La question du reflet est essentielle dans l’histoire de la représentation évidemment. Double, imitation, inversion, illusion, image éphémère.
Le reflet/miroir institue de façon formelle et technique et manipulable, la puissance du regard. regard qui tue, qui sidère, mais aussi regard biaisé qui épie. Le mythe de Persée et Méduse, comme celui de Narcisse abordent d’emblée cet aspect du reflet.
Comme petit objet de toilette, on le voit aussi comme introspection, mais aussi modèle pour les autoportraits, et ce dès le Moyen-âge ( pas si moyen!) identifié aux portraits féminins, attachés au questionnement sur son apparence, question sans doute culturellement cantonnée aux femmes, soumises au regard.
Le miroir est aussi associé à la tromperie et la ruse, comme par exemple dans la capture des petits tigres! C’est aussi le miroir de l’espiègle ( Eulen-spiegel : miroir aux alouettes).
Les miroirs convexes des primitifs flamands proposent un autre espace que celui orthogonal de la perspective naissante, mais permettent d’unifier des situations paradoxales comme avec Memling, comme de réunir dans un cercle religieux, les époux, le peintre, les témoins, révélant une réalité plus exacte, un envers de l’image et souvent, la véritable source de lumière et clairement le point de vue du peintre.
C’est aussi une image virtuelle bien que parfaite, associée à la fragilité, au temps qui passe et donc à la vanité. Le peintre pouvant retenir par son œuvre, ce que le miroir, bien que parfait, ne peut arrêter. Un dialogue évident s’établit donc, entre image refêtée et image peinte.
Les miroirs rectangulaires, à partir ( à peu près) de la Renaissance, ne sont plus, ces miroirs dits « de sorcière » convexe, en perspective panoramique et savante, agrandissant l’espace, mais des plans rectangulaires, véritables doubles des images peintes. Le miroir, avec la fenêtre, devient l’un des modèles absolus de la peinture, comme le théorise Vinci. Imiter le miroir est l’une des visées des peintres idéalistes de cette Renaissance désireux d’imiter au plus près le phénomène le plus spirituel qui soir, à savoir la lumière, la vue.
Modéliser la vision est aussi l’affaire de la perspective et de l’optique, avec Alberti, Brunelleschi, Vinci entre autres. Mais aux temps maniéristes du doute, les miroirs reviennent comme des métaphores de vanités et de tromperies, de renvois éphémères de la beauté éphémère des corps et de la séduction. Les reflets sont associés aux trompes-l’oeil et bien sûr aux limites de nos perceptions sensitives. Ainsi De la Tour, associe les miroirs à la mort, aux flammes éphémères, simulacres, avant le retour à la vérité absolue du noir total, métaphore du divin.
On retrouvera souvent les miroirs associés aux autoportraits jusque dans des mises en abimes subtiles, mais aussi comme un rapport intime et libre, car c’est se voir sans être vu. De nombreuses femmes artistes vont user de cet outil pour faire exister leur personnage d’artiste, dans des sociétés où elles ne sont pas reconnues.
D’une autre manière, Vélasquez utilise le miroir comme métaphore d’un ailleurs, d’une autre lumière, comme image double ( peut être conforté en cela par les lunettes de Galilée, qui permettent de voir ailleurs! Voir l’article sur les Fileuses).
Vermeer entre autres, joue du reflet pour ouvrir les espaces confinés et suggérer des croisements savants de regards. Par ailleurs, il utilisa sans doute la camera obscura, installation fonctionnant avec optique , miroir et verres dépolis.
Goya, dans sa période misanthrope et misogyne, nous suggère la vérité que renvoie le miroir aux femmes âgées. l’illusion n’est pas le miroir, mais la parure.
Les impressionnistes vont utiliser les miroirs comme manifestation patente de la planéité de l’image, s’écartant délibérément de la profondeur de champ, jusqu’à Monet, qui ne peint qu’une surface reflétant. Surface de la toile/surface de l’eau.
Suzanne Valadon, elle, reprend le miroir comme objet initiatique du passage de la fillette à la jeune fille pubère, puis ensuite comme révélation de la vérité dans son autoportrait.
Pour les surréalistes, comme Claude Cahun, puis Magritte ou Dali, à l’évidence, le miroir est un au delà, une virtualité, un double, un envers, un négatif…..Associé à la chambre obscure, à l’œil, à l’alter ego..autant de pistes étayées par la psychanalyse récente. La photographie partageant avec le miroir, la même perfection, le cadrage/découpage de l’espace, la lumière, la planéité.
Les hyperréalistes américains comme Estes associant reflet, photographie et peinture, comme dans un dialogue exacerbé dans nos sociétés modernes ou image, spectacle et illusions se substituent au réel.
Bertrand Lavier, avec humour, brouillant par des médiums picturaux l’image parfaite du miroir, revient à la peinture comme élément ; ici, il voile le regard et frustre la puissance du rayon visuel, qui au lieu de plonger vers les espaces profonds, bute sur les surfaces de matières.
Dans les installations, Kusama et Kapoor, entre autres démultiplient les points de vue. Kusama, notamment, utilisant les jeux de miroirs pour se dématérialiser et conquérir une sorte d’infini, ce qui est cohérent avec l’ensemble de son œuvre.
