suite Panthéonne

Article paru en 2009, sous Sarkozy, dans la revue WEB « la Petite République », hélas disparue depuis. L’actualité Panthéonne relance le débat et la discussion ; il y est question de machisme, d’art, d’histoire, de mémoire collective. Les illustrations et leurs commentaires datent de l’automne 2013.

Une femmeau Panthéon, Jeanne d'Arc, récupérée par les nationalistes et cléricaux,honorée par une peinture pompière de l'oublié Lepneveu, est emblématique de l'image des seules vierges et madones admises parmi l'aéropage de mâles dominants gisants dans les cryptes du lieu et roucoulant dans les allées du pouvoir.

Une femme au Panthéon, Jeanne d’Arc, récupérée par les nationalistes et cléricaux,honorée par une fresque sur les murs, peinture pompière de l’oublié Lepneveu, est emblématique de l’image des seules vierges et madones admises parmi l’aréopage de mâles dominants gisants dans les cryptes du lieu et roucoulant dans les allées du pouvoir.

Avant d’y faire rentrer qui que ce soit, vidons puis opérons un tri sélectif au Panthéon !!!

Parmi les bas-coups médiatiques du président sondeur, essayer de fourguer Camus au Panthéon est un geste grandement signifiant.
Je ne reprendrai pas les très bons arguments de M. Onfray, parus dans le Monde récemment, mais, avant de faire rentrer qui que ce soit dans ce mausolée, on devrait d’abord faire un inventaire, car certains ont semble-t-il dépassé la date de péremption…D’abord en ôter les dizaines d’inconnus, canonisés par notre Empereur dictateur : noblesse d’empire, ministres zélés, lécheurs de chausses et ganaches colonialistes reposent en nombre et en paix dans ces sous sols. Personne ne semble se soucier de leurs cendres, ni de leurs noms, ni de leur histoire. Ils sont comme des fondations obscures et enfouies de ce que l’on voudrait nous faire prendre pour le mémorial de notre identité.
Le projet napoléonien était effectivement de constituer de nouveaux repères après les bouleversements révolutionnaires. Ces serviteurs du nouvel ordre, ces fondateurs d’un nouveau droit, remercié à titre posthume, sont comme ces premiers papes Lin, Clet etc… aux noms étonnants et aux rôles obscurs, dont l’énumération dominicale de la liste surréaliste égaie et réveille le chrétien assoupi sur les bancs.
Le Panthéon a ensuite retrouvé ses droits, nos républiques une fois bien établies, pour abriter les valeurs sûres et assez consensuelles, d’un humanisme éclairé.
Ce qui est par contre plus stupéfiant, c’est le choix implicite d’une catégorie extrêmement délimitée des ayants droits à la Panthéonisation.
Des écrivains et philosophes en premier lieu…. fameux, non pas pour leurs qualités littéraires, sinon, Flaubert, Maupassant, Chateaubriand

, Proust et Céline devraient y être, mais fameux pour leur statut, non explicite, d’Intellectuels ; hybrides entre l’artiste et le penseur politique.
De ce fait, si même dans la république des lettres, les plus artistes sont écartés, on ne s’étonnera plus de ne voir dans ce Panthéon, aucun peintre, pas ou peu d’architecte, ni de sculpteur, ni de musicien, ni moins encore de cinéaste. Pourtant, Rodin ou Bartholdi, Delacroix ou Courbet ou Matisse encore, Berlioz, Ravel ou encore Jean Renoir, Breton, Duchamp je ne sais ….mais bigre, on ne manquerait pas de créateurs variés, figures rayonnantes d’une culture et de certaines visions du monde, dans ces catégories…

Mais le pire est finalement cette odeur de tabac, de frac, de chapeaux claques et de redingotes…ça sent le cigare et le club de vieux garçons.

MarieMagedeleine, vue par béreaud, peintre académique, ou "l'intruse au club des garçons..."..ça sent le cigare et les vieilles blagues.

Marie Magedeleine, vue par Béreaud, peintre académique, ou « l’intruse au club des garçons… »..ça sent le cigare et les vieilles blagues.

Marie et Sophie (Berthelot), ne sont ici que parce que leurs époux y sont !!!! Marie, aussi par son mérite, mais Sophie, car, morte quelque temps après son mari, il sembla cruel de les séparer.

Fresque de laurens, au Panthéon. Autre illustre femme présente - sur les murs- au Panthéon, la sainte Ggeneviève, légitime d'une certaine manière, sur sa colline, mais ici mise en scène de façon édulcorée, accueillant les bons pauvres soumis à la religion, propres, bien coiffés et à genoux...Cette peinture du 19è siècle, est à l'opposé de laradicalité des Misérables ; l'icône féminine est une nouvelle fois réduite à la vierge évaporée et asexuée.

Fresque de laurens, au Panthéon. Autre illustre femme présente – sur les murs- au Panthéon, la sainte Ggeneviève, légitime d’une certaine manière, sur sa colline, mais ici mise en scène de façon édulcorée, accueillant les bons pauvres soumis à la religion, propres, bien coiffés et à genoux…Cette peinture du 19è siècle, est à l’opposé de laradicalité des Misérables ; l’icône féminine est une nouvelle fois réduite à la vierge évaporée et asexuée.

