Panorama / Galerie de la conférence effectuée à l’Université du Temps Libre d’ Evry, en 2017.
- 1) Ancienneté et diversité.
Longtemps simplement ramassées comme curiosités et maltraitées, de nombreuses oeuvres commencent seulement à émerger. Quasiment absentes de toutes les histoires de l’art et de toutes les revues sur la préhistoire, des milliers de productions du continent Afrique, sont à découvrir, penser et présenter. Les regards coloniaux et post coloniaux contribuent aux oeillères et aux stéréotypes. (Le musée du quai Branly, n’échappe pas à ce regard dramatisant, avec ses vitrines et ses lumières..de présenter les sculptures africaines comme sombres et inquiétantes..).
La plupart des sommes sur les arts préhistoriques ne font jamais mention des peintures du Tassili, ni de Somalie, ni du Drakensberg…qui pourtant sont d’une importance capitale.
De façon générale, les périodes dites « bovidiennes » du « mésolithique » sont shuntées, dans la plupart des textes, mêmes récents, on passe toujours des « chasseurs cueilleurs » ( paléolithique) aux agriculteurs/éleveurs ( néolithique)..négligeant les millénaires de domestication lente et d’apprivoisement du vivant.
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Peintures du mésolithique. Témopignages d’une vie intense ; humains et animaux en compagnie avant la désertification. La richesse artistique de ces lieux est encore à découvrir.
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Pas assez reconnues comme chefs d’oeuvre de l’art pariétal ; des millénaires nous séparent de ces extraordinaires peintures naturalistes. Accompagnement des bovins, période bovidienne.
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Anta Diop, da,s les années 60 attira le regard sur l’évidence de tradition sodanaises et de porosité entre le nord et le sud de l’Egypte. les rois et les reines Nubiens de Méroé. Trop souvent oubliés de l’histoire égyptienne.
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La culture Nok, découverte récemment et encore méconnue. Une vision du monde et de l’humanité spécifique et très sensible. Des terres cuites de remarquable finesse.
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La stylisation incroyable de ces figures est comparable aux figures des cyclades. l’européocentrisme a souvent empêché cde regarder vraiment la beauté de ces statues.
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Les statues Djenné, rares et expressionistes témoignent d’une invenrion et d’une maôtrise exceptionnelle et sans comparaison avec aucune autre culture contemporaine.
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Souvent pillées, ces bronzes, témoignent non seulement de la haute technologie, mais d’une regard mimétique très abouti sur les figures humaines.
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Le grand Roi Kanga Moussa. Converti à l’Islam, qui sema des centaines de mosquées au cours de son périple jusqu’à la meecque. Ici représenté dans toute sa puissance dans l’ Atlas Catalan, du 14e siècle.
2) Inventions des figures et masques
Indépendemment des rituels, l’invention autour des signes du visage humain, traversé par des forces est exceptionnelle. La grande spécificité de ces cultures est de ne pas avoir un modèle divin humanoïde, anthropomorphe. Ainsi, l’humanité n’est pas une projection du divin. la figure humaine, ne renvoie pas à l’image du dieu. La face et la silhouette humaine n’est pas un sanctuaire, n’est pas sacrée dans son apparence. De plus, appartenant à la diversité des éléments de la création, elle peut être traversée, modifiée, hybridée avec toutes ces puissances…et donc déformée.
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Epure absolue. Visage comme face, forme fermée et surface. Signes et connotations. Hybridations humains/cornes. principe de série.
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extension du principe du visage. Puissance et sidération. Géométries spirituelles.
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Faces concaves et disproportions expressionnistes. Mystère et regards intérieurs.
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Même principe de relief en creux, comme des visages ensommeillés.
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Blancheur fascinante et coiffures domptées. Appartitions.
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Grandes orbites creuses et coiffures foisonnantes, Fronts bombés et luisants. Puissance.
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Dents serrées et rictus ; fronts soucieux. Coiffes hirsutes.
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Une certaine sagesse se dégage des pilosités de raffia.
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Excroissances et déformations radicales. Le principe des signes, rend l’identification au visage encore possible, à la limite.
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Visages comme traversés, transpercés par leurs démons intérieurs. Ou leur animaux totems. Comme une rage assumée.
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Un allongement assez serein et des croisements animaux pacifiques.
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Masques cimiers..Atteindre des sommets.
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Chefs et couvre-chefs comme des blasons, des écus, des étendards.
3) visages et corps
Corps animaux, corps à corps, couples…
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fragments de costumes. Diversité sans limites des moyens et matériaux. Registre animal.
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Comme le visage, le corps dans sa totalité est traversé, augmenté par des forces diverses.
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les costumes génèrent des postures, des chorégraphies spécifiques, autour de rituels codés.
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Pratiques collectives et sociales. Il n’y a pas de scène ; ce n’est pas le spectacle.
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Avec une stylisation épurée, on retrouve exactement toutes les postures des statues couples égyptiennes.
