Alexandra Exter est l’une des très nombreuses artistes russes qui se lancent, dès les années 1910 dans les explorations de l’art moderne et du cubisme. Avec une énergie et une liberté incroyable, elles s’emparent des nouveaux codes et expérimentent. La Révolution Russe des débuts, est une occasion rêvée de donner de nouvelles dimensions à leurs projets.
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Alexandra Exter, 1882-1949. Génération de Picasso. Elle termine sa vie en France. Oubliée des musées et galeries, elle sera illustratrice. Elle fut pourtant l’une des grandes pionnières de l’avant-garde Russe.
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Comme un grand nombre de jeunes artistes, elle se saisit immédiatement du nouveau langage cubiste. Voyant la, une manière de traiter le grand désir de modernité qui enflamme toute cette jeunesse russe, coincée dans l’univers archaïque du tasarisme. Elle approche cependant le monde de la couleur, écarté par Picasso et Braque dans leur période analytique.Ces peintures datent de 1910, à peine 3 ans après les « demoiselles d’Avignon ». On mesure bien la rapidité des échanges, et la capacité de compréhension de cette génération.
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Exter, franchit par contre rapidement le pas de la non-figuration, contemporaine de Kandinsky. L’autonomie des formes, des rythmes et des couleurs, peuvent suffire à proposer des combinaisons, des compositions dynamiques.
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Les formes géométriques, sont comme le signe de la moderité, du monde industriel et de l’éclatement de l’espace traditionnel. Les dégradés et sont le signe du volume et évoquent clairement la 3e dimension.
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la révolution russe est un moment enthousiasmant pour ces jeunes créateurs et créatrices, avides de modernité dans une Russie restée très conservatrice. L’idée d’unmonde nouveau et technophile est en accord avec l’esthétique radicale et géométrique, issue du cubisme. L’éclatement des espaces semble en accrod avec l’éclatement de la société. De même, l’idée d’inventer de nouveaux costumes et vêtements, surtout pour les femmes est un enjeu crucial, exprimant un changement de stéréotypes pour les genres. Expression de liberté et de dynamisme pour les femmes.
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L’une des idées de ces jeunes artistes, comme Alexadra Exter, ou ci dessus Lioubov POPOVAesr encore que cet art nouveau, peut être un art populaire et total, car ne reposant pas sur des acquis culrturels, mais sur des perceptions sensorielles : volumes, couleurs, rythmes..Elle se lance dans de grands décors pour des représentations politiques et technophiles. L’industrialisation était synonyme de modernité et de liberté.
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A. Exter est aussi l’auteur de cette très grande toile, de près de 7mètres ( à la galerie Trétiakov) sur 3m à peu près ( plus grande que l’enterrement à Ornans de Courbet). On y retrouve sa puissance de travail, sa préoccupation d’un art englobant le corps et constituant un véritable environnement. Cohérence dautant plus pertinente avec la pratique cubiste, qui inclut une dimesion temporalle par la fragmentation issue du déplacement des points de vue ; ce qui est cohérent avec une déambulation dans cette ville théâtrale qu’est Venise.
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De même nature et réalisé avant guerre, cette vue complexe de Dieppe témoigne de l’audace d’ Exter et de son sens de l’ espace ouvert, à la différence de la plupart des cubistes ; elle propose un déplacement complexe dans l’espace vaste ; ce que Picasso, Braque et Gris se reusent à explorer.
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Sa vision des villes, est aussi un signe de la modernité et de la fascination pour l’urbanisme tentaculaire des débuts du 20e siècle, que l’on etrouve chez Otto DIX.
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Plus que la déconstruction affollée de Otto Dix, Alexandra Exter évoque des villes grouillantes et colorées.
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Alexandra Exter, continue aussi ses compositions cubistes et démontre sa maîtrise du vocabulaire avant-gardiste.
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la virtuosité et la curiosité d’ Exter la portent vers des expériences décoratives et, elle poursuit son travail pour des décors de théâtre, des scénographies., se détachant assez facilement de la grammaire cubiste.
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Dans la Russie révolutionnaire, elle est l’une des femmes actives , participant à l’expression artistique de ce nouveau régime.
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Alexandra Exter sera l’une des créatrices les plus investies, dans ce premier film de Science Fiction, AELITA. Il y a bien une grande cohérence que d’associer science et futur, car la jeune URSS se conçoit, exactement comme une nation pionnière d’un futur, fondé sur les sciences. Ceci se prète aussi bien sûr aux formes de la modernité inaugurées par lecubisme.
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Les costumes et les décors sont conçus par A. Exter ; le cinéma permet totalement de réaliser la problématique cubiste, inaugurée par Cézanne en fait, à savoir d’être partie du décor. Il s’agit bien d’une interaction constante avec l’espace.
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Inspiré d’une nouvelle de Tolstoï, sentimentale, elle se déroule sur la planète Mars. Le cinéma est aussi un art populaire, qui met en scène, avec Aelita, mais dans la continuité des films d’ Eisenstein ( Octobre- le cuirassé Potemkine) la foule comme héros. L’histoire d’ Aelita est évidemment un conte allégorique sur l’exploitation.
