exemple reconnaissent cette dette.

Ayant dirigé la chute de la colonne Vendôme, comme symbole de la trahison bonapartiste et bourgeoise de la Révolution Française, pendant la Commune (printemps 1871), Courbet sera honni et emprisonné à Ste Pélagie.

Mais, au cœur de toutes ces audaces et provocations manifestes qui semblent éloignées de tout séduction, Courbet imposera toujours un certain respect, même à ses ennemis, car la qualité de sa touche, les légères écailles de peintures, la délicatesse de ses tons et l’harmonie générale de ses compositions et couleurs sont uniques.

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About Olivier Jullien

Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
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