J’ai abordé Matisse dans plusieurs articles, dont celui La Paix, chapitre 2- Le mythe de la pureté, Matisse, Malevitch, Mondrian , puis également dans celui consacré à la planéité en peinture : Galerie commentée ; bascule du sol, muralité et avatars du plan..
Matisse est un artiste dont l’oeuvre grandit de plus en plus avec le recul. Je propose ici quelques approches autour du thème récurrent du bocal de poissons rouges.
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Henri Matisse a réalisé plusieurs tableaux, dont le thème central est un bocal de possons rouges. Or, au dela de ce genre de nature morte, le choix, et de l’objet bocal, et du poisson rouge, comme de la disposition dans la pièce est certainement intentionnel et particulièrement pertinent. Dans cette version, le bocal est bien au centre, entre fenêtre ouverte et mur, entre un canapé et la Seine. Le tabouret ( selette) est comme un chevalet. Le bocal est cylindrique. Les poissons ont cette forme de fuseau. Leur couleur rouge contraste avec l’harmonie colorée de l’ensemble ; bleue. L’on apperçoit le signe en arc, du Pont, qui répond à la courbe de la tige de la plante en pot.
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le sujet identique mais plus cadré jouant sur les effets d’optiques de dédoublement. On comprend assez clairement ici, que le bocal est comme un contenant lumineux, à la fois paroi et fenêtre. Matisse montre ici l’élément aquatique comme porteur. La continuité formelle entre les poissons et les feuillages et un signe d’harmoni naturelle. Autre signal limpide, la forme cylindrique du bocal, à la fois cercle et rectangle, s’exprimant aussi par une ellipse dont la forme est proche de l’amande du poisson.. La lumière traverse donc les parois et baigne littéralement les formes rouges qui baignent donc dans l’eau et la lumière.
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Matisse, Henri (1869-1954): Artist and Goldfish (Goldfish and Palette). Paris, winter 1914. New York, Museum of Modern Art . Dans cette version, plus contrastée, Matisse met en évidence la luminosité cristalline du bocal. Il reste cependant sur une sellette, devant un fenêtre, à l’intérieur d’une pièce, entre ombre et lumière. Les courbes des poissons et de l’ellipse du bocal répondent aux rinceaux de la balustrade. Le sol semble avoir basculé à la verticale, sans perspective notable ni profondeur suggérée. Les formes des poissons sont épurée à l’extrème, comme fuseaux , amandes, feuilles de laurier.
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Une autre approche où un bleu très clair englobe toutes les formes, comme si elles baignaient dans cet surface lumineuse. Ici encore le mur et la fenêtre coexistent sans contrastes. La nature animale, végétale et humaine est rassemblée comme dans un microcosme apaisant et protecteur. La peinture devient grande, Matisse étend ses surfaces. la lég§reté s’exprime aussi par l’absence totale de modelés et d’ombres.
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Exactement les mêmes éléments de nature, comme protégés et préservés. Les mêmes ambiguïtés entretenues avec rigueur par Matisse, sur les fenêtres, murs, soms et parois. On peut noter que la statuette peinte ici comme rose chair, est une épure d’une statue de terre faite par Matisse lui-même. AInsi il applique à ses propres productions, ce traitement simplifié, sans ombres ni modelés. Nous allons voir par la suite, comment cette pratique délibérée correcpond à une finalité constamment recherchée.
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Pour résumer la démarche de H.M. Ces 2 oeuvres, sur le même thème. Quelques années les séparent seulement. On voit comment H?M. se détache d’un art mimétique pour opter clairement vers des solutions de « traduction » d’une même scène de genre. Il élimine systématiquement toute perspective, tout modelé et entretien délibérément la confusion des plans verticaux et horizontaux. Il entretient l’ambiguïté spatiale avec cette fenêtre/miroir/tableau. Il unifie les espaces par la couleur et les formes. On retrouve la forme de rinceau, sur l’arbre, les motifs décoratifs, la coiffure de la femme et les tiges de lilas et mimosa du vase. Effet d’apesanteur délibéré, contruit pour évoquer la légéreté du moment de preintemps ensolleillé. Matisse utilise aussi une couleur rouge, prouvant ainsi l’autonomie de la couleur, qui est lumière avant d’être code connoté. L’autre avancée cruciale de Matisse est l’atendue de sa peinture. Nous y reviendrons.