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Depuis peu, le film complet est visible sur le lien suivant : https://www.dailymotion.com/video/x3xyipw. Il fait un parallèle entre les 2 planètes, sur un fond d’histoire sentimentale. Et l’opposition visuelle entre les 2 mondes est soulignée comme une tension, certes, mais la modernité ne résolvant pas tous les problèmes. Ce film reste doncbien révolutionnaire, dans la mesure où il ne promet pas de paradis sur terre, mais une sorte de vigilance permanente.
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La fiction permet une liberté totale se dégageant des ballets traditionnels, si emblématiques de la Russie, notamment au théâtre du le Bolchoï, temple de la tradition. Miberté des corps et des postures.
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La vision futuriste est aussi traduite dans les projets typographiques et architecturaux, comme ce monument à la nouvelle 3eInternationale communiste; Creuset du nouveau 20e sièvleà venir, dynamique, transparent, lisible, assecssible à tous, combiannt Babel, Pise et Eiffel. Lisibilité des structures, modernité des matériaux. Une esthétique significative.
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Mais Alexandra Exter est loin d’être la seule femme artiste de cette période bouillonnante. Ce n’est pas un hasard que de nombreuses jeunes femmes, se soient engouffrées dans la brèche créée dans l’art institutionnel et patriarcal, hérité du 19e siècle. Olga Rozanova, 1886-1918 est l’une des plus précoces et audacieuses artistes dece moment.Dès 1910 elle écrit un manifeste moderniste.
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Après un apprentissage très rapide et remarquable du cubisme, elle explore les papiers découpés colorés ( avant Matisse!!!) et les compositions pures? Démontrant un grans sesn de la composition et des couleurs.
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Elle témoigne d’une audace et d’une liberté extraordinaire. Liée aux courants constructivistes/futuristes. Ces artistes assimilent la théorie matérialiste-marxiste. En effet, il faut partir de la matérialité des composants plastiques ( surfaces-couleurs-matériaux) et aller vers le sens et non sumettre les moyens plastiques à des idées.
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Olga Rozanova, est aussi une grande graveuse et développe une estgétique proche des courants expressionistes inaugurés par Kandinsky.
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Dans cette série d’illustrations non figuratives et de jeux typographiques, on peut voir une proximité avec la prose du transsibérien, de sa compatriote Sonia Delaunay(Stern ( Ukrainienne).
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Emportée à 34ans par la diphtérie, elle laisse ces 2 étonnates peintures minimalistes, qui annoncent, avec presque 40 ans d’avance, les grans abstraits américains ( Newman & Rothko par exemple).
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Barbara Stepanova, encore une figure qui passe de l’avant garde pisturale à la Révolution politique, mettant au service de la propagande l’enthousiasme des premières années de la Révolution.
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De cette même génération, Lioubov Popova est une figure connue et créative. On repère la même évolution, du cubisme au supprématisme. Ces artistes transcriventnaturellement leurs recherches formelles et géométriques de composition à la typographie.
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Compositions non-figuratives, recherches d’équilibres et de matériaux. idée d’un art nouveau accessible par le peuple, car ne requérant pas de culture préalable, ni religieuse, ni littéraire, ni mythologique. Idée de partir de sensations premières. Approche phénoménologique des arts plastiques et de la perceptionj..40 ans avant Merleau-Ponty..
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Lioubov Popova dont nous avons vu les décors constructivistes, démontre aussi une claire compréhension du cubisme, qui devient comme un passage oblgé pour se libérer de la tradition « mimétique » héritée de siècles de peinture et d’art occidental.
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Nadejda Ouldatsova, saist très bien la logique du format ovale des cubistes, comme référence à la réalité de la perception oculaire ( la vision n’est pas « rectangulaire ». Elle démontre aussi la compréhension de la notion de « signes » capables de traduire une réalité et non de l’imiter. Signes des formes, des matières, des fonctions, des volumes…
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La richesse fromelle du cubisme permet aussi d’intégrer le temps et le mouvement, comme dans cette oeuvre et les suivantes. Le cubisme, comme un collage d’instants divers, somprenant des corps en action. Tout à fait en phase avec l’énergie nouvelle qui parcourt le début du siècle, de la guerre à la Révolution.
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Même préoccupation chez Natalia Gontcharova , notamment avec ce cycliste. Expression claire de la relativité. les artistes expriment avec évidence des réamités exprimées autrement par les scentifiques. L’usage des écritures et letres permet aussi d’indiquer le monde urbain, des affiches et enseignes.
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Les trains et les avions, grandes et belles machines, qui accélèrent les mouvements et le parcours de l’espace, rendant caduquye sa représentation par la perspective classique, dont le modèle est la fixité et la fenêtre. Un enthousiasme pour des sujets et des réalités nouvelles, conçues comme promesses de progrès, d’autant plus dans un cadre utopique de répartition des richesses.
