cet article est la suite du précédent ; il reprend avec d’autres entrées la question des contenus.
Il est en cours d’illustration, lente mais progressive.
A ce propos, il ne faut pas oublier que chaque page utilisée comme illustration, n’est qu’un exemple, souvent choisi parmi des dizaines , ce qui donne une idée de la prodigieuse richesse de ces oeuvres.
pour accéder directement à la 1ère partie cliquer ici.
Contenus- SUITE
L’usage du manuscrit religieux doit cependant permettre une pensée vagabonde avec diversions et pauses ( images-lettrines- diversions) mais cette particularité est semble t-il réservée aux textes religieux, les manuscrits d’usage, les traités, les calendriers etc; ne proposent pas cet aspect digressif.

Un missel du 12e. mettant en scène l’évangéliste Marc avec son emblème/totem, le lion. Mais le cadre ainsi que les décors et motifs permettent la pause, la contemplation et la densification de la simple illustration ; il s’agit de charger l’image descriptive d’une valeur irrationnelle.
Les textes sont souvent récurrents. L’exemple des BeatusBeatus de Liebana-Apocalypses est assez clair, le moine Beatus, au 8e siècle, reprend une version de l’Apocalypse de Jean , qui est une reprise d’ Ezechiel ( entre autre) y ajoute des fragments de l’ancien testament ( Déluge) etc…puis ses commentaires. Ci dessous, quelques grands thèmes iconographiques fondateurs : la « prostituée de Babylone » ( sans doute la grande déesse Ishtar, figure centrale de Mésopotamie), « le palmier métaphysique » ( difficile de s’y hausser, mais les fruits en sont remarquables) et le « Deluge » ( comme préfiguration du Jugement Dernier).
Les narrations sont reprises, comme par exemple, Christine de Pisan qui reprend Boethius qui reprend la Bible. Elle reprend aussi Bocacce qui reprend Virgile qui reprend Cesar etc…Ou Voragine, Sénèque, Suétone, Chrétien de Troyes, Homère, Esope…La tradition des commentaires est fondamentale et d’autant plus naturelle que le passage par la copie individuelle génère une appropriation du texte par celui ou celle qui le copie et le transmet. Ce ne sera plus le cas avec l’imprimerie.
La Bible est souvent commentée, comparée ;un grand classique est la mise en parallèle des évangiles, qui sont comparés entre-eux ; la plupart du temps, le nouveau testament est mis en parallèle avec l’ancien.

14e.s. Miroir pour la sauvegarde des hommes ; scènes comparéesde la Cène et de la Manne ; métaphore de la nourriture spirituelle et du Père/Dieu protecteur.
L’un des arguments des humanistes de la Renaissance, sera celui de la clarté des sources; du retour à des textes , attitude fondée sur l’idée que les lecteurs sont à même d’accéder aux sources et de se constituer leur avis ; il n’est plus nécessaire de passer par le filtre de l’expert. Ce retour aux textes d’origine se fait aussi par le biais de l’imprimerie ; il n’y a plus le copiste/commentateur ; de plus la diffusion élargie joue aussi dans le sens d’une appropriation plus « démocratique » ; ce qui n’ira pas sans mal, la Bible notamment n’étant pas si aisée à lire et interpréter!!!
L’ Apocalypse de Jean est comparée aux visions d’Ézéchiel mais également commentée et divisée en scènes qui deviennent canoniques.

Cette scène extraite du Beatus de gerona, sera l’une des sources iconographiques de tous les Jugements derniers qui seront le motif essentiel des tympans romans , entre autres.
Les Apocalypses sont souvent le prétexte le plus clair aux inventions et créations purement artistique du fait de la grande part d’imaginaire et de confusion des textes.

12e. S;Version nordique du Beatus, moins colorée, mais de composition libre, la transposition littérale des visions étant impossible. Savants découpages et cadrages, débordements.
Échappant à la didactique et aux interprétations morales simplifiées, les images libèrent une grande part de fantasme et d’inconscient. La confusion des scènes échappe aussi aux cadres et vignettes ; les apocalypses fusionnent souvent différents moments.
ci dessous, des variantes anglaises de l’ Apocalypse commentée. Plus que la couleur, la densité du sacré s’exprime par l’invention graphique et la composition raffinée.
Les romans, poèmes, textes littéraires, traités philosophiques se détachent progressivement du substrat biblique. Dans un premier temps, les auteurs grecs et latins sont christianisés.

le roman de Tristan en prose est l’un des exemples de christianisation de contes et mythes progressivement intégrés à un patrimoine cohérent. Ici, un exemplaire du 13e.
L’ouverture vers le monde se traduit par des cartes, récits de voyages, aventures et redécouvertes de chroniques telles les vies d’Alexandre.

