Un panorama en cours de rédaction, sur les vitraux de Chartres.
Les constructions de cathédrales répondent à un fantastique élan de confiance. Confiance au passé ( poursuivre un projet entamé par d’autres) et au futur, accepter de voir ses projets continués.
Confiance au peuple ; ces monuments sont au coeur des cités ; ils en constituent les constructions les plus remarquables et sont entièrement ouverts.
Confiance aux peuples et groupes étrangers…Les grandes verrières sont autant de cibles faciles et défient les attaques.
Confiance dans des techniques et des savoirs faire extraordinaires, pour pouvoir lancer dans les hauteurs de telles masses de pierre et de verre.
Confiance entre chaque métier intervenant…..
On pourrait continuer la liste. ceci témoigne en fait d’une société assez solidaire et solide sur ses préceptes et savoirs.
Le mythe fondateur de la plupart des cathédrales, n’est plus la figure d’un dieu/humain crucifié, martyr…mais celle d’une mère jeune et souriante, portant un enfant. Ceci est essentiel. Au lieu du schéma de la mort et de la rédemption, le catholicisme se tourne vers un nouveau modèle, celui de la vie, de la promesse, du printemps.
les motifs végétaux et bourgeonnants, sont les plus répandus dans les décors, soit de vitraux, soit de sculptures.
La grande question des vitraux est cependant la LUMIERE.
Le programme est théorique et bien établi par l’ abbé Suger à St Denis. L’accès à la lumière est l’une des métaphore chrétienne les plus solide depuis des siècles :
Par l’or, minerai devenant lumière dans l’art byzantin.Mesure- Chapitre 1- Origine religieuse de l’art occidental Image symbolique de jésus/homme devenant Dieu/Lumière.
Par l’orientation vers le soleil levant ( orient) des églises romanes. Assimilation du soleil levant à Dieu. Lumière directe, s’insinuant subtilement à l’intérieur des églises massives romanes, comme une révélation. Il s’agit de cheminer des pieds ( l’entrée de l’église en croix) vers la tête ( le chevet) ; autrement dit du sol et de la terre vers le ciel.
les vitraux proposent un autre accès multiple et cohérent. lecture de bas en haut, on s’élève. mais surtout, les vitraux permettent de regarder directement vers la lumière ( Dieu) sans être éblouis, grâce aux intermédiaires que sont les couleurs. De plus, cette lumière descend réellement sur le spectateur et l’englobe dans un monde merveilleux.
A la fois murs et fenêtres, les grandes verrières transforment la matière, car fixant les couleurs, la matérialité des structures de métal et de pierre disparaît au bénéfice des couleurs.
Les couleurs sont autant de manifestation du divin, trop puissant pour être regardé en face ( théorie que l’ on retrouve chez Dante également par exemple).Mesure, chapitre 2 – Christianisme, modèle et espace
Métaphoriquement, les couleurs et la notion d’intercession entre les hommes et Dieu est la grande affaire du catholicisme qui établit une kyrielle d’intercessions, que ce soit dans la hiérarchie religieuse ( Pape, Cardinaux, Evèques, Curés, Prêtres ; mais aussi moines et moniales, chanoines, prieurs…) ; plus encore, Trinité, Marie, saints, prophètes, martyrs etc etc. dans les rituels encore, Purgatoire, confession, prières, paraboles, initiations progressives ( baptème, communions..). D’une façon générale, les pratiques artistiques, souvent décriées au coeur même du catholicisme par les Cisterciens notamment ( contemporains de l’élan gothique) , ces pratiques artistiques sont autant d’intercessions.
Les catholiques ont acté une bonne fois, depuis les conflits avec les iconoclastes, que les arts en l’honneur du divin étaient des pratiques licites et même sacrées de ce fait.
On parle parfois » d’ Eglise triomphante » quand on parle de la brève et fantastique période gothique ( 12e/15e). Un enjeu de taille est encore présent, celui d’imposer auprès des pouvoirs temporels ( princes et rois) la puissance religieuse. Soutiens mutuels.
De la même manière, les gouvernants, sauront s’appuyer sur cette institution populaire et internationale pour légitimer leur force.
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Il est dit que les premiers vitraux seraient ceux d’Augsburg? translucifité de l ‘albâtre et verres plus épais. Figures grandes et lisibles.