Quelle caricature de nos repères, quelle vision éculée, paternaliste et pompeuse des « grands hommes », quelle ignorance crasse que celle de ceux qui se vautrent dans un phallocentrisme rance.
Que nos sociétés d’avant-guerre, déjà assez rétrogrades pour n’avoir pas donné le droit de vote aux femmes se soient contentées de cette mâle nécropole n’est pas étonnant ; mais sachons nous souvenir que Mitterrand crût à une plaisanterie quand une délégation de femmes lui suggéra de faire rentrer Olympe de Gouges au Panthéon…. Pas un de nos dirigeants n’a imaginé qu’il était peut être temps de rendre hommage puisque c’est la fonction de ce lieu à un certain nombre de femmes dont nous héritons, en vrac, Colette ou Rostopchine, Méricourt ou de Gouges, Sand ou Claudel, Anthonioz, Tillon, St Phalle et on imagine sans les y précipiter, que Aubrac et Weil pourraient y être honorées…. Et beaucoup d’autres.
L’Académie s’y est mise, alors cessons de continuer de saturer la montagne Ste Geneviève de nos valeureux couillus.
Les opérations Sarkozystes sont bien dans l’esprit racoleur et rance du personnage. Déjà Chanoine de Latran, il se voit dans la posture papale, avec le privilège de la canonisation. Il s’est essayé aux distributions de légions d’honneur, façon Corleone, il veut maintenant sanctifier à tour de bras après avoir sans doute sondé les cœurs, afin de taper dans le consensus ; impuissant sans doute à déterminer, au regard de sa culture et de son parcours, lequel et encore moins laquelle pourrait reposer là haut sur la montagne.
Conseillé certainement par ses faiseurs d’image, il s’accroche à Camus, comme il a fait de Jaurès et Moquet des outils de ratissage, machines à ratisser des gogos, qui ne veulent pas voir la dérive infâme d’un régime amoral, veule, dont le pouvoir est concentré dans les mains d’un mégalomane dont l’essentiel de la politique est de rassurer le fond de xénophobie lepéniste, de se comporter en représentant de l’industrie de l’armement, du bâtiment et du nucléaire….dont les propriétaires, détiennent les principaux organes de presse.

Quoi qu’il en soit, beaucoup se retrouvent piégés, par cette proposition admirant à juste titre Camus et considèrent l’Institution Panthéonne comme légitime, alors que le sexisme éculé de ce dortoir perpétuel invalide l’engin.

Par ailleurs, quel est ce consensus large d’une « République des Lettres » à la française, qui privilégie les pondérés au détriment des créateurs inspirés ? Quelle est cette institution culturelle du non-dit, qui encense Camus pour la façade, et lit Proust pour l’art ? Si l’on considère le point de vue littéraire, Céline et Proust et Colette ou Simon ( autre prix Nobel, ancien des brigades internationales !) sont largement aussi puissants que Camus !!
Il y a bien là l’aveu de la primauté de l’idée sur l’art….cette dissociation du fond et de la forme, débat à la française, qui privilégie toujours le fond, sans avoir jamais compris comment les formes exprimaient des pensées variées….mais sans doute plus subtiles et plus sensibles.
Dictature sourde de la scholastique, résidus non-dits de la Sorbonne médiévale… mais le Panthéon n’en est pas loin.
Pour commencer la réorganisation, il faudrait d’abord sans doute y mettre Villon, Rabelais et Marie de France ….
Sinon, pour en revenir aux choix actuels, si l’on veut un héros Politique, on en trouvera des dizaines entre 39 et 62  et par exemple de vrais poètes comme Char!!! Si on souhaite de la philo, on trouvera une classe entière de glorieux défunts, de Bergson à Merleau-Ponty quant à Lévi-Strauss peut-être pensait-on qu’il y était déjà !!!

28 novembre 2009
Elia Sikander

Dès 1400, Christine de Pisan, constate amèrement les préjugés phallocratiques, et vise à établir une "cité des dames", pour protéger la mémoire des femmesayant contribué à l'héritage collectif; elle défend également l'instruction-dont elle avait brillamment profité.

Dès 1400, Christine de Pisan, constate amèrement les préjugés phallocratiques, et vise à établir une « cité des dames », pour protéger la mémoire des femmes ayant contribué à l’héritage collectif; elle défend également l’instruction-dont elle avait brillamment profité.

15 Christine de Pizan , Various works 78 Woman reading

Christine de Pisan fut une des premières conseillère en  » Sciences Politique », avant Machiavel, comme conseillère du Prince ( Charles VI- qu’elle eût aimé être aussi avisé et éclairé que son père Charles V)

15 Christine de Pizan , Various works 81 Christine de Pizan

A sa manière,Christine de Pisan honorera Jeanne d’Arc, mais non comme l’icône rancie et franchouillarde bien sûr, mais comme la preuve évidente de la participation des femmes à l’histoire.Christine de Pisan avait avant l’apparition de j.D’Arc dans la vie publique, écrit un traité de chevalerie.