13e. L’intégration de scènes issues du roman d’Alexandre, par exemple les fascinants animaux que sont les éléphants, constitue l’un des grands succès de bibliothèques. Toutes les références, aussi diverses, sont incluses dans une somme théologique.

l’extraordinaire et unique Atlas Catalan, du 14e.S. Représentation ouverte des directions possibles sur terre et mer ; synthèse de voyages et légendes. Offert en cadeau à Georges V de France, le protecteur de Christine de Pisan et commanditaire de la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers.
Il n’y a pas absolument de séparation des genres, et les bestiaires d’amour, sont des leçons éthologiques, des fables, des légendes, des narrations édifiantes, des recettes médicales et parfois culinaires.

le merveilleux Tacuinum sanitatis de Ibn Al Butlan..Traité de vie, d’horticulture et de médication…Ici, le bain!!

Une autre version du Tacuinum sanitatis de Ibn al Butlan. 15e siècle. La plante est représentée dans un contexte global, identifiée, mais montrée en situation de culture, de récolte et d’usage.
De même pour les herbiers, traités de médecine, de chasse, de maraîchage .

14e. Les extraordinaires traités de chasse de Gaston Phebus sont l’un des sommets de l’art des manuscrits ; ici, une chasse au lièvre monochrome, combinant précision anatomique et cynégétique et paradoxes spatiaux. La scène est tout de même d’une grande clarté. Le traité compte près de 100 pages ainsi illustrées!

autre version, en couleurs, du traité de chasse de Gaston Phebus, ici la chasse au loup. la qualité exceptionnelle des illustrations témoigne de l’importance de l’activité ; on atteint pour ce sujet, une densité artistique comparable à celle des bibles et psautiers. La chasse est un privilège aristocratique.
Paradoxes
Pas de traces de savoirs pourtant évidents en artisanat ( charpente- poterie- cordonnerie-construction-tissage-orfèvrerie), les savoirs évoqués sont ceux des « lettrés » et clercs : médecine (astrologie-herbiers-bestiaires)

Traité de médecine du 13e siècle ; ici l’image est essentielle, instrument de connaissance et de repère.
–philosophie( textes anciens-calendriers-livres d’heure)

11e, Psychomachie, Moissac, combinaison de principes religieux, moraux et philosophiques reposant sur des figures allégoriques et personifiées, comme la colère, le vice, la patience etc. Ici aussi, l’illustration est didactique, non sacrée.
–alchimie (où l’on retrouve les herbiers-astrologie-optique-bestiaires)-

version turque du livre des merveilles de la création par Qazwīnī, Zakarīyā ibn Muḥammad,(1203-1283) Ici encore tout est relié, cosmos, astrologie, pouvoirs temporels, diversité des créatures et mythologies
mathématique (géométrie-musique-calculs)-

Traité de géométrie de MUḤAMMAD IBN AḤMAD AL-BĪRŪNĪ,13e. Ici, le texte, les shémas géométriques forment un tout d’une remarquable unité esthétique.
astrologie( optique-astronomie-calendriers)….

13e, Georgius zothorus, liber astrologiae,décan du Capricorne. L’astrologie sert aussi à repérer les parties du corps constituant le grand tout ; le microcosme calque en permanence le macrocosme. Pour chaque signe astral, il existe des dizaines de pages à la rigueur stupéfiante, avec catégories, propriétés, principes etc.
Vraisemblablement, les confréries d’artisans, protègent leurs pouvoir de toute diffusion incontrôlée et préfèrent la tradition orale aux écrits. Ils continuent l’étonnante attitude des druides celtes et gaulois, qui bien que sachant parfaitement le grec et le latin, se refusèrent délibérément à laisser de traces écrites!!
Mais de toute évidence, les bibles, psautiers-gospels (évangiles) livres d’heures…..constituent la majeure partie des manuscrits réalisés.

