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La multitude incroyable de documents demande des approches diverses ; thématiques, chronologiques, régionales. Par ailleurs, à chaque fois, un seul exemplaire d’illustration est proposé, mais il faut imaginer que pour chaque image publiée ici, il y a plusieurs dizaines de propositions possibles, les herbiers et bestiaires, les bibles ou traités de chasse, et encore chroniques comportant des centaines de pages parfois! !Il faut dans ce cas essayer de consulter directement auprès des bibliothèques mettant en ligne ces trésors.Nous assistons, grâce à la numérisation des milliers de manuscrits enluminés ou non, conservés dans les grandes bibliothèques, à une véritable révolution esthétique.
En effet, pour découvrir le moindre manuscrit, il fallait jusqu’à présent, des autorisations, justifications et procédures particulières et individuelles justifiées.
Consulter un manuscrit était un privilège, limité dans le temps. Il était impossible de réaliser des copies complètes ; aucune exposition publique du manuscrit entier ne reste possible ; la dernière exposition au Louvre d’un manuscrit des frères Limbourg, montrait bien l’extrême difficulté de présentation ( découdre les pages- choisir le recto ou le verso! etc..et n’a été possible que du fait de la restauration dudit manuscrit.).
L’actualité montre aussi comment ces livres, sont aussi une mémoire extraordinaire de la diffusion des idées, par exemple ceux de Tombouctou, menacés par l’iconoclasme obscurantiste.
Les manuscrits exposés sous verre, sont ouverts à des pages précises et ne peuvent être feuilletés.
Il y avait encore la solution iconoclaste utilisée jusqu’à présent par des collectionneurs, qui était de découper les enluminures et de les décontexter…..ceci peut se voir encore au musée Marmottan, mais témoigne de pratiques révolues.
Nous entamons à présent une plongée magnifique dans des milliers d’œuvres, grâce à la mise en ligne de ces trésors.
Les photographies ou scans, permettent des reproductions de qualité, permettent de collecter l’ensemble des pages, permettent les agrandissements à loisir.
A partir de enregistrement de milliers de manuscrits enluminés de la British Library et de la BNF ou du site e.codices ( Suisse), je propose une première approche de ce phénomène artistique extraordinaire.
Je renvoie également aux articles et galeries abordant des manuscrits de façon plus précise :
Les manuscrits de Romans Arthuriens et encore: Book of Kells, manuscrits irlandais et carolingiens. mais aussi Le Tacuinum Sanitatis d’ après Ibn Butlan puis également : Beatus de Liebana-Apocalypses
Notes sur les manuscrits
Dans cette galerie, il n’est pas question de rivaliser d’érudition avec des médiévistes, mais de chercher à repérer des tendances et des logiques de création, au regard des autres pratiques artistiques voisines, du vitrail, de la peinture et de la sculpture. Il y aussi une nécessaire approche nouvelle, du fait de l’importance première de l’écrit. Peu de textes ont été écrits par des plasticiens sur ces manuscrits, voici quelques pistes de connaissance et de réflexion.
Points communs aux différents manuscrits
approche formelle :
Il s’agit d’un objet précieux. Proche de la tradition orale et de l’intimité car il s’agit bien d’un objet passant d’individu à individu, par le travail unique de la main ; une personne en contact avec le travail d’une autre personne ; intimité de la manipulation, du dévoilement page à page ; rapport privilégié entre le possesseur du manuscrit ou celui qui a la chance de pouvoir le consulter et l’œuvre.
Manuscrit du 12e ; objets précieux pour leur contenu, les herbiers et bestiaires sont des outils essentiels de transmission. Les figures ne sont pas des enluminures mais de véritables documents instructifs.
Il semble encore qu’il existât une catégorie très particulière et non diffusée, et pour cause, de manuscrits apparentés à des journaux intimes de moniales ou de béguines. Non répertoriés dans les bibliothèques des l’époque. Il y a par contre de nombreuses traces de femmes écrivant, enluminant ou/et copiant. Activité de monde intérieur, peut être assimilable en certains points aux activités attribuées aux femmes, coutures, dentelles, etc..( voir le volume « Moyen-Age, de l’Histoire des femmes)
Il y a une variété des styles, y compris pour les sujets canoniques ; il y a de fait peu de lecteurs, des lecteurs cultivés, il n’y a donc pas d’impératif didactique.