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Son maître Gustave Moreau lui aurait dit » Matisse, vous allez simplifier la einture ».. Les premières approches en ce sens de H. M, furent sur le fractionnement de la touche et l’usage de couleurs pures. Utilisant les valeurs spatiales des couleurs, il réussit à suggérer des volumes et des présences fortes, par des juxtapositions de tons subtils, comme les délicates varaitaions de vert et rouge sur le visage de Mme Matisse.
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radicalisant le principe impressioniste du fractionnement de la touche et de l’usage des couleurs pures, Matisse devient peintre « fauviste ». Il résulte de ses compositions une fusion littérale des corps dans l’espace. ici 2 femmes lisant, comme hors du monde, suspendues et comme perdant toute gravité, au sens de pesanteur et de rapport au réel. L’air semble circuler par les réserves blanches, non peintes. Matisse affirme un art du repos, de la lumière et d’une certaine grâce de l’instant.
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Les titres de ces 2 oeuvres sont éclairants à ce propos. Evocation d’une sorte d’ Eden et d’ Arcadie. Hors du temps et des soucis, du monde construit, dans des états de nature harmonieux et idéaux. Les corps pouvant se fondre dans un rapport océanique au paysage.
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Ces 2 versions successives du « luxe », éclairent bien la quête de Matisse, vers l’éte,due et l’épure. Simplifier les formes et les adapter en douceur au format, quitte à déformer légèrement les anatomies. Admirant Ingres en celà. AUtre aspect, c’est l’élimonation méticuleuse de tous les dégradés comme signes du relief et de la profondeur, au bénéfice de grans aplats de couleurs soigneusement sélectionnées. Le sujet est encore marqué par la quête d’harmonie de l’humanité dans une nature bienveillante. Matisse étend aussi la surface de ses toiles, qui deviennent très grande, afin de proposer un espace réel et non plus virtuel. Une surface de lumières.
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Comme la plupart de ses contemporains en quête de moyens d’expressions à même de traduire des dimensions spirituelles, Matisse voit dans les masques africains, des modèles d’épure et d’universalité par leur usage de signes au lieu d’imitations. Il reprend ces modèles dans ce portrait de Mme Matisse.
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Matisse fait quelques détours du côté du cubisme, intéressé par l’épure formelle et la mise à plat des volumes et espaces. La force première des figures ainsi que l’universalisme éloigné de toute anecdote et narration , sont des notions qui lui parlent. Matisse et Picasso vont dialoguer pendant des décennies, comme en se répartissant la recherche..du côté des couleurs et des formes synthétiques pour Matisse, du côté des volumes et de la déconstruction chez Picasso.
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Si nous reprenons ces 2 oeuvres, quasiment contemporaines, nous voyons la question de la fenêtre comme essentieles. Au delà de ce souci thématique et formel du rectangle dans le rectangle, il y a la tension entre le proche et le lointein, l’ici et l’ailleurs, la surface ( le mur) et la profondeur… Une tension que Matisse essaie systématiquement d’amoindrir . Il présente au contraire une certaine sérénité à percevoir la présence d’un ailleurs lumineux, dans des espaces clos et plans et intimes.
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Ce principe de l’image dans l’image se retrouve décliné avec virtuosité dans l’ Atlelier Rouge. Cette fois ci, pas une seule fenêtre réelle. Toute réalité est suspendu et déréalisée : les meubles sont tous réduits à l’état de silhouettes, voir de traces, de souvenirs, perdant leurs volumes, leurs pieds, leurs ombres, leur tridimensionamité. Ne semblent subsisiter que les oeuvres d’art, comme si l’ Atelier était une réaité plus forte, qui s’impose par sa lumière baignant tout, reliant tout, comme dans la desserte rouge. Etat d’apesanteur que celui du peinytre dans son monde, hors du réel, recréant sa propre nature. Détail notable, la comtoise sans aigulles, qui semble indiquer que le temps est suspendu, comme toute pesanteur. Hors du temps et de l’espace. Etat de grâce, dans une lumière chaude et intra-utérine.