15e. Livre de prière des Pays bas, avec une annonciation en thème principal avec variations et digressions. les oeuvres sacrées convoquent encore les virtuosités et les matériaux les plus précieux. La valeur d’objet sacré est manifeste, pour ces manuscrits .
Cas particuliers :
les apocalypses et Beatus de Liebana.Beatus de Liebana-Apocalypses
Importance progressive de l’auteur : Jean supposé avoir été le compagnon de Jésus est l’auteur vieillissant de ce texte irrationnel et visionnaire du « dévoilement », archétype des révélations et des conflits sacrés, des guerres saintes.
Beatus lui même, (moine wisigoth sans doute replié en Asturies, au moment de la conquête de la péninsule ibérique par des musulmans), se permet de signer et assumer des commentaires au texte de Jean. Il y a une claire légitimation du récit, de l’écrit.
Dans les Apocalypses, Jean est toujours montré recevant le livre, le donnant….l’objet livre devient une valeur primordiale et redondante, comme mise en abyme. Le livre montrant Jean rédigeant le livre….nous ne sommes pas loin de la version inspirée de l’art Byzantin, des images achéropoïètes…..justifiant l’existence sacrée de ces objets néanmoins admirables et précieux.

assemblage infographique des pages relatives aux évangiles et transmissions par le livre, dans le Beatus de St Sever ( dans les Landes). Cohérence exceptionnelle des styles, combinant les audaces colorées et les inventions de compositions sur le principe de séries et de variations.
Beatus, afin de rendre plus accessible l’ Apocalypse de jean, y adjoint des parties didactiques de l’ancien testament, d’abord par la présence d’ Adam et Eve ainsi que du monde créé.

Extraordinaires Adam et Eve, dans le Beatus Facundus, du début 11e. Bien qu’anatomiquement décalés, il y a une humanité incroyable dans leur posture et dans leurs regards. L’arbre de la connaissance, est de type palmier, ce qui marque aussi les influences méridionales . le palmier est aussi l’un des thèmes symbolique des Beatus.

La mappemonde du Beatus de San Andres de Arroyo ( sans doute 12e.), unique par sa composition parfaitement circulaire, la où les autres sont en ellipse. Les couleurs naturalistes, sont elles aussi une exception. On repère Adam et Eve dans leur bulle. Noter aussi la double page, qui donne une idée de la dimension de l’oeuvre.
Il introduit encore le déluge et les histoires de Noé, de Daniel, il y trouve la même valeur de terreur et de révélation aux élus.

Dans cet assemblage du Beatus de St Sever, on repère plusieurs scènes de l’ancien testament, Daniel, Noé, Nabuchodonosor..Relier le texte de jean aux paraboles plus claires de la Bible est un enjeu de didactique.
La tradition exceptionnelle des Beatus ibériques, est remarquable par l’utilisation de la couleur en lieu et place du graphisme et de la saturation nordique ; ici le « vide » est comblé par l’intensité des couleurs. De manière unique, ces couleurs en a plats ne sont pas des espaces vides.

Le Beatus Facundus, sans doute l’un des plus emblématique de cette utilisation exceptionnelle de la couleur comme valeur spirituelle et délibérément irrationnelle, renforçant clairement la valeur visionnaire du texte. Ici, on devine qu’il s’agit d’une illustration sur double page, aussi la couleur appelle l’étendue, la surface, la grande dimension.
Là , c’est à dire dans les espaces « vides » ou la tradition romane et préromane a tendance à voir de l’inachevé anxyogène synonyme d’imperfection et d’errance, les préromans ibériques, usent de l’intensité lumineuse.

la destruction de Babylone, dans le manuscrit de la Bibliothèque de Pierpont est l’une des versions les plus colorées et les plus intenses. Pièce ancienne, avant le 10e.
Dans la tradition nordique l’entrelacs est une dérivation de l’écriture, les entrelacs et labyrinthe sont comme des lignes mêlées, la surface étant comblée par la saturation et la quantité, réflexe premier.
Les ibériques explorent la densité lumineuse, plus qualitative que quantitative!
Pour Beatus, il s’agit de fait d’instaurer une nouvelle iconographie chrétienne se séparant se l’image byzantine associant uniquement le christianisme au pouvoir temporel de l’empereur .

La croix d’Oviedo, inaugure tous les Beatus, signifiant clairement l’inscription dans un espace réel, physique, celui d’Oviedo, choisie comme capitale de résistance aux hérétiques, par Beatus. On remarque sur cette croix, les influences persistantes des écoles nordiques et irlandaises. Alcuin, conseiller de Charlemagne a sans doute formé certains moines asturiens.
Beatus de Liebana tente de retrouver une dimension mystique, affirmant le pouvoir spécifique des religieux face au pouvoir temporel.
Pour celà il inscrit aussi nombre de généalogies, qui valident les descendants chrétiens, comme Santiago par exemple, supposé être frère de Jean….De même seront établies les généalogies royales, Beatus voulant lier les princes d’Asturies à un destin chrétien.