Il en résulte une certaine liberté de création. Les risques sont limités pour les créateurs ; pas de scandale public, pas de provocation. Pas d’iconoclasme..il suffit de ranger, de cacher, d’oublier un manuscrit dérangeant ( voir le Nom de la Rose- de U. Eco).
Les supports et outils sont semblables pour la plupart des manuscrits. Parchemin puis papiers ; encres, colles, feuilles d’or…
14e , enluminure inachevée, texte de Jacques de Voragine, la légende dorée..L’on distingue assez bien certaines étapes préparatoires.
Les images et illustrations sont souvent faites par une autre personne que les textes. Parfois les enluminures au sens strict, les cadres, sont eux aussi réalisés par des spécialistes. Les copistes, recopient parfois sans comprendre le texte.
Rapport texte/image
Parfois il y a dissociation claire de l’image et du texte, le texte est primordial et la grande majoritédes manuscrits ne sont pas ou peu illustrés ; certains opus de centaines de pages sont de textes purs, les enluminures, lettrines et illustrations sont donc spécifiques et apportent une valeur ajoutée de densité et de préciosité, mais peu de sens.
Apocalypse du 10e siècle, ici le texte est séparé clairement de l’illustration. Le cas des Apocalypses est particulier, car le texte, étant totalement irrationnel, suggère de véritables visions et interprétations. Inspiré des visions d’Ezechiel, le texte de Jean, puis ses commentaires par le moine Beatusde Lebiana ( Asturies) forme un genre à part et remarquable.
Parfois, comme dans le cas des lettrines, l’écriture elle-même est le prétexte à imagerie : Têtes de chapitres, lettres capitales , cette insistance sur la valeur de l’écrit, et donc de celui qui écrit est récurrente, on le retrouvera plus loin. La mise en scène de l’auteur du texte est aussi chose fréquente ; le plus évident est le cas des 4 évangélistes, qui d’une certaine manière, valident le principe même du livre et de la copie..
Evangile du 9ème, de type méditerranéen. Presque tous les évangiles mettent en avant, l’auteur du texte plus encore que les scènes d’évangile. Signe clair de reconnaissance de l’écrit et du livre. Le livre et l’écriture sont inspirés.
Bible du 9e siècle, ici lettre, texte, enluminure sont liés. Manière claire, calligraphique, de valoriser le texte, la parole ; influence directe du christianisme, la Bible est » le » livre; Jésus dit qu’il est « le »verbe!!
10e siècle, dessin préparatoire mettant en scène l’auteur ou l’illustrateur ou le copiste, comme proche par la pratique..On voit aussi comment le dessin et l’écriture sont proches par nature ; désigner par les traits.
C’est une densification claire du texte, de la lettre, de l’écrit, mais il y a une étonnante fonction digressive ; d’écart, de méta-texte, qui fonctionne comme une pause avant la lecture réelle, comme une échappée sensible avant le commencement d’une lecture concentrée. Ces digressions, fonctionnent comme des pauses, comme des méditations ; on peut presque rapprocher ceci des mandalas tibétains.
Livre d’heures de Troyes, 15e siècle, style français ; exemple éclairant de l’enluminure variable et digressive. Motifs, scènes périphériques, rinceaux …
Dans ce cas il y a un intérêt particulier, car la lettre devient une forme déclencheuse d’images. Les variations autour de la lettre P par exemple sont extraordinaires et fonctionnent comme un principe presque oulipien. La contiguïté du sens écrit, de la fixation de la parole et de la pensée et de l’image génère une interaction stylistique et une dépendance de l’image et du texte.
Manuscrit du 13e .Une des nombreuses lettre « P » transformée en combinant la contrainte formelle et l’imaginaire ouvert. Cette logique médiévale est significative de cet art combinant sans cesse l’ordre et le désordre, la structure et le mouvement.
L’image perd en autonomie, mais paradoxalement, accompagnée du sens, gagne en liberté car elle n’a pas l’injonction de concentrer le sens et le sacré.
L’image est libérée du hiératisme, du lieu sacré, du rapport au groupe, au public. Elle peut acquérir de ce fait une souplesse. L’image est libérée de la didactique.
Elle perd en densité symbolique, mais gagne en densité « marchande »( comme objet précieux). Il y a donc tendance à la prouesse, au « morceau de bravoure » et/ou à la préciosité ( or etc.)