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La Nature morte aux aubergines, propose une variation d’une très grande richesse sur les formes et les couleurs, ainsi que sur le jeu de mise en abyme des rectangles et des cadres, paravents, miroirs, portes, fenêtres, peintures. La mise à plat du sol, comme dans l’atelier rouge se fait bien sûr au bénéfice des grandes étendues de surfaces. Matisse établit aussi un lien fort avec la tradition décorative des textiles, nappes, tapisseries et vêtements ; autant de surfaces colorées épousant des volumes plus ou moins identifiés. L’absence résolue de tension est en fait la finalité que Matisse assigne à son art. L’apaisement. Il dira souvent que sa peinture se devait d’être pour l’oeil et l’esprit, comme un fauteuil pour un corps fatigué.
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Ces 2 études montrent assez comment pour Matisse, ses grands tableaux ne sont pas des constructions hasardeuses. Le principe le guidant est donc affiché, il s’agit de soulager les tensions, comme le fauteuil. Arm-chair – la chaise à bras) qui porte, soulage, apaise et lutte contre le principe de lourdeur, de pesanteur, de rapport brut au sol, au volume. La présence sur terre, comme dramatique est ancienne et date de la peinture de Masaccio ; Adam et Eve, au moment où ils sont chassés du Paradis, découvrent, le temps, la souffrance, le travail, la chair et la pesanteur..signifiée par leur ombre portée au sol.
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Bien que très soucieux de la 1ere guerre mondiale ( trop âgé pour la faire). Matisse se tient à son projet de n’exéciter que des oeuvres sans tensions. Ici, une lég_re mélancolie exprimée par les gris colorés et une certaine solitude. De grandes lignes structurant des espaces ouverts. Figures flottant, comme des rideaux. Tissu/mur et fenêtre à la fois.
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La commande de Chtchoukine pour la Danse, est un echo parfait à ses préoccupations. La danse, comme la musique étant des pratiques cathartiques, tendant à s’élever du sol et à conjurer la condition humaine du labeur et de la pesanteur. Motif de la ronde déjà présent dans sa peinture La joie de vicre, il la reprend, en dissociant progressivement une grande figure debout à gauche. Proche aussi de sa 2eme version du Luxe, par les déformations légères de l’anatomie et l’espace traduit par des grandes zones colorées.
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La version définitive. Matise opte pour 3 couleurs légèrement nuancées et très profondes, obtenues par des couches transparentes, lumineuses et sourdes à la fois. Le rouge comme couleur universelle, répond aux formes épurées des corps, dont les muscles et membres sont traduits par des formes en fuseau. La figure de gauche, verticale, semble s’appuyer sur l’angle de la toile et entraîner la ronde frénétique qui basculant à droite, transforme l’énergie de sa chute en mouvement dynamique. Nous verrons un peu plus loin l’enjeu de ces dissociations.Les couleurs évoquent aussi bien sûr la profondeur lumineuse des vitraux de cathédrales.Nous remarquerons aussi que les corps ne sont pas très genrés.
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Avec la 2eme partie de ce dyptyque, Matisse nous renseigne sur son approche des arts cathartiques, qui selon Pythagore et les traditions, nous soulagent et nous lavent de nos scories et souillures matérielles. Mais il dissocie nettement, pour les harmoniser, les pratiques Apolliniennes et les pratiques Dyonisiaques. Ici, Matisse utilise le même arrangement coloré et la même disposition de figures. A droite et deboutr l’instrument à corde, apollinien, à gauche, tassés, soufflant et chantant, des crops, près du sol, produisant comme Dyonisos des sons venant du corps et du souffle.. Selon le mythe de Apollon et Marsyas, Apollon ùéprise ( comme Athéna) les instruments à vent de Pan le satyre, dont Marsyas, satyre aussi use, jusqu’à l’écorcher vif et doter Mydas d’oreilles d’âne pour avoir donné l’avantage à Marsyas. Mais ici, ces 2 pratiques sont réunies et se complètent.
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On voit très bien comment Matisse organise l’espace ( selon la section d’or d’ailleurs); à droite les figures élégantes et distanciées d’un art gracieux et élancé, et à gauche l’énergie tellurique des danses de transe et des sons premiers. Mais ici pas de lutte ( du luth et de la flûte), mais ua conytraire résorbtion des tensions et complémentarité. l’objet de Matisse est d’aténuer les oppositions et les oSon art est celui de la synthèse absolue.