Les tables généalogiques se déploient sur plusieurs pages dans le Beatus de St Sever. l’utilisation de l’or démontre l’importance cruciale apportée à cette dimension de continuité temporelle. On remarque en même temps l’invention stupéfiante des diagrammes sur le principe des arborescences.
Il est opposé aux dérives arianistes et/adoptionistes des clercs chrétiens de Tolède; ceux ci sont en cheville avec les princes berbères musulmans car il y a compatibilité entre les thèses adoptionistes et la vision islamique sur Jésus ( simple prophète).
Beatus de Liebana, s’appropriant l’un des textes les plus obscurs, s’en fait l’interprète ; il identifie subtilement l’antéchrist ( jusqu’alors assimilé à Néron, persécuteur) aux princes musulmans et les hérétiques aux damnés etc.

Les combats multiples de l’ Apocalypse, sont autant de modèles pour les guerres religieuses qui confrontent les chrétiens aux musulmans aux 8e et 9e siècle notamment, jusque’ à Poitiers bien sûr. Ici Le « beato Valcavado » , une double page d’une densité impressionnante.
Il attend de nouveaux temps, ou un nouveau prince pourra refonder un royaume chrétien ; sur le modèle carolingien, mais en Asturies d’abord, puis sur la péninsule ensuite.

Le seul Beatus portugais, celui de Lorvao..Ici, la prostituée de Babylone comme l’une des figurations allégorique des hérésies multiples de ces siècles troublés.
Beatus contribue à instaurer la figure de Santiago, sauveur de la péninsule, martyr chrétien, frère de Jean l’évangéliste. St Jacques, représenté sur son cheval blanc, cavalier combattant, va devenir l’icône de la reconquête de ce territoire et les pèlerinages vont drainer des foules, de l’Europe du nord jusqu’en Galice, en passant par le pays navarrais, Basque, la Cantabrie et les Asturies.

De nouveau le Beatus facundus ; ici les 4 cavaliers de l’Apocalypse ; le cavalier sur son cheval blanc servira vraisemblablement de modèle pour Santiago matamores.
Par retour, les pèlerins, artistes, prêtres, passant se rendant à St Jacques, consolident l’implantation chrétienne en péninsule ibérique -nord, mais se forment et se ressourcent auprès des monastères soudés autour de la force religieuse des manuscrits inspirés par Beatus.

Beatus de Gerona, ici aussi, le cavalier blanc, épée à la main, brisant le sceau. On remarque que la présence d’entrelacs de type nordique va de pair avec une perte de densité des couleurs.
Ils en repartent avec cette nouvelle iconographie, spirituelle, magique, superstitieuse et fantastique de l’ Apocalypse. Les jugements derniers, absents de la tradition byzantine et romaine se multiplient sur le territoire européen roman.

La représentation finale de l’ordre enfin trouvé à la suite des dévoilements successifs, servira de modèle aux paradis et royaumes des cieux. Ici, manuscrit de Sto Domingo de Silos, l’un des plus anciens, 9e siècle.
le christianisme, tend à se distinguer du pouvoir temporel, pour mieux le compléter, comme un contre pouvoir.
On peut, sans forcer, considérer que les splendides manuscrits inspirés des commentaires de Beatus de Liebana, sont à l’origine de l’iconographie romane.

Encore le manuscrit dit de Pierpont, ou l’ordre symétrique se met en place avec le triomphe de l’agneau avec la croix de la résurrection, symbole christique ; manière de valider la figure contestée de Jésus comme fils de Dieu. Ce type d’organisation symétrique et géométrique se traduira de façon plus ou moins variée dans l’architecture. On note cependant ici des fantaisies et des libertés iconographiques et une invention très vivante, pour les anges musiciens, très dynamiques.
Les Herbiers
inspirés de Dioscoride (Pedanius Dioscoride né vers 40 après J.-C. à et mort vers 90 après J.-C., est un médecin , botaniste et pharmacologue dont l’œuvre a été la source principale de connaissance en matière de plantes médicinales durant l’ antiquité ) ; ces herbiers ne présentent quasiment jamais de cadres ; sont souvent en pleine page et ne subissent que peu d’ évolution stylistique, du 6e au 15e siècle.
- Extraits d’un « Dioscoride », manuscrit du 8e siècle. Qui sert de référence à de nombreux herbiers ultérieurs.
le savoir est immédiat ; l’objet d’étude à l’ échelle de la page ; il en partage la nature plane : feuille/page. la question graphique est nettement évidente, par les nervures, tiges.
L’occupation de l’espace est homothétique ; la manière dont le plant pousse est immédiatement en composition identifiable, la plante occupera l’espace de la page, voire de la double page.