Le Book of Kells, 8e et 9e siècle, Irlande, c’est l’un des exemples les plus fameux de cette densification, par l’entrelacs,le labyrinthe, les spirales. La lettre devient un monde fractal, loin de la figuration ; monde de méditation proche des mandalas. La qualité précieuse, associe l’enluminure aux broderies et orfèvreries, arts des cultures nordiques essentiellement. L ‘Irlande est un monde artistique spécifique. Chrétiens insulaires coupés de Rome par les « invasions », les irlandais développent un art spécifique et très marqué de traditions celtiques.
La rareté des livres et parchemins et papiers suppose une densité de l’objet. Les livres sont donc épais, fournis ; conçus comme des sommes, des compilations.
Il existe quelques grandes tendances iconographiques ; les cadres et enluminures relèvent souvent du même registre, à savoir l’architecture. La notion de cadre au sens de TEMPLUM reste prenante ; c’est ce qui désigne le lieu du sens. La grande majorité des images sont donc cadrées, entourées, séparées du texte ; sauf dans les cas particuliers qui sont développés plus loin.
11ème siècle, histoire de St Aubin, Angers. le cadre est ici marqué et isole clairement l’image afin de l’instituer comme sacrée et pleine de sens divin. Il s’agit d’une « vie de saints ».
De manière cohérente, architecture et écriture sont deux pratiques jumelles ; les formes géométriques primaires sont le repère ( cercle-triangle-carré) ; écriture et architecture instituent le rapport au sens ( le templum) et constituent la scène, donc le cadre!!! Architecture et livre sont des lieux consacrés, dédiés ; dans l’un on rentre par le corps, dans l’autre par la pensée.
Evangiles comparés ( synoptiques) du 9ème siècle. De manière claire, les 4 évangiles sont associés aux colonnes, qui sont à la fois cadres, piliers et « temple ». Cette présentation sous forme de cadre architecturé est extrêmement fréquente jusque tardivement, bien après le 9e siècle. Isoler ainsi les figures ou les textes, les institue comme repères.
Les manuscrits hébreux sont très proches pour le cadre, la calligraphie et la densité ; il semble que la logique de l’objet l’emporte sur la culture ou l’approche religieuse ; même univers et donc un style parfois très proche malgré les différences de culture. De même pour les manuscrits en grec et arabe ou farsi.
Texte en hébreu du 132e siècle ou l’on observe la même logique de densité et de sacralisation de l’écrit, de la lettre, avec les mêmes outils et moyens.
Différences régionales
Dans le nord, il y a une tradition de la maîtrise et du détail héritée des arts précieux : orfèvrerie-broderie ; dont on dit qu’ils sont la continuité des arts nomades ; les peuples nomades transportant avec eux leurs tradition et leurs richesses, tels les vikings, germains divers, juifs etc..
La tradition de l’entrelacs et des nœuds est commune à la broderie à l’orfèvrerie et se retrouve donc significativement dans de de nombreuses enluminures nordiques. Ce style influencera nettement la décoration des premiers bâtiments préromans et romans.
La tradition des peuples établis et sédentaires depuis des millénaires ( sud-méditerranée) reste plus liée aux couleurs, aux surfaces, aux murs, au volume (tradition des sculptures et fresques).
Manuscrit méditerranéen du 9ème siècle, typique de la persistance de l’héritage gréco-romain des fresques, du modelé et de l’importance accordée à l’anatomie et à l’autonomie des figures.
9ème siècle, Prudentius, le sujet est la « psychomachia »humilité tenant la tête d’orgueil!!. Reims, nette tendance illustrative et graphique que l’on retrouvera souvent dans la zone germanique et d’Europe centrale. Cette psychomachie de plusieurs dizaines de pages est remarquable de liberté et d’invention .Le succès de ces allégories moralisante est grand et se prête bien aux images, les vertus et les défauts étant signifiés par des figures distinctes
La grande tendance sera progressivement de fusionner d’une certaine manière ces styles opposés, au fur et à mesure de la réunification chrétienne et de la circulation des manuscrits autour des savoirs et de la religion..Il restera cependant des différences régionales notables,y compris dans les manuscrits germaniques, plus graphiques.