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Y a t’il de l’humour dans toutes ces versions du couple..
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maternités, urnes funéraires, thème fréquent du Janus Bifrons..Des mythes communs au monde méditerranéen.
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le registre des fomes animales est prodigieux. Ici, n se dégage d’un naturalisme, vers une appropriation délibérée des caractères spécifiques, qui sont augmentés.
4) habits habitats
5) des regards occidentaux non condescendants, sur des arts dits primitifs
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Pierre Loti et Paul Gauguin ( exacts contemporains), découvrent des cultures autres pour s’y fondre ; essayant de les comprendre de l’intérieur et non plus avec un regard condescendant. leur intention est aussi de ranimer un art occidental moribond et académique.
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Quelques années à peine séparent le jeune Picasso de Gauguin. Voir autrement ; changer de point de vue sur les corps, la nature
6) le choc des rencontres coloniales, du pire au meilleur
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Une multiplication impressionante d’expositions coloniales voyeuristes et condescendantes, conduisent paradoxalement, certains esprits curieux à découvrir la puissance de certains arts dit primitifs.
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Se libérer des carcans classiques et chrétiens, tous héritiers d’une vision commune des dieux/humains, est un enjeu artistique et sociétal. Dans le même temps, une idéolgie dominante perpétue une vision raciste piteuse des cultures africaines.
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Le bouleversement est radical. La plupart des artistes audacieux, trouvent dans ces nouvelles formes, des clefs libératrices.
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Au delà des bouleversements formels, la dimension métaphysique des mythes, de l’imaginaire, du rapport à la nature n’échappe pas aux surréalistes.
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Ces artistes occidentaux par leurs oeuvres, changent le regard sur les oeuvres traditionnelles.
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Des penseurs issus du continent africain, des USA en Europe, pensent et réfléchissent aux spécificités des cultures africaines, rarement soutenus par leurs collègues occidentaux. Les enjeux politiques et coloniaux restent lourds. Le chemin est long vers une pleine reconnaissance par les élites intellectuelles. Les artistes plasticiens et musiciens sont plus ouverts.
7) les arts africains, libérateurs
Les idéologies dominantes au 19e siècle en Europe, furent sans doute les plus conservatrices et sexistes qu’il n’y eût jamais. Les figures de femmes, de peuples à coloniser, d’enfants à dompter et de classes dangereuses à opprimer hantent les nouvelles bourgeoisies. Religion, patriotisme, militarisme et culte de l’argent, culminent leurs tares dans le colonialisme. Les forces résistantes, devant l’échec apocalyptique de ce monde, sauront trouver dans les cultures méprisées, des antidotes puissants.
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Picasso, grand manipulateur de formes, traduit en peinture, la force franche des sculptures africaines qu’il a rencontrées. Il y voit de forces premières et essentielles, liées à la nature, la terre, les corps.
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Matisse sait voir dans la stylisation et l’épure, une dimension universellle de la figure humaine, au delà des genres, des types humains et des carcans culturels.
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Les femmes dadaistes et constructivistes sauront voir des forces libératrices dans des pratiques artistiques méprisées par les puissances machistes dominantes : Dieu le Père, Pape, Popes, Rabbins, Imams, Généraux, Patrons, Patriarches, Patriotes..comme un pied de nez délibéré aux esprits normatifs dominants.
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De très nombreuses femmes avant gardistes vont briser les hérarchies classiques entre arts décoratifs, design et art dit majeur. Il y a aussi un enjeu autour du vêtement féminin ; celui de sortir de millénaires de diktats sexistes.
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Paul Klee, par exemple, voit aussi dans les signes et les ébauches de formes, non pas des insuffisances, mais un potentiel poétique. Come des formes archaïques de langages universels.
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Les surréalistes vont plonger dans l’imaginaire et les visions, essayant de relier les figures humaines aux multiples puissances irrationnelles. magie, visions cosmiques, possessions.
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Brancusi, par exemple, sait nous conduire à une attitude de contemplation des formes parfaites, loin de l’imitation.
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La stylisation formelle permet aussi d’aborder de façon distancée, le couple, la sexualité.
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Au delà des regards formels sur les arts africains, d’une façon plus globale, c’est la fonction artistique qui est questionnée ; la dimension cathartique, sociétale assumée par de nouveaux artistes, qui s’imposent comme médiateurs. Ben et Beuys, par exemple, issus du courant Fluxus. cette manière de renouer vie et pratique artistique, sans filtres est directement issue des arts dits premiers.
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En se mettant aussi en scène, de nombreuses artistes femmes endossent comme une fonction sacrée et non religieuse, convoquant la vie, la mort, l’amour, la folie.
8) enfin la multiplication de créations contemporaines, revendiquant des origines du continent africain
Ci dessous un petit panorama de certaines figures des arts plastiques, issues du continent. De plus en plus, et naturellement, des artistes se détachent aussi de toute spécificité continentale, intégrant simplement la création contemporaine par delà toute essentialisme.