Dioscoride plus récent, du 14e siècle, il y a effectivement peu de variations pour ce type de manuscrit, la définition spécifique du contenu se prêtant moins aux variations et interprétations.
On devine ici l’influence du « Tacuinum », avec la mise en scène de la cueillette.
La couleur est une question en partie résolue ; on retient de la plante essentiellement le feuillage et la structure.
Dans les pages suivantes, les Tacuinum proposent une version plus complète de l’herbier traditionnel
Dans cette page du Tacuinum, Ibn Al Butlan reprend le sujet de la mandragore, avec l’association ancienne au chien et aux figures humaines.
De manière particulière, le sublime traité de Ibn Butlân, Taqwim es Siha , présente plus les plants, en contexte, de l’espace, de la fonction, de la cueillette, de l’usage, du jardin.
(Ibn Butlân (v. 1001-1066) est un médecinirakien. Il a écrit le taquwim al Sihhah « La préservation de la santé », traduit en latin, sous le titre de Tacuinum sanitatis. Le nom d’Ibn Butlan est également connu en astronomie car il a été le seul chroniqueur extérieur au monde chinois à mentionner par écrit l’observation de la supernova de 1054)
Alors que les Dioscorides, sont accompagnés de textes relatifs aux usages, environnements et propriétés des plantes ; les plantes aromatiques et médicinales ; les simples.
Ce monde entier et précieux de savoir, semble être le seul vraiment établi de manière continue dans les manuscrits.
On mesure l’enjeu des sorcières et le pouvoir essentiel lié à la connaissance des plantes.
les généalogies royales, supposent des structures en arborescences assez étonnantes, que l’on retrouve aussi dans des généalogies bibliques.
les atlas, cartographies, descriptions de territoires, échappent aussi aux cadres. Ainsi que les guides de voyage.
les représentations du cosmos, observations astronomiques et mathématiques.
manuscrits « de besace » s’il en est.
La généralisation de l’imprimerie génère la fin des manuscrits.
Au milieu du 15e siècle, les savoirs-faire des enlumineurs passent progressivement aux graveurs d’une part et aux peintres de tableaux ; essentiellement dans le nord ( primitifs flamands). Il subsiste les manuscrits d’études, les manuscrits précieux et princiers.
GRANDES TENDANCES PAR ÉPOQUES
Il est un peu artificiel de séparer les siècles, on le voit en peinture, notamment dans le passage du 14 au 15e qui est marqué par des ruptures majeures : la guerre de cent ans ( 1350-1450- en gros) et la fantastique et meurtrière Peste Noire ( 1347 et décades suivantes) qui bouleversent toute l’ Europe, particulièrement Italie-France-Angleterre.
Le 15e est bien sûr aussi, le temps de l’invention et de la généralisation de l’imprimerie, coup fatal.
6-7-8-9
Peu de manuscrits enluminés ; essentiellement des textes religieux. Evangéliaires comparés. Par contre, du fait de l’éclatement de l’Europe, les styles sont très variés et dénotent des héritages locaux, des traditions régionales fortes.
Quelques cas remarquables, les Enluminures et pages de Raban Maur, qui évoluent peu et sont une sorte de prière écrite et peinte ; ou la symbolique des nombres , des mots et des formes se croisent, autour de la croix.
le fameux et stupéfiant psautier d’Utrecht, qui sera recopie. Une extraordinaire virtuosité graphique qui semble dériver des peintures tardives de Pompéi.
les enluminures celtiques, le fameux Books of Kells ; perpétuant un héritage viking et celte à la fois.
les évangiles méditerranéens, marqués par l’art byzantin des églises orthodoxes, dernières héritières de Constantinople.
10e-11e
Variétés régionales. mais tendance à l’homogénéisation lente. essentiellement religieux. figures non anatomique ni individualisées.
12eme
Nombre d’évangiles mettant en scène par les illustrations, les évangélistes comme copistes et écrivains ; il y a comme une validation du texte écrit, qui rejaillit sur les copistes eux mêmes.
l’importance de l’écrit se confirme par les lettrines et les têtes de chapitre.