Le manuscrit est à la fois objet précieux, transportable ET établissement de savoirs, de continuité, de stabilité, nécessitant un lieu spécifique, la bibliothèque, le cabinet de lecture, etc..Dès les 11, 12 et 13ème siècle, le genre « livre » se multiplie et intègre tous les éléments les plus valorisants. La diffusion du papier et des moulins à papiers va encore favoriser la diffusion.
13eme, Manuscrit de « besace » typique d’un genre associant les cadres précieux, les lettrines soignées, les figures observées.
13ème siècle, Autre aspect de cette homogénéisation , texte, commentaires et illustrations, densifient un texte précieux d’ Aristote..l’héritage grec circule.
13ème, Géométrie et calculs de Sacrobosco; Une attention remarquable de finesse et de précision est manifeste dans ces schémas.Tout savoir mérite attention et densité. Les manuscrits dits de « besace » ne sont pas négligés.
Vers le 15eme siècle et la fin de l’art des manuscrits, on retrouve de nouveau des différence régionales plus marquées.
La fin de la période dite « gothique » est aussi la fin de cette unité culturelle européenne. On peut déceler de réelles différences stylistiques grossièrement assimilables à des pratiques régionales. Le découpage en « genres » ne recouvre pas l’ensemble des productions, et on peut voir des manuscrits allemands réalisé en genre « français », qui reste semble t-il le genre dominant ; le territoire « français » est à cette époque très largement plus peuplé qu’aucun autre. Cependant l’imprimerie ( Gutemberg après 1450!!) relativisant les manuscrits génère des pratiques plus « artistiques » . Le passage tendanciel à la peinture de panneaux et tableaux ou fresques influence en retour les images des manuscrits.
Je propose ici un rapide aperçu de ces tendances artistiques régionales.
genre français/flamand, grande minutie des scènes cadrées ; gamme de couleurs à dominantes bleues vertes et rouges. mais surtout une profusion de motifs digressifs et décoratifs ; fleuris et occupés de figures animales. Les scènes deviennent des petits tableaux. La maîtrise flamande des drapés et volumes comme de la perspective empirique se repère dans ces miniatures.
« le chemin de longue étude » de C. De Pisan, typique du manuscrit français du 15ème. Des modelés, un espace tridimensionnel maîtrisé, des postures sinueuses et une certaine liberté de proportions. Les cadres et motifs décoratifs sont nombreux et très soignés.
Une page complète du style « français », version du Roman de la Rose, roman très fameux, mais critiqué par C. De Pisan et Guillaume de Digulleville….On voit clairement la densité des motifs non narratifs, véritables fugues, qui reprennent la tradition des entrelacs de contemplation des manuscrits nordiques.
Livre d’heures du 15e, ( Troyes). Ici encore le style dominant, français.
15e, Jean Froissart, l’un des plus célèbres auteurs est ici illustré dans ses chroniques de France..avec un sens exceptionnel de l’espace et de la composition.
Les chroniques de Froissart encore, on repère bien l’inscription dans l’espace tridimensionnel, la miniature devient un petit tableau, une petite fenêtre et tend à être de plus en lus autonome du texte. L’illustrateur de Froissart sait parfaitement jouer de la composition au premier plan et de la profondeur de champ.
genre italien, Pratiques très proches des grands artistes primitifs italiens, Duccio, Giotto, Martini etc. et de la renaissance florentine, notamment Fra Angelico.. tendance au raffinement des poses et couleurs, ainsi qu’une grande cohérence spatiale montrant bien l’habitude déjà acquise de la perspective.
Dans ce manuscrit italien, de la Divine Comédie, on remarque clairement la culture déjà très avancée en Italie de la représentation de l’espace, des éléments paysagers et même climatiques ; les couleurs et l’art de l’espace ouvert.
Manuscrit italien du 15ème sur les vies des papes ; ici Jean XXII. Peinture comparable aux Fra Angelico par la délicatesse des couleurs, des modelés et des cieux. Les signes climatiques ( nuages) sont typiques de l’inscription progressive dans une réalité et l’usage du faux marbre est une constante chez Angelico également,comme figure du divin.
genre germanique, nette tendance au graphisme et aux figures libres hors cadre. Plans plutôt rapprochés et peu d’importance accordée aux architectures. La tradition de la ligne se repère encore au 20e siècle dans la pratique de la gravure sur bois des expressionistes .
15ème, Chronique allemande antipapiste, assez représentative du style graphique.