15 Christine de Pizan , Various works

Il est vraisemblable, qu’avant l’imprimerie, de nombreuses femmes, laïques et/ou moniales ou béguines, écrivaient, illustraient et  collectionnaient des livres et textes. Christine de Pisan saura préserver la collection de son père et l’enrichir de ses propres textes ainsi que de nombreux manuscrits; sa bibliothèque , laïque préfigure d’une certaine façon, le studilolo de Frederic de Montefeltre, à Urbino…..Mais ceci aussi, l’histoire l’oublie.

Annexe à « Panthéonne »

37.146Napoléon III par Cabanel……Modèle de Ratapoil…
Cabanel, le chantre du pouvoir dominant au19ème, autour de L.N.III ; archétype du mâle dominant, qui se perpétue jusqu'à nos jours est l'un des illustrateurs des fresques du Panthéon.

Cabanel, le chantre du pouvoir dominant au19ème, autour de L.N.III ; archétype du mâle dominant, qui se perpétue jusqu’à nos jours est l’un des illustrateurs des fresques du Panthéon.

Voici la liste (Sophie Berthelot en est même effacée) des pensionnaires de la montagne Ste Geneviève.

Le petit jeu consistera à surligner ceux que vous connaissez !!!

Ensuite imaginez la place dégagée, une fois un bon tri effectué.

Remplacez par vos préférés.

1791 : Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau·Voltaire· 1793 : Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau·Auguste Marie Henri Picot de Dampierre· 1794 : Jean-Jacques Rousseau·Jean-Paul Marat· 1806 : François-Denis Tronchet·Claude-Louis Petiet· 1807 : Jean-Baptiste-Pierre Bevière·Louis-Joseph-Charles-Amable d’Albert de Luynes·Jean-Étienne-Marie Portalis·Louis-Pierre-Pantaléon Resnier· 1808 : Antoine-César de Choiseul-Praslin·Jean-Frédéric Perregaux·Jean-Pierre Firmin Malher·Pierre Jean Georges Cabanis·François Barthélemy Beguinot· 1809 : Girolamo-Luigi Durazzo·Jean-Baptiste Papin·Joseph-Marie Vien·Pierre Garnier de Laboissière·Justin Bonaventure Morard de Galles·Jean-Pierre Sers·Emmanuel Crétet· 1810 : Louis Charles Vincent Le Blond de Saint-

"LA" femme vue par le même Cabanel, ne risqu'ait pas d'entrer au Pänthéon....Ellene porte pas de cravate, ni de barbiche...ni de frac

« LA » femme vue par le même Cabanel, ne risquait pas d’entrer au Pänthéon….Elle ne porte pas de cravate, ni de barbiche…ni de frac

Hilaire·Jean Lannes·Giovanni Battista Caprara·Charles Pierre Claret de Fleurieu·Jean-Baptiste Treilhard· 1811 : Nicolas Marie Songis des Courbons·Charles Erskine de Kellie·Alexandre-Antoine Hureau de Sénarmont·Michel Ordener·Louis Antoine de Bougainville·Ippolito-Antonio Vincenti-Mareri· 1812 : Jean-Guillaume de Winter·Jean Marie Pierre Dorsenne·Auguste Jean-Gabriel de Caulaincourt· 1813 : Joseph-Louis Lagrange·Jean-Ignace Jacqueminot·Hyacinthe-Hughes Timoléon de Cossé-Brissac·Justin de Viry·Jean Rousseau·Frédéric Henri Walther·

Meissonier, autre thurifiraire des ganaches coloniaux et autres soudards galonnés, présente ici une belle brochette de la fine fleur de la "Nation"...Une bonne partie doit figurer dans la liste des défunts panthéonisés.

Meissonier, autre thurifiraire des ganaches coloniaux et autres soudards galonnés, présente ici une belle brochette de la fine fleur de la « Nation »…Une bonne partie doit figurer dans la liste des défunts panthéonisés.

1814 : Jean-Nicolas Démeunier·Jean Louis Ébenezel Reynier·Claude Ambroise Régnier· 1815 : Claude Juste Alexandre Legrand·Antoine-Jean-Marie Thenevard· 1829 : Jacques-Germain Soufflot· 1885 : Victor Hugo· 1889 : Théophile Malo Corret de La Tour d’Auvergne·Lazare Nicolas Marguerite Carnot·Jean-Baptiste Baudin·François Séverin Marceau· 1894 : Sadi Carnot· 1907 : Marcellin Berthelot· 1908 : Émile Zola· 1920 : Léon Gambetta· 1924 : Jean Jaurès· 1933 : Paul Painlevé· 1948 : Paul LangevinJean Perrin· 1949 : Félix ÉbouéVictor Schoelcher· 1952 : Louis Braille· 1964 : Jean Moulin· 1987 : René Cassin· 1988 : Jean Monnet· 1989 : Henri Grégoire·Gaspard Monge·Nicolas de Condorcet· 1995 : Marie Curie·Pierre Curie· 1996 : André Malraux· 2002 : Alexandre Dumas

A propos Olivier Jullien

Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
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