Sur nombre d’entre elles se voient des figures tenant des phylactères, garants de l’univocité contre la polysémie de l’image.
Il y a deux pôles clairs à cette époque dans les enluminures : le pôle discursif et sacré autour de l’écrit, de la parole et de la géométrie et le pôle irrationnel autour du bestiaire imaginaire des entrelacs, des digressions, du merveilleux.
importance religieuse.
Grande variété des styles, sans doute du fait d’une certaine dispersion et hétérogénéité politico-culturelle.
Distinction des « écoles » particulièrement méditerranéenne, orientale et nordiques..Byzance-Rome-Paris…mais unicité du latin.
paradoxalement grande lisibilité des textes, mise en page, justifications et paragraphes clairs ; séparation des signes..distinction
Établissement de dogmes, début de scènes repères dans l’iconographie, de canons, renaissance culturelle ( gothique- voir Panofsky » la Renaissance et ses signes… »)
13eme
curiosité, bestiaires, herbiers, diagrammes…découverte de la diversité de cette nature cohérente et continue.
Mise en place de structures de pensées, de systèmes « horizontaux » comme arborescences, diagrammes circulaires.
les textes religieux sont plus variés ; bibles historiales, vies des saints, légende dorée, apocalypses commentées.
Rien sur l’architecture.
découverte d’ Aristote et des grands systèmes.
Liberté stylistique, variété..maîtrise du monde, mais toute variation est intégrée dans une totalité.
Les figures, bien que souples et ondulées, restent stéréotypées, quels que soient les registres. Elles sont toujours soumises à des structures contenantes : fonds décorés, cadres ornés. C’est la grande tendance unifiante du gothique qui se traduit ici par une cohérence graphique.
14 eme
Multiplication des manuscrits, importance des moulins à papier.
Intégration et fusions ; peu de profondeur voir absence totale. Souplesse des corps et postures, échanges, continuité, linéarité.
Espace homogènes. Fonds décorés de motifs géométriques très denses, assimilables à la densité des mosaïques.
Choix et pensée esthétique. Affirmation de style. Importance du dessin.
Sorte de figures standard.
sujets divers- sciences-medecine-nombre de fables et aventures ( Fauvel- Fauvain)
Nombre de littératures et d’histoires ( Christine de Pisan, Roman de la Rose Guillaume de Lorris et Jean de Meung- Guillaume de Machaut- Renard- Cycle arthurien- Histoire d’Alexandre, de César).
A noter que pour Christine de Pisan ( de Perthes en Gâtinais), pour Machault et Phebus, les biographies se mêlent aux histoires et à la renommée des textes ; les vies des auteurs sont remarquables.
Traités de chasse : Gaston Phébus
Établissement de grandes chroniques traduisant la mise en place d’identités régionales : chroniques de France, d’Angleterre, d’Espagne.
Monde continu, du fantastique au quotidien, du religieux à l’expérimental ; du légendaire à l’historique.
Intégration à un cadre.
Idée centrale de destins individuels possibles et d’une certaine autonomie du corps dans l’espace ; il est possible d’agir sur le monde ( par l’action, la pensée, la découverte)
15eme
Chroniques, littératures, livres d’heures…émergence de figures, autonomie des corps dans l’espace
modelé et profondeur.
décors spatiaux, éléments climatiques. Corps plus ronds et pleins. disparition du dessin et des contours.
Thèmes autour d’histoires, de narrations. C’est à dire l’individualisation, la séparation, la capacité d’action sur le monde.
Importance de modèles ( César- Alexandre- Martyrs-Héros divers) et d’une quête de soi : Pizan, la recherche philosophique, l’épanouissement personnel : « le chemin ».
Séparation progressive des savoirs, pensée plus verticale et conceptuelle.
Séparation des langues ( français-italien-allemand)
Paris-Angleterre: fleuri et très décoré
Italie : miniatures de peintures, tableaux ouverts- colorations délicates.
Allemagne-Flandres : dessin, modelés.
Quelques images évoquent une réflexion esthétique : Narcisse-Apelle( ou Zeuxis) Irène, Pygmalion….
voilà un lien par mail : olijullien@gmail.com