Bible historiée germanique du 15ème. Graphisme et dynamisme des figures, même pendues!!
genre anglais, peu différent des styles franco-flamands. Les liens sont encore plus qu’étroits entre les 2 rives de la Manche.
15ème, Livre d’heure du rite de Sarum ( rite anglais avant le schisme anglican). Martyre de St Erasme (déboyauté!! fiction totale). Le style est très proche du style continental dominant.
CONTENUS
Objet dense dont l’ usage est complexe et varié ( encyclopédies-internet). Nous avons dit que l’on repérait trois sortes de manuscrits : les manuscrits de Besace, ceux de Lutrin et ceux de Main. Nous allons maintenant reprendre ces genres de façon plus développée . Je propose pour chaque catégorie ( besace-main-lutrin), une présentation chronologique par siècles et période.
De BESACE, désigne les manuscrits utilitaires, calendriers et zodiaques- herbiers- traités d’hippiatrie-cartes de voyage– traités de médecine. Ils sont moins nombreux, mais intéressant car échappant souvent aux codes de représentation esthétique, privilégiant une certaine fonctionnalité de l’image.
le type même du manuscrit de besace est le « Dioscoride », déjà au 8ème siècle, ici, au Sinaï, écrit en grec et annoté en arabe! D’après des textes grecs. Ces « dioscorides » seront les herbiers les plus répandus. La mise en page est toujours fonction de la nature de la plante, qui échappe toujours au cadre et est présentée de manière complexe, avec contexte, pouvoirs et légendes afférentes.
Encore un texte du 9ème, ce manuscrit tiré de Cassiodore, illustre les 4 « jambes » des mathématiques : géométrie, musique, algèbre et astronomie, d’un savoir puissant qu’il faut tenir en laisse!
Un texte très répandu, les magnifiques constructions harmoniques musicales de Boèce. Ici, un manuscrit italien du 11ème.
Astronomie d’après Cicéron, Orion et la constellation du chien. Les almanachs et traités d’astronomie sont aussi parmi les plus répandus des manuscrits de besace…Ici, 10ème siècle.
Traité médical et pharmaceutique du 12ème. Il s’agit bien d’un livre d’usage. Les illustrations ont une fonction claire et scientifique avant l’heure.
Bestiaire troyen du 12ème. le sacrifice du pélican ; se mêlent dans les bestiaires, des informations naturalistes et des attributions symboliques, magiques et/ou religieuses.
Guide de voyage du 13ème, jusqu’à Jérusalem, à l’usage des croisés, guide du routard, étape par étape
Technique mnémonique autour de la main, 13è. Texte de Sacrobosco. relatif à l’astronomie,idée du microcosme et du macrocosme.
Page du carnet de Villard de Honecourt, 13ème siècle. Unique en son genre, dans la mesure où il traite de savoirs artisanaux, réservés à la tradition orale et secrète ( manière de préserver et de faire valoir les savoirs faire des artisans et ouvriers). Entre le carnet de voyage et le catalogue de modèles. Cas assez particulier ou le texte et les illustrations sont de la même main.
Traité grec d’ hippiatrie du 14ème. ( ce traité, comme les autres comporte plusieurs dizaines de pages), ici, les douleurs à l’épaule. On constate dans ces manuscrits, un certain naturalisme, absent des représentation sacrées.
Traité d’astronomie de Johannes Sacrobosco ( Holly Wood!!) ; 14ème siècle.
Herbier du 14ème siècle de Manfredus de Monte., extraordinaire déploiement de l’image débordant sur le texte ; la reconnaissance et la mimésis du cocotier, étant essentielles dans le cas très spécifique des herbiers, à vocation thérapeutique , nutritive, voire magique bien sûr.
Herbier italien ( plus modelé, influencé par la peinture « majeure » italienne) Sérapion le jeune, 14ème siècle également.
Genre d’almanach du 15ème avec les 4 humeurs, classification des caractères ( bile, sang, lymphe, noire).
De MAIN, désigne les livres d’heures, les psautiers, les romans, les chroniques, certains atlas et même herbiers précieux ou traités de chasse. Ce sont de loin les plus nombreux, surtout à partir du 14ème siècle.
évangiles d’Echternach, 8 ou 9ème siècle. Livre susceptible d’être manipulé, mais précieux cependant.