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Il établit aussi la fusion de l’art et du réel, intégrant ses projets de La Danse ( Chtchoukine) à ses intérieurs familers. Signifiés d’ailleurs, par un fauteuil et une sellette. Cette sellette, qui permet aux plantes en pots de se fondre elles aussi dans les peintures.
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Matisse avait dit clairement dans ses propos sur l’art, qu’il souhaitait peindre comme si le soleil était derrière la toile. AInsi les grands aplats de couleurs pures, semblent filtrer uen lumière d’origine, ne prosuisant donc pas d’ombres portées. On comprend bien derrière cette sentance de H. Matisse, comment la toile est une fenêtre/écran de lumière.
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Cette lumière chaleureuse et diffuse innonde les espaces intérieurs, comme on le voit dans les dizaines de fenêtres qu’il peint. Dans ses propos, il explique qu’il peint encore, comme si il était au coeur devant un motif, mais DANS l’espace qu’il peint.
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Ainsi, l’idée est que l’artiste est au coeur d’un espace baigné de lumière diffuse, filtrée par un écran, qui peut être aussi celui des rideaux et encore des persiennes. C’est pour Matisse, le bonheur d’être à la fois à l’intérieur d’un espace, protégé et intime, mais baigné par une lumière naturelle, venant de l’extérieur. Les nombreux intérieurs aux fenêtres à la niçoise, sont emblématiques de cete harmonie recherchée.
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Son ami d’atelier, élève comme lui de Gustave Moreau, Albert MArquet, explore souvent à sa manière le thème classique de la fenêtre, mais plus souvent béante sur les lointains marins. Matisse privilégie les intérieurs protecteurs.
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Dans ces 2 oeuvres, nous retrouvons un coin d’atelier ou à chaque fois, Matisse propose les différents aspects du réel. l’intérieur à gauche, rassurant et apaisant. l’angle de la pièce séparant les fauteuils et canapés, ou encore chevalets et peinture, de la droite, lien avec le monde extérieur, de la fen^tre et aussi du regard de l’artiste, qui comme vide, ici, se fait le simple vecteur de la transfromation vers l’épure..
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Ainsi, si nous revenons à cette peinture inaugurale, au regard des propos avancés précédemment, nous comprenons en quoi cette euvre est comme un manifeste. A la fois intérieur et extérieur, mur et fenêtre, protecteur et ouvert, cercle et rectangle, le bocal est un paradigme absolu de l’espace cathartique, ou l’on flotte, en apesanteur, hors du temps. Matisse le situe exactement d’ailleurs à la jonction de la fenêtre et du mur, reliant l’eau de la Seine à la tranquilité de l’appartement. Puis encore, il y a la forme en fuseau du posson, qui , rouge, comme l’atelier, la desserte et les danseurs et musicicens, est la frome universelle, à la fois poisson, muscle, feuille, plume, feuille et flamme..Autant de formes premières et légères.
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Avec l’éclairage des notions précédentes, nous comprenons comment l’aquarium et les poissons rouges, sont comme des métaphores de la paix et de la sérénité pour Henri Matisse, jusqu’à la forme universelle en fuseau des poissons. l’eau qui porte, efface toute pesanteur et obscurité ; l’être vivant se trouve au coeur de l’espace protecteur et lumineux, fenêtre et mur à la fois. La forme en amande est aussi une synthèse de la courbe et de la droite, puisqu’elle est directionelle. Pour Matisse, il semble encore qu’un atelier lunimeux, une chambre en été, un salon donnant sur la Seine, soient autant de lieux de prédilection, apaisant sans être coupés du monde et de sa réalité. matisse cherche cet équilibre.
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Si on regarde les sculptures, toute la matière et la pesanteur qu’il aurait oté de ses peintures.ures de Matisse, elle sont toutes, sans exceptions, massives, accidentées, modelées et/ou martelées . Elles présentent un aspect tellurique et charnel appuyé.