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De très belles expériences non figuratives, mais qui continuent d’explorer le dynamisme, par des formes triangulaires – certains appèleront ceci le « rayonisme ». Une certaine idée de fusion dans le cosmos et l’azur traverse les théories de ces jeunes artistes enthousiastes devant un siècle ouvert et rayonnant.
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Il nous faut parler de Kasimir Malevitch, qui évolue, d’un certain art populaire au surréalisme, avec ses peintures alogiques, comme « un américain à Moscou », ou l’espace est déconstruit. L’une des finalités de malévirch est de trouver une sorte d’état idéal et mystique, se détachant des pesanteurs matérielles. Pour lui, le monde paysan est l’un des seuls, à savoir réaliser une transubstantiation de la matière, par leur travail.
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Il voit dans le cubisme, justement comme une dématérialisation des l’espace et des choses. Cet éclatement du réel dans l’espace et le temps, le mène à une abstraction délibérée et radicale. Un objectif est de réussir à conquérir l’azur et l’éther.
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Ses recherches absolues et sa radicalité le portent à apprécier la Révolution comme un acte de rupture quasiment mystique ; ce qui sera partagé par de nombreux jeunes révolutionnaires inspirés. Le paradoxe, est que son mysticisme de pureté, renconre le matérialisme phénoménologique des constructivistes, qui voient aussi dans ses recherches, le point de départ d’un nouvel art purement formel et matériel.
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Malévitch accompagnera cependant la révolution russe jusque dans ses mutations consrvatrices, initiées par Staline ( dès1927) et le retour à un « réalisme soviétiqueé. Notons, que la peinture du « marché, est la plus récente.
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On voit clairement dans l’évolution de ces 3 affiches, la manière dont le stalinisme a contribué à briser les avant-gardes artistiques. Ils et elles furent traité de petits-bourgeois cosmopolites, incompréhensibles par les masses. Beaucoup d’artistes quitteront l’ URSS ( comme Alexandra Exter).
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AInsi, Kandinsky, Chagall et tant d’autres, qui avaient cru à cenouveau monde avec lyrisme. Kandinsky, est un remarquable exemple d’artiste théoricien,qui combine la structuration d’un langage formel : point; ligne, plan.. et le « spirituel dans l’art ».
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Lui aussi, avec Olga Rozanova, Gontcharova et Exter bien sûr sera l’un des grands acteurs de l’abstraction.
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En Italie, l’aspiration futurste, repose sur un groupe de jeunes artistes, frustrés des retards de l’ Italie, en matière de modernité, de technologie. Le poids du passé est trop fort et ils aspirent aux accidents, aux conflits, aux catastrophes pour balayer lees traditions. Fascination pour le mouvement et le dynamisme.
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les émeutes anarchistes et la violence, tout comme le déclenchement de laguerre vont enthousiasmer ces artistes. ils prônent néanmoins, un virilisme caricatural, estimant que la féminité est la molesse, la faiblesse et vahicule une conception dépassée de la beauté.
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Guerres et conflits, charges de cavaliers..Tout ce qui peut basculer et bousculer le monde. Certains verront dans le fascisme mussolinien, un idéal de modernité viriliste et technophile, à la hauter de leurs aspirations.
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Leurs recherches sur le dynamisme sont cependant remarquables et réellement futuristes. Il n’est que de constater la modernité de ce profilage de voiture et l’audace de cette sculprute dynamique de Boccioni
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Fortunato Depero, artiste futuriste ( esprit comparable aux punks de 1977) se reconvertit avec brio dans la publicité et le graphisme dans la société italienne de l’entre 2 guerres.
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Quittant la Russie en 1924 ( mort de Lénine), elle s’installe en France. Elle deviendra l’une des plus grandes illustratrices, aux albums du Père Castor. Ses grands panoramas ( maintenant « collectors » rares), continuent son euvre relative au décor, à l’espace ainsi qu’aux arts populaires et accessibles. Elle anticipe les travaux ultérieurs de David Hockney. Toutes les gouaches magnifiques sont conservées à Meuzac, Limousin, à la très belle médiathèque du Père Castor.
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Nathalie Parain accompagne Alexandra Exter dans son exil français comme dans sa conversion aux illustrations jeunesse. Les éditions du Père Castor accueillent de nombreux artistes russes, pionniers des pédagogies nouvelles.
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Nathalia Tchépanova ( Parain), formée par le supprématisme de Malévitch, transpose aisément ces principes à la stylisation efficace et gracieuse dans ses albums jeunesse.
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Voici quelques planches de 1934, qui ont toutes les qualtés d’un Pop Art, près de 30 ans en avance.
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Elsabeth Ivanovsky, plus jeune, continue cette tradition des russes illustratrices.
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Elle sera l’une des plus inventives des illustratrices du 20e siècle.
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Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
Alexandra EXTER, futurisme et constructivisme russe
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