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Ousmane Sow réussit à imposer ses figures monumentales et telluriques au coeur de Paris. Obligeant enfin un public à se tourner vers la création issue du continent africain.
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La rage légitime de Basquiat, dans un New York codifié et fermé force les portes des galeries. le regard complice et fraternel de Warhol va aider Basquiat à devenir un repère essentiel de la créaton contemporaine. Basquiat fait une sorte de synthèse entre plusieurs pratiques picturales et les fait vivre au coeur des villes.
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Ironie délibérée et très savante des photos de Fosso. Croisements de genres, de cultures, de modes. Jeux sur costumes, coutumes, habits et habitats, motifs et signes.
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Chorégraphe et plasticien, Nick cave réinvente les costumes contraignants, pour des ballets et danses modernes. Frénésie et jeu. Anonymat .
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Pascale Marthine Tayou installe dans le monde entier ses oeuvres croisées emblèmes d’un monde ouvert, mêlé, dans lequel le continent africain est exprimé par la puissance des échanges, l’invention, la diversité, l’énergie.
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Le pétrole étant une des principales ressource pillée du continent africain, le jeu sur la dévaluation des figures ancestrales est critique et virtuose à la fois.
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Un artiste comme Ouattara Watts s’ipose comme remarquable plasticien, dégagé de contenus régionaux . Il n’y a pas forcément d’art « genré » ou « ethnique ».
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Relecture virtuose de l’art des tissus et motifs.
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Jeurs et malheurs des modernités coloniales et post coloniales. Lieux abandonnés.
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Petites vitrines amusées de la consommation.
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Exploration systématique des stéréotypes féminins sur les femmes d’Afrique. Quête d’identité devant des injonctions contardictoires.
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démarche assez proche, mais par d’autres moyens, autour de l’hybridation et des croisements de cultures.
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A propos Olivier Jullien
Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
arts africains, anciens, variés, vivants
Panorama / Galerie de la conférence effectuée à l’Université du Temps Libre d’ Evry, en 2017.
Longtemps simplement ramassées comme curiosités et maltraitées, de nombreuses oeuvres commencent seulement à émerger. Quasiment absentes de toutes les histoires de l’art et de toutes les revues sur la préhistoire, des milliers de productions du continent Afrique, sont à découvrir, penser et présenter. Les regards coloniaux et post coloniaux contribuent aux oeillères et aux stéréotypes. (Le musée du quai Branly, n’échappe pas à ce regard dramatisant, avec ses vitrines et ses lumières..de présenter les sculptures africaines comme sombres et inquiétantes..).
La plupart des sommes sur les arts préhistoriques ne font jamais mention des peintures du Tassili, ni de Somalie, ni du Drakensberg…qui pourtant sont d’une importance capitale.
De façon générale, les périodes dites « bovidiennes » du « mésolithique » sont shuntées, dans la plupart des textes, mêmes récents, on passe toujours des « chasseurs cueilleurs » ( paléolithique) aux agriculteurs/éleveurs ( néolithique)..négligeant les millénaires de domestication lente et d’apprivoisement du vivant.
2) Inventions des figures et masques
Indépendemment des rituels, l’invention autour des signes du visage humain, traversé par des forces est exceptionnelle. La grande spécificité de ces cultures est de ne pas avoir un modèle divin humanoïde, anthropomorphe. Ainsi, l’humanité n’est pas une projection du divin. la figure humaine, ne renvoie pas à l’image du dieu. La face et la silhouette humaine n’est pas un sanctuaire, n’est pas sacrée dans son apparence. De plus, appartenant à la diversité des éléments de la création, elle peut être traversée, modifiée, hybridée avec toutes ces puissances…et donc déformée.
3) visages et corps
Corps animaux, corps à corps, couples…
4) habits habitats
5) des regards occidentaux non condescendants, sur des arts dits primitifs
6) le choc des rencontres coloniales, du pire au meilleur
7) les arts africains, libérateurs
Les idéologies dominantes au 19e siècle en Europe, furent sans doute les plus conservatrices et sexistes qu’il n’y eût jamais. Les figures de femmes, de peuples à coloniser, d’enfants à dompter et de classes dangereuses à opprimer hantent les nouvelles bourgeoisies. Religion, patriotisme, militarisme et culte de l’argent, culminent leurs tares dans le colonialisme. Les forces résistantes, devant l’échec apocalyptique de ce monde, sauront trouver dans les cultures méprisées, des antidotes puissants.
8) enfin la multiplication de créations contemporaines, revendiquant des origines du continent africain
Ci dessous un petit panorama de certaines figures des arts plastiques, issues du continent. De plus en plus, et naturellement, des artistes se détachent aussi de toute spécificité continentale, intégrant simplement la création contemporaine par delà toute essentialisme.
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