A partir du chapiteau, dit : le Moulin mystique, exemplaire de la statuaire romane à Véselay, nous allons déployer la notion essentielle de « passage » dans l’art Roman chrétien.
Pour commencer, en architecture, un chapiteau est un « liant », une fonction essentielle, permettant d’augmenter la portance de la colonne, de la colonnette ou du pilastre en évasant un volume vers le haut , assurant ainsi une meilleure stabilité. Le chapiteau sert donc d’appui et de passage.
De même, les colonnes étant la plupart du temps de section ronde et les arcs ( ou poutres) de section carrée, il y a un jeu de géométrie dans l’espace qui fait du chapiteau, une forme hybride entre le cône et la pyramide ; passage encore du cercle au carré. Mais encore, le chapiteau est donc la tête de la colonne ( caput = chapiteau) et soutient donc un arc de cercle, là encore, passage. Ce petit élément d’architecture, à la fonction définie, se trouve donc un élément de jonction et de passage, optimisant une structure.
La tradition chrétienne est d’inventer des paraboles et des métaphores et/ou des symboles, depuis la croix et le poisson en passant par l’or ( symbole du minerai (Terre- Jésus-homme) devenant lumière ( ciel-Jésus-Dieu) et plus tard, nous l’avons développé dans de nombreux articles, le point de fuite par exemple. Ainsi, le chapiteau exprimera très vite dans l’ architecture romane, le passage du terrestre ( colonnes humanisée portant une tête) au céleste ( arc courbe comme la voûte céleste).
C’est en ce sens que le thème du moulin est emblématique, car le moulin assure le passage du grain à la farine…de l’indigeste au digeste.