Miroirs et peintures
La question du reflet est essentielle dans l’histoire de la représentation évidemment. Double, imitation, inversion, illusion, image éphémère.
Le reflet/miroir institue de façon formelle et technique et manipulable, la puissance du regard. regard qui tue, qui sidère, mais aussi regard biaisé qui épie. Le mythe de Persée et Méduse, comme celui de Narcisse abordent d’emblée cet aspect du reflet.
Comme petit objet de toilette, on le voit aussi comme introspection, mais aussi modèle pour les autoportraits, et ce dès le Moyen-âge ( pas si moyen!) identifié aux portraits féminins, attachés au questionnement sur son apparence, question sans doute culturellement cantonnée aux femmes, soumises au regard.
Le miroir est aussi associé à la tromperie et la ruse, comme par exemple dans la capture des petits tigres! C’est aussi le miroir de l’espiègle ( Eulen-spiegel : miroir aux alouettes).
Les miroirs convexes des primitifs flamands proposent un autre espace que celui orthogonal de la perspective naissante, mais permettent d’unifier des situations paradoxales comme avec Memling, comme de réunir dans un cercle religieux, les époux, le peintre, les témoins, révélant une réalité plus exacte, un envers de l’image et souvent, la véritable source de lumière et clairement le point de vue du peintre.
C’est aussi une image virtuelle bien que parfaite, associée à la fragilité, au temps qui passe et donc à la vanité. Le peintre pouvant retenir par son œuvre, ce que le miroir, bien que parfait, ne peut arrêter. Un dialogue évident s’établit donc, entre image refêtée et image peinte.
Les miroirs rectangulaires, à partir ( à peu près) de la Renaissance, ne sont plus, ces miroirs dits « de sorcière » convexe, en perspective panoramique et savante, agrandissant l’espace, mais des plans rectangulaires, véritables doubles des images peintes. Le miroir, avec la fenêtre, devient l’un des modèles absolus de la peinture, comme le théorise Vinci. Imiter le miroir est l’une des visées des peintres idéalistes de cette Renaissance désireux d’imiter au plus près le phénomène le plus spirituel qui soir, à savoir la lumière, la vue.
Modéliser la vision est aussi l’affaire de la perspective et de l’optique, avec Alberti, Brunelleschi, Vinci entre autres. Mais aux temps maniéristes du doute, les miroirs reviennent comme des métaphores de vanités et de tromperies, de renvois éphémères de la beauté éphémère des corps et de la séduction. Les reflets sont associés aux trompes-l’oeil et bien sûr aux limites de nos perceptions sensitives. Ainsi De la Tour, associe les miroirs à la mort, aux flammes éphémères, simulacres, avant le retour à la vérité absolue du noir total, métaphore du divin.
On retrouvera souvent les miroirs associés aux autoportraits jusque dans des mises en abimes subtiles, mais aussi comme un rapport intime et libre, car c’est se voir sans être vu. De nombreuses femmes artistes vont user de cet outil pour faire exister leur personnage d’artiste, dans des sociétés où elles ne sont pas reconnues.
D’une autre manière, Vélasquez utilise le miroir comme métaphore d’un ailleurs, d’une autre lumière, comme image double ( peut être conforté en cela par les lunettes de Galilée, qui permettent de voir ailleurs! Voir l’article sur les Fileuses).
Vermeer entre autres, joue du reflet pour ouvrir les espaces confinés et suggérer des croisements savants de regards. Par ailleurs, il utilisa sans doute la camera obscura, installation fonctionnant avec optique , miroir et verres dépolis.
Goya, dans sa période misanthrope et misogyne, nous suggère la vérité que renvoie le miroir aux femmes âgées. l’illusion n’est pas le miroir, mais la parure.
Les impressionnistes vont utiliser les miroirs comme manifestation patente de la planéité de l’image, s’écartant délibérément de la profondeur de champ, jusqu’à Monet, qui ne peint qu’une surface reflétant. Surface de la toile/surface de l’eau.
Suzanne Valadon, elle, reprend le miroir comme objet initiatique du passage de la fillette à la jeune fille pubère, puis ensuite comme révélation de la vérité dans son autoportrait.
Pour les surréalistes, comme Claude Cahun, puis Magritte ou Dali, à l’évidence, le miroir est un au delà, une virtualité, un double, un envers, un négatif…..Associé à la chambre obscure, à l’œil, à l’alter ego..autant de pistes étayées par la psychanalyse récente. La photographie partageant avec le miroir, la même perfection, le cadrage/découpage de l’espace, la lumière, la planéité.
Les hyperréalistes américains comme Estes associant reflet, photographie et peinture, comme dans un dialogue exacerbé dans nos sociétés modernes ou image, spectacle et illusions se substituent au réel.
Bertrand Lavier, avec humour, brouillant par des médiums picturaux l’image parfaite du miroir, revient à la peinture comme élément ; ici, il voile le regard et frustre la puissance du rayon visuel, qui au lieu de plonger vers les espaces profonds, bute sur les surfaces de matières.
Dans les installations, Kusama et Kapoor, entre autres démultiplient les points de vue. Kusama, notamment, utilisant les jeux de miroirs pour se dématérialiser et conquérir une sorte d’infini, ce qui est cohérent avec l’ensemble de son œuvre.
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About Olivier Jullien
Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.