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Ainsi le travail cathartique de Matisse se dévoile nettement. Il opère comme un nettoyage de toutes les impuretés du monde visible : modelés, matières, pesanteur, chair au bénéfice des formes continues et nettes, des surfaces sans modelés, des espaces sans profondeur. Une sorte de lavage, de tamisage, de filtrage ; et de toute cette lie, ces impuretés, il modèle des figures massives et souvent tourmentées, même au repos ou ses silhouettes semblent se tordre et non se laisser aller.
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Cette série de nus de dos montre aussi comment Matisse essaie de façon constante et subtile d’allégzer ces corps massifs, par une stylisation des formes et la fusion dans une surface de bas-relief.
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Le cas de Rodin est presque inversé…Ses peintures sont toutes en fluidoté et surfaces ; comme des qualités de peaux et d’humeurs ; sans reliefs, mais cette séparation, cette dissociation de la même nature que celle de Matisse se fait pour privilégier les masses, les modelés, les ombres, la présence physique et souvent tourmentée de ses corps en tension.
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Matisse a clairement pensé l’étendue des surfaces, comme une question, non de quantité, mais de qualité;.On lui prête cette phrase : » 2m2 de bleu, sont plus bleu que 2cm2 du même bleu ». L’érendue de la couleur, permet d’apprécier sa qualité de lumière et donc de spatialité. Elle devient une réalité et la couleur n’est plus une tonalité connotée sur un tableau/fenêtre, mais une réalité physique sur une surface/mur, tangible. Ainsi son intérêt pour les grandes surfaces, le conduit naturellement aux peintures murales, notamment avec la commande de Barnes, le philanthrope américain. Ici, il s’impose la même recherche de forme épuréer, de ligne et d’arabesque que dans sa recherche de couleurs.
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La grande quantité de compositions recherchées par H.M se justifie, d’une part par son exigence d’épure et de choix de la moindre inflexion des lignes, mais aussi par le changement de programme de la peinture, en raison d’erreurs de calculs de la forme des arcades. On voit ici surtout les recherches d’harmonies colorées.
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Matisse va travailler des années à ce projet. l’une de ses préoccupations étant que les corps visibles, aient une dimension monumentale, voire sculpturale ; suggérant que s’ils se déployaient entièrement, ils dépasseraient largement l’espace assigné. Manière de concilier la uissance de ces silhouettes, à la fois massives et dynamiques, larges mais légères, car sans volume souligné par des modelés.
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Les 2 versions achevées. Si les compositions sont totalement différentes, les couleurs sont restées les mêmes. Les grands rythmes rectilignes du fond, sont comme une scansion rythmique et les arabesques des figures, une mélodie. On remarque, qe ces figures n’ont ni mains ni pieds, comme si elles devaient se détacher d’une emprise sur le réel, transformées en formes mouvantes, plus ou moins toniques ; tantôt chutant, tantôt bondissant..Comme dans la Dans Chtchoukine.
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Un autre souci de Matisse, bien explicité, était que ses peintures aient une dimension architecturale, d’où les proportions massives des corps. Tradition pensée déjà par Michel ANge, qui comprit que des corps graciles, ne sauraient s’imposer dans une architecture. Matisse remplace de surcroît, la masse et le volume par de latges surfaces. Il découvre aussi avec cette installation « in situ », l’intérêt de l’occupation d’un espace tridiemensionnel.
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C’esy avec une grande cohérence, qu’il accepte la proposition de son ansien modèle, devenue religieuse, de décorer et concevoir une chapelle, bien que athée ( ce qui lui valut une plaisanterie de Picasso).Un espace de méfitation, hors du monde, baigné de lumière et apaisant.
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La guerre 39-45 ayant touché et atteint ses proches ( sa fille fut arrêtée et torturée par la Gestapo)..Matisse poursuit, envers et contre tout son objectif cathartique, donnat à son art une finamité clairement explicitée, celle de reposer l’esprit. Evacuer les tensions, la gravité, la pesanteur. Que la peinture et la lumière lavent le regard de toute préoccupation. Il trouve aussi dans ce projet, l’occasion de réaliser enfin des vitraux ; la synthèse parfaite de la muralité et de lat= transparence . Son souhait de peindre « comme si le lsoleil était derrière la toile »,devient réalité avec la technique du vitrail. AUtre voeu, ainsi devenant réalité, être au milieu de son oeuvre. Matisse, comme tout spectateur se trouve au coeur d’une oeuvre et non plus « devant ». Initiée par Claude Monet avec les Nymphéas ( seulement 20 ans plus tôt), ce concept d’immersion est maintenant répandu.