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les plus anciens vitraux de France fonctionnent déjà très clairement sur un principe qui sera perpétré. Celui du fractionnement des figures, incluses dans un réseau géométrique.
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Dès les 1ers vitraux, on repère l’importance essentielle des variations géométriques. Cercles, carrés et triangles en combinaisons innombrables.
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Les sujets sont très variés. l’assassinat de Thomas Beckett à Cantorbey, dans la cathédrale, rend les lieux plus évocateurs encore. Beckett aynat longtemps séjourné, à Sens par exemple, il est populaire sur le territoire. Il est l’image du contrepouvoir face aux princes.
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Les plus ancie,s vitraux représentent parfois, aux débuts de grandes figures, tel ce Christ en croix. Ici, les donateurs de sont fait représenter. . Les princes achètent en quelque sorte, la protection de l’église.
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Le budget consacré aux vitraux représente presque la moitié du coût de construction. Ceci est compréhensible, tant la surface de ces murs de verre est importante. Ces murailles de verre, sont aussi des défis de fragilité, exposées aux destructions, bravant les violences.
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Un nouvel esprit s’impose. La figure de Marie, domine alors la généalogie. le mythe des arbres de Jessé ( ici St Denis et la copie de Chartres) en sont l’affirmation. La figure de la mère à l’enfant remplace la mort du fils. Validation des généalogies. Modèle pour les familles royales.
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A St Denis, c’est l’abbé Suger qui va théoriser le mieux le nouveau rapport à la lumière enveloppante, métaphore divine. les couleurs sont les intermédiaires entre le soleil absolu et trop puissant. De même il justifie l’élan vertical remplaçant l’initiation romane.
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Les rosaces sont le modèle parfait de la gradation des nervures de pierre jusqu’aux lacis de plomb sertissant les fragments hasardeux de verres colorés.
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Il y a un passage progressif, par le linéament noir, généré par le contrejour, des structures de pierre, aux cadres de métal, puis aux contours des figures jusqu’au sertissage de plomb. Un aller et retour le la grande géométrie au chaos des fragments, en passant par les figures identifiables. Ici la figure majeure de Notre Dame.
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Les sujets des vitraux constituent un édifice programmatique. les prophètes et patriarches sont ici associés aux donateurs dont on repère les blasons.
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Ici encore autour de Notre Dame, des prophètes associés aux évangélistes. Continuité de l’ancien et du nouveau testament.
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La différence entre l’extérieur et l’intérieur démontre la transformation absolue des perceptions. Il s’agit bien d’une expérience sensitive et spirituelle. Etre dans un autre monde qui emporte et ravit.
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On passe de la lumière climtique et passagère à un absolu. Loin des anecdotes et de la trivialité du réel. les figures sont ici toutes assemblées et reliées par le grand réseau de lignes, à la structure et au volume du bâtiment.
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Ainsi, les plans des cathédrales gothiques montrent que l’abandon du modèle en croix est aussi l’abandon progressif de la figure christique et initiatique au profit de l’élan positif et absolu, sans gradation, vers la lumière céleste et le zénith.
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La verticalité et la géniale invention des croisées d’ogives, permet aussi la disparition des cha^pitaux et de la séparation romane du monde créé ( carré) et de la voûte céleste et duvine ( le cercle, la coupole). Il y a un principe de continuité. La naissance, le printemps et les bourgeons, sont les métaphores christiques.
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Seuls les carnets de Villard de honnecourt témoignent par écrit des recheches et études. les contructions se font sur les bases de transmission orales d’ateliers ; selon des règles de proportions. Villard tient un carnet de voyage, ce ne sont pas des plans.
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Les chantiers durant des dieaines d’années témoignent de la confiance et de la place centrale dans l’économie et la vie des cités. oeuvres majeures à des kilomètres alentours,les cathédrales sont des repères culturels et identitaires forts.
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Ces documents montrent bien la continuité du réseau de lignes qui contiennent à la fois le « spectateur » et les figures. reliés aucoeur du dispositif symbolique.
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On retrouve Notre Dame en de nombreux vitraux. Le culte Marial, relativement récent se substitue presque au culte christique. Les traditions patriarcales caricaturales de la Bible sont écartées au bénéfice de la résurgence d’un culte très ancien de maternité ( voir isis/Horus) ainsi que de la fertilité des terres. les cathédrales dominent dans des régions de grande fertilité ( grand bassin parisien). les motifs de bourgeons et de floraison sont omniprésents.
