BESTIAIRES et mythes animaux dans l’antiquité

La relation aux animaux est une histoire indissociable de celle de l’humanité et les premières peintures, gravures et sculptures paléolithiques en témoignent, sur tous les continents.

on peut se référer aux articles suivants :Evolutions et réductions de mythes féminins., Mésolithique et cultes féminins. Le site de Catal Huyuk., Statues-couples, Egypte antique., Artemis d’ Éphèse, gorgones, amazones..

Il y a une évolution progressive, depuis l’admiration stupéfaite de ces grands mammifères aux vies libres et harmonieuses dans la nature ( grottes peintes du paléolithique) jusqu’à la compagnie progressive des grands troupeaux ( le pastoralisme mésolithique) et la domestication du vivant, qui hiérarchise le vivant ( chiens, chevaux, dromadaires comme aides et bovidés, caprins et ovins comme ressource).

La présence continue des animaux non consommables, ni domesticables, reste une question existentielle ; menaçants parfois, mais aussi merveilleux ces grands animaux rétifs sont voués à des fortunes diverses ( signes de distinctions dans des ménageries et cirques) mais aussi rappel permanent, par leur liberté et autonomie des limites du pouvoir humain.

Les grands mammifères herbivores constituant les grands troupeaux ( bovins, caprins, ovins..) deviennent rapidement la marque essentielle de la prospérité. Animaux prolifiques, aux laitages abondants, paisibles et résistants sont dès lors, honorés partout, de l’ Amérique, au Tassili, en Afrique du sud, Somalie, Norvège, Anatolie, Mésopotamie et enfin Egypte. ( dans la civilisation prédynastique de Nagada, on voit assez clairement les figures de femmes aux bras levés se muer en têtes de bovins)

Jusqu’au néolithique, leur représentation est peu « genrée », taureaux et vaches sont peu distincts, constituant un tout.

Ces figures bovines ( et/ou caprines), sont par contre souvent associées à des statuettes et/ou représentations féminines ( Catal-Huyuk, Nagada,, sépulture de Tréviec, Chamanes, Ishtar), mais ces figures féminines, qui « apprivoisent » cette animalité, sont aussi représentées dominant des grands félins ( Catal-Hutuk, Ishtar, Cybèle, Artemis d’ Ephèse..) . Sans parler bien entendu des grandes figures centrales de Hathor et Isis.

Il semblerait dès lors, que la RELATION AVEC LE MONDE ANIMAL devienne un enjeu de civilisation crucial à partir du néolithique et de l’appropriation du vivant ( animaux, plantes et céréales, populations asservies, progénitures etc..).

On assiste clairement à une appropriation masculine de ce rapport aux animaux. On passe d’un rapport apaisé et contrôlé des animaux domestiques et des animaux sauvages, à une maîtrise par la violence et la force masculine du vivant. Gilgamesh, Mythra, Heraklès, Achille, Thésée etc…tous les « héros » antiques sont à la fois violeurs, tueurs d’ amazones et massacreurs d’animaux puissants ( lions, serpents, taureaux). Dans la Bible, il y a dénonciation des cultes animaux, comme des hérésies féminines.

Néanmoins, la force des rapports archaïques avec le monde vivant animal persiste sous plusieurs formes.

Les peuples semi-nomades des steppes, pasteurs et non propriétaires des terres ni des troupeaux sont considérés comme barbares et menaçants et les femmes de ces peuples sont honnies ( et dans le même temps convoitées- Achille, Héraklès, Alexandre, etc..), ce sont les amazones. Les peuples comme les crétois, entretenant avec les taureaux un rapport festif et harmonieux sont méprisés ( Hercule tue le taureau crétois) et ridiculisés ( épisode de Pasiphaé).

Mais des divinités secondaires se voient honorées pendant des siècles, surtout à la périphérie du monde gréco-romain ; il s’agit essentiellement d’ Orphée ( le bonnet phrygien d’ Orphée, le rattache clairement aux traditions orientales, comme Artemis, Catal-Huyuk, Ishtar etc.), de Dyonisos, qui maintiennent un lien de douceur et de séduction avec l’ensemble du règne animal. Avec Isis, entre autres, ces « cultes à mystères », seront sans doute une des sources du christianisme.

La civilisation égyptienne ( qui ne hiérarchise pas les genres et ne connaît pas l’appropriation individuelle du vivant) poursuit la diversité des cultes sereins à toutes formes de vie et d’animalité.

La « virilisation » se remarque aussi par la multitude de mythe grecs, selon lesquels, Zeus se transforme en animal ( y compris taureau) pour séduire et enlever des femmes ; ceci laisse à penser, que le genre féminin est encore sensible ( comme dans les temps archaïques) à la beauté et à un érotisme animal ; la féminité connaîtrait une complicité spécifique.

Dans l’épisode de Pasiphaé, le fruit des amours de Pasiphaé et du Taureau, est le Minotaure, monstre malheureux, trahi par sa sœur Ariane.

On peut noter, ensuite, comment les chasses sont devenues des sujets récurrents pour les mosaïques des grandes villas romaines ; signes de puissance, comme la possession d’ écuries.

Ci dessous l’enregistrement du cours, qui accompagne le diaporama ; ATTENTION, les 90 premières secondes sont à passer (cafouillages).

A propos Olivier Jullien

Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
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