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Ce sui restera de l’ordre du dessin, sur les murs, sera exécuté comme inachevé ; des traits non fermés, des figures ouvertes, ne séparant pas ainsi les figures du « fond », afin de ne pas les rendre pesantes et finies. Comme des traces, des sugnes, entre l’écriture et la figure.
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Par contre, il retouve la forme universelle du fuseau, à la fois, feuille, plume, poisson, oiseau, flamme, bouche, oeil…épure absolue, qui rapelle bien sûr les formes du sculpteur Brancusi, son contemporain. Couleurs primaires et formes premières.
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Il conçoit même les chasubles des officiants, qui se trouvent alors acteurs d’une performance artistique…devenant comme des poissons rouges dans leur bocal..monde à part, espace protégé, lumineux..
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Un autre registre de formes exploré par Matisse, les formes plylobées, évoquant, mains, algues, feuilles de chêne.la connotation marine de l’algue, évoquant bien sûr l’élément purifiant de l’eau.
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Matisse atteint d’arthrose, ne peut plus peindre et opte pour le découpage de formes dans de grands papiers peints. Il décrit cette action comme une taille directe dans la couleur, comme une sculpture. La couleur devient matériau, sculpture plane produisant des centaines de pièces à partir desquelles composer des figures et silhouettes lumineuses et légères.
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La célèbre série des grands nus Bleus est issue de cette nouvelle période de création. le bleu est une couleur qui ne connote aucune animalité, mammifère terrestre et semble ainsi dématérialiser les corps. Ce bleu opère comme une transubstantiation. Le bleu évoque cependant les éléments porteurs comme les cieux ou les océans. Matisse laisse aussi circuler l’air, pas les réserves blanches qui sinuent entre les membres épurés de corps, qui bien qu’assis et au repos, ne semblent pas peser.
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Si l’on rapproche les 4nus bleus des 4 silhouettes sculptées, nous avons comme un raccourci de la démarche de matisse, qui est d’alléger les corps, de leur faire quitter leur destin de chairs pesantes et souffrantes pour aller vers une sérénité océanique.
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Le passage de ces nus bleus aux figures déconstruites et bondissantes de la piscine est logique. Une piscine est au corps ce que la chapelle est pour l’esprit. Un lieu ou le corps est en apesanteur, séparé du monde, protecteur et purifiant. Une nouvelle fois, Matisse trouve une occasion d’expérimenter un environnement architectural avec le principe d’une immersion totale. On retrouve biensûr la fascination pour le bocal de possons rouges..enfin tangible pour un genre humain en quête de luxe, calme et volupté. Du début à la fin de son travail artistique, il démontre une grande cohérence dans sa quête et dans les moyens mis en oeuvre.
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Les derniers grands papiers découpés poursuivent avec évidence le chemin ouvert. La tristesse du roi évoque la dans et la musique, ainsi que les flammes en fuseau, les mains aux motifs d’algues..comme si le monde atait une recombinaison incessante d’éléments premiers et universels..Ce qu les sciences qui lui sont contemporaines valident bien sûr.
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Dans ces études on distingue les petites épingles qui servent à disposer progressivement les fragments colorés qui finissent par constituer des corps. Le cirque est comme nous le voyons avec Calder, un monde à part, lié à l’enfance et au défi conre la pesanteur.
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Matisse transpose aisément ses papiers découpés en lithographies, car les a-plats obtenus se prêtent particulièrement à cette technique et permettent des multiples. De même l’épure et la simplicité des formes, associées comme il le revendique aux couleurs adpatées, concourrent à un art aisément apréhensible et compatible avec le monde de l’affiche. Matisse, à la fin de sa vie, dans les années 50..sera d’ailleurs une des très grande référence des artistes du Pop Art.
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On voit ici le passage en douceur du papier collé à la lithographie.
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Un hommage très subtil rendu par Roy Lichtenstein aux poisons rouges de Matisse. Jouant sur les volumes et le plan, le graphisme et les couleurs pures. Synthèse de Matisse et Mondrian.
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Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
Henri MATISSE, les poissons rouges
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