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A Chartres, dasn les vitraux essentiels, on retrouve les fondamentaux de la reconquête catholique triomphante, sous les références à l’Apocalypse et au chemin de St Jacques ( voir article précédent).
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La double association de St Jacques ( matamoros) et de Charlemagne instaure les soldats de Dieu et les fondateurs de royaumes chrétiens.
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Evidemment la création du monde & Adam & Eve sont en place importante.
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La passion du Christ est largement développée. C’ets l’occasion de structurer des récits, dont la particularité est de se lire de bas en haut. Ceci est essentiel. Il s’agit de s’élever, de se détacher progressivement du sol, de l’anecdote pour aller vers les structures abstraites, géométriques et le couleurs pures, non narratives.
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Les figures et anecdotes sont littéralement noyées, relativisées au coeur d’un lacis à la fois désordonné et structuré par les figures supérieures géométriques. Un aller et retour incessant.
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Les récits sont aussi des intercesseurs, des varaitions de lé nature divine, descendant sur l’humanité, comme les couleurs sont la lumière divisée, arrivant sur terre. Ce sont aussi des vecteurs, car ils sont de la même nature, comme les couleurs sont aussi lumières
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On remarque aussi la nécessité de saturation de l’espace non narratif par des motifs géométriques; le vide et le néant ne sont pas concevables. Le monde dit être occupé. Le divin ne peut laisser d’espaces sans sens ni projet, aussi faut il combler les zonez non identifiables par un ordre supérieur, la géométrie et.ou la végétation.
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On repère là les structures métalliques carrées, qui permettent de construire un fragment de vitrail, au sol, puis de monter ( et démonter éventuellement le vitrail) dans sa structure de pierre.
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les histoires des apôtres sont autant de variation de la divinité. le peuple chrétien emplit le temps et l’espace, passé et futur, réel et symbolique. Cette grande assemblée est « l’ Eglise ».
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Ici, un ensemble de structures essentiellement construites sur des cercles. Les combinaisons géométriques sont à elles seules, des odes à la beauté du monde et à ses merveilles, y compris intellectuelles . La géométrie, est intégrée, avec Platon et RAistite, dans le projet du créateur, comme la présence des idées pures, du monde des idées.
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Dans le détail , on repère cependant des « standards » des scènes religieuses, recensées par Jacques de Voragine dans la « légende dorée ». On retrouve toutes ces scènes dans les manuscrits, comme surl es fresques italiennes.
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La beauté des disques, associe clairement cerce/lumière/origine. marie comme grande intercesseuse. c’est elle qui permet la venue sur terre du fils de Dieu, inaccessible sinon.
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On passe naturellement des figures absolues, divines et célestes, au travaux des champs et aux corps, par l’intermédiaire des astres ( avatars du soleil/divin). Ces vitraux sont aussi destinés au peuple. Il y a continuité du peuple labotieux, producteur et édificateur jusqu’aux princes, comme il y a continuité de la terre aux cieux.
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Les Saints populaires, comme Baptiste ( grand initiateur), Nicolas ( protecteur), puis encore Martin ( partageur) sont présents avec leurs miracles et cultes superstitieux.
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La dominante de bleu est intéressante, comme substitution artistique et religieuse au bleu variable et prosaïque des cieux d’ Ile de France. Comme les bleus de Giotto, ni jour, ni nuit. Bleu divin.
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Ce document montre clairement l’intégration parfaite de la structure intérieure du vitrail à la structure architecturale. l’art gothique est aussi un art de la révélation. Tout est visble, compréhensible. c’est une structure qui fait appel à l’analyse et à la rationalité, et qui glisse jusqu’au merveilleux.
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Les verrières hautes reprennent des figures plus grandes, afin d’être tout de même identifiées.
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La figure du cavalier blanc, bras armé de la religion fonctionne depuis l’ Apocalypse jusqu’à Santiago Matamores et les cavaliers croisés.
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Marie à l’enfant, trônant et auréolée de symboles par 7 ( planèes, jours, vices, vertus, péchés…)
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Les verrières hautes, très hautes reprennent de façon affirmée des scènes concentrées et non plus délayées dans la narration. Ici Le sacrifice d’ Isaac. leur gansd éloignement des yeux modère l’importance de la figuration ( relativisée dans les verrières basses par le fragmentation et les etites tailles).
