Il y a une famille de créateurs et créatrices assez féconde, qui reste fidèle à une esthétique de la géométrie et de l’orthogonalité, comme éloignée des aléas, émotions, débordements et anecdotes des formes et rythmes organiques. Déjà les Cisterciens, comme les artistes de l’ Islam, et même les platoniciens ( puis néo platoniciens) ont fait de la mesure, du calcul, des nombres, de la géométrie, un art de l’équilibre plus proche des idées pures du créateur.

S’éloigner de l’improvisation, prendre des distances, inventer des structures et des cadres, explorer des variations. C’est ce qui peut relier les artistes montrés ci après.

Des pratiques comme le tissage, peuvent servir de repère conceptuel, car, derrière la traditionnelle dévalorisation esthétique du tissage ( de Pénélope aux ateliers du Bauhaus  » réservés aux femmes ») il y a en fait un dispositif de création singulier, à partir de la trame, du geste répété et de la lenteur du processus ; ici, pas de traces, pas de « geste virtuose créateur », pas de bavures etc…de même, une fonction ambigüe : tapis, tapisserie, art, décoration, au sol ou au mur ? C’est pourquoi, l’apport des ateliers du Bauhaus est important, qui fit valoir la complexité conceptuelle et les qualités exceptionnelles des œuvres réalisées à cette période.Femmes du BAUHAUS

De même, le geste simple, exécuté lentement par Frank Stella, peut ensuite se déployer, et la ligne devenir surface, puis générer le support et ensuite se déployer en 3 dimensions. Le passage à l’ordinateur et la programmation, se fait logiquement chez Stella, comme chez Vera Molnar, qui anticipe et prévoit les marges d’erreurs minimales, qui produisent accidents et variations. Pionnière des dessins programmés, son travail est au cœur de nombreuses créations assistées contemporaines.

Puis, Roman Opalka, qui décide de programmer toute sa vie à partir de ses 40 ans, pour peindre les nombres, de zéro à l’infini..il structure ainsi jusqu’à sa disparition, son quotidien, dans un cérémonial vertigineux.