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St Martin de Tours est sans doute le lien le plus fort avec une population pauvre. Figure bienveillante et protectrice du cavalier ayant renoncé aux armes et généreux.
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Nous avons vu dans l’article précédent l’importance des chemins de St Jacques pour structurer et baliser le territoire chrétien, sanctuarisé par les échanges, dons, reliques. La conquête des territoires « ruraux » étant achevée, les cathédrales gothiques assoient la conquête des territoires urbains, des cités. Mais il y a continuité.
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Ici, des reproductions en aplats des métiers représentés dans les vitraux et prouvant l’implication esentielle des corporations, ici honorées jusque dans le détail de leurs pratiques. Dernier grand art populaire sans doute où sont intégrées les figures du monde du travail, au coeur des édifices les plus glorieux et au centre des grandes villes. La continuité du monde et de la société est exprimée par le réseau continu des nervures et structures, jusque dans le détail. Modèle en réseau dont toutes les connexions sont ici désignées et célébrées;
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Le luxe des détails indique que les professions ont participé aussi à l’élaboration des images.
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véritable reportage sur les pratiques et techniques. Métiers non représentés dans les manuscrits et traités, car transmettant leurs savoirs de façon orale. Seuls les vitraux témoignent de ces savoirs séculaires.
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Les métiers sont aussi rattachés aux cycles de saison et du zodiaque. Unité et diversité constituant un monde harmonieux.
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Quelques ensembles célèbres de vitraux, comme les prophètes de Troyes.
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La grande verrière de Tours, ensemble de grande cohérence. On repmarque la continuité incroyable des principes guidant les constructeurs et maîtres verriers. les principes non écrits sont cependant d’une clarté manifeste.
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La splendide rosace de Paris. le cercle, solaire et floral est aussi assimilable à l’Iris et au regard. l’un des sens les plus stimulés dans l’architecture gothique, puisque les vitraux sont des signaux envoyés directement aux pouvoir de la vision. Jouant sur la persistance rétienne, le contre-jour et les limites de la distinction des formes.
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La splendeur décorative des vitraux gothique est critiquée par St Bernanrd , fondateur de Citeaux, qui ne retiendra que les variations géométriques, approche comparable ( et contemporaine) à l’iconoclasme musulman. On retrouve les entrelacs exploités dans l’art celtique et saxon ( Book of Kells).
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Le chef d’oeuvre absolu de l’art du vitrail est sans contextation, la Ste Chapelle royale de Paris. Châsse à reliques majeures. C’est l’aboutissement des techniques et des principes de disparition de la pesanteur au bénéfice de la lumière.
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Les masses, bien réelles de pierres, sont entièrement transcendées par les contre-jours et les couleurs se fondant. la lisibilité des scènes se perd dans les grandes strcutures géométriques et combinaisons .
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Appropriation totale d’un art sacré par la royauté ( Louis 9), au coeur de la Cité ( l’ïle), en regard de Notre-Dame.
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Un art populaire est compatible à l’xpression la plus abouti de la royauté. Il y abien homogénéité culturelle. Le « moyen-âge est sans doute plus éclairé que les temps modernes, du point de vue des rapports sociaux.
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Les cathédrales, signes du siège des évéchés sont construites en peu de temps et de façon très homogène.
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On peut imaginer les gigantesques chantiers, à quelques dizaines de kilomètres parfois. Une émulation et des échanges constants se remarquent dans les similitudes et variations.
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A l’extérieur, les sculptures fonctionnent comme un peuple de pierre intégré à la structure élancée. Bible à ciel ouvert. Victor Hugo, voit dans l’imprimerie, la fin de cet art public partagé et savant, agglomérant absolument tous les savoirs.
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Les tours ne verront pas toutes leurs flèches? Peste et guerre de 100 ans vont interrompre l’élan.
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Malgré des constructions tardives, le modèle gothique s’épuise. La Renaissance, voit les princes quitter les villes et contruire des palais savants mais clos.
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En Italie la pratique du vitrail est moins populaire ; l’art gothique est associé aux cultures nordiques et aux structures religieuses trop éloignées de la papauté, en écho des guerres entre Guelfes et Gibelins. La MAestà de Duccio est une version peinte des programmes iconographiques que l’on retrouve dan sles vitraux.
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La comparaison entre un vitrail réel et s atraduction en à plats mats, montre comment le rôle de la lumière traversante n’est pas transposable . Duccio, puis Giotto sauront développer l’art des modelés afin de compenser la sobriété des surfacesopaques.
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On retrouve dans les manuscrits contemporains des vitraux, des structures et iconographies parfaitement comparables, et on peut supposer qu’il y a échanges enre maîtres verriers, enluminuers et chanoines dirigeant les réalisations.
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Le livre est alors, comme un édifice, contenant tout et structurant une richesse foisonnante de références.
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Pour conclure, quelques arbres de Jesséen extérieur ou peints. Le modèle de l’arbre est assimilable au réseau bien entendu. Structure qui relie de façon dynamique. passé, présent et futur. Figures apparemment éloignées. génalogies.
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Les arbres de Jessé, n’oublions pas, légitiment aussi la personne de Marie, qui interrompt alors la genèse patriarclae biblique. Figure féminine dominante. Il y a bien un nouveau paradygme.
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Les nervures des cathédrales gothiques ont toujours été assimilées à des futaies et des ramures se rejougnant. Manière de relier le sol au ciel. Le modèle de l’arbre est donc bien cohérent.
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Confiance au peuple ; ces monuments sont au coeur des cités ; ils en constituent les constructions les plus remarquables et sont entièrement ouverts.
Confiance aux peuples et groupes étrangers…Les grandes verrières sont autant de cibles faciles et défient les attaques.
Confiance dans des techniques et des savoirs faire extraordinaires, pour pouvoir lancer dans les hauteurs de telles masses de pierre et de verre.
Confiance entre chaque métier intervenant…..
On pourrait continuer la liste. ceci témoigne en fait d’une société assez solidaire et solide sur ses préceptes et savoirs.
Le mythe fondateur de la plupart des cathédrales, n’est plus la figure d’un dieu/humain crucifié, martyr…mais celle d’une mère jeune et souriante, portant un enfant. Ceci est essentiel. Au lieu du schéma de la mort et de la rédemption, le catholicisme se tourne vers un nouveau modèle, celui de la vie, de la promesse, du printemps.
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Par l’orientation vers le soleil levant ( orient) des églises romanes. Assimilation du soleil levant à Dieu. Lumière directe, s’insinuant subtilement à l’intérieur des églises massives romanes, comme une révélation. Il s’agit de cheminer des pieds ( l’entrée de l’église en croix) vers la tête ( le chevet) ; autrement dit du sol et de la terre vers le ciel.
les vitraux proposent un autre accès multiple et cohérent. lecture de bas en haut, on s’élève. mais surtout, les vitraux permettent de regarder directement vers la lumière ( Dieu) sans être éblouis, grâce aux intermédiaires que sont les couleurs. De plus, cette lumière descend réellement sur le spectateur et l’englobe dans un monde merveilleux.
A la fois murs et fenêtres, les grandes verrières transforment la matière, car fixant les couleurs, la matérialité des structures de métal et de pierre disparaît au bénéfice des couleurs.
Les couleurs sont autant de manifestation du divin, trop puissant pour être regardé en face ( théorie que l’ on retrouve chez Dante également par exemple).Mesure, chapitre 2 – Christianisme, modèle et espace
Métaphoriquement, les couleurs et la notion d’intercession entre les hommes et Dieu est la grande affaire du catholicisme qui établit une kyrielle d’intercessions, que ce soit dans la hiérarchie religieuse ( Pape, Cardinaux, Evèques, Curés, Prêtres ; mais aussi moines et moniales, chanoines, prieurs…) ; plus encore, Trinité, Marie, saints, prophètes, martyrs etc etc. dans les rituels encore, Purgatoire, confession, prières, paraboles, initiations progressives ( baptème, communions..). D’une façon générale, les pratiques artistiques, souvent décriées au coeur même du catholicisme par les Cisterciens notamment ( contemporains de l’élan gothique) , ces pratiques artistiques sont autant d’intercessions.
Les catholiques ont acté une bonne fois, depuis les conflits avec les iconoclastes, que les arts en l’honneur du divin étaient des pratiques licites et même sacrées de ce fait.
On parle parfois » d’ Eglise triomphante » quand on parle de la brève et fantastique période gothique ( 12e/15e). Un enjeu de taille est encore présent, celui d’imposer auprès des pouvoirs temporels ( princes et rois) la puissance religieuse. Soutiens mutuels.
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A propos Olivier Jullien
Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.