Le célèbre et incroyable Psaultier d’Utrecht, 9ème. Chef d’œuvre de virtuosité et d’invention graphique. Ecole germanique. Typique de la richesse de la « renaissance carolingienne ».
version romane du psaultier ; détails d’une vie extraordinaire.
l’une des 28 pages (7X4) de la glorification de la croix par Raban Maur,manuscrit très réputé et recopié pendant des siècles de façon rigoureuse. Essentiellement graphique.
Manuscrit turc du 9ème siècle, en grec ; paysan préparant un onguent contre les vipères!!Extrait d’un livre mêlant légendes, herbier, bestiaire et astronomie
Un psautier du 10ème. Typique du manuscrit de main, livre de prières. On notera la figuration de texte écrit sur une sorte de phylactère. Validation en abyme de l’écriture.
11ème ,Auch, un tonaire ( traité de musique) caractéristique par les couleurs de l’influence espagnole.La présence du jaune notamment.
Lettrine de la bible des capucins ; là encore figuration de l’écriture dans l’illustration. Le 12ème voit une véritable flambée de manuscrits illustrés et enluminés ; c’est une des grandes période d’unification.
Dans la Bible de Worms’ 12ème, toutes les lettrines sont associées à un saint tenant un écrit à la main…
Bible de Justinien, 13ème, Italie. On note clairement la tendance aux couleurs assez largement étendues plutôt qu’au trait, pratique assez clairement identifiable comme d’origine italienne.
Livre d’heures du 13ème,avec la trahison de Judas inscrite dans la lettre. On remarque d’extraordinaires et libres digressions graphiques.
Le bestiaire d’Aberdeen, 13ème ; l’un des plus beaux avec ses fonds dorés à la feuille. Raffinement des modelés et élégance des formes. Ici, la création des animaux. Les bestiaires sont nombreux à partir du 13ème et démontrent l’intérêt croissant pour le monde physique.
Bestiaire anglais du 13ème. Les différentes qualités du chien, y compris la fidélité au maître mort!!
Bestiaire du 13ème, animaux marins……
Beau psautier du 13ème, sur lequel on voit se constituer l’iconographie classique des scènes du nouveau testament; ici, la trahison de Judas.
Chronique d’histoire ancienne : ici une scène de l’ Illiade….les anachronismes de costumes et tenues sont normaux, car c’est le début de « l’histoire »; la vie de César et le « Roman d’Alexandre », sont diffusés avec le même regard que les légendes arthuriennes.
Le même livre de Georgius Zothorus ; ici le Capricorne. On notera la différence de traitement,entre les pages consacrées aux attributs et les pages représentant les signes proprement dit, presque divinisées par le cadre, le fond et la finesse des modelés.
Traité de médecine de Roger Frugard de Parme, 13ème. Les premières vignettes sont tirées des évangiles et en quelque sorte, valident et autorisent les vignettes suivantes, plus fonctionnelles, codifiant des maladies par des postures. le langage du corps exprime de manière assez nette une autonomie croissante du corps et des individus, qui se meuvent dans l’espace.
Extrait d’un rouleau du 13ème, représentant la généalogie du royaume d’Angleterre…extraordinaire structure, impossibilité de cadrer et de fixer le flux des ramifications.
Au 14ème siècle,la profusion de manuscrits est telle que je propose ici une première suite des manuscrits dits de main….et en premier lieu, des exemples de manuscrits religieux.
Bible du début du 14ème, de James le Palmer; instruments de la passion. La structure en vignette est bienpropre aux manuscrits; comme un effet catalogue. Les fonds géométriques et à motifs, sont une rémanence des arts des vitraux gothiques et démontrent une réticence à disposer les figures dans la profondeur.
L’arbre des vertus ; le modèle de pensée en arborescence est fameux et opère un contrepoint dynamique aux organisations symétriques. Psautier du 14ème.
Livre de prière pour les frères mineurs ; illustration italienne du 14ème siècle, de Marie Magdeleine, revêtue de sa seule chevelure. Le type de représentation est évidemment proche de l’art des fresquistes toscans et siennois, dont Giotto est le plus fameux représentant.
Miroir pour le salut des âmes, 14e. Genre particulier de récits mis en parallèle. Ici, naissance de Marie et généalogie avec l’arbre de Jessé. Très beau travail de modelé en grisaille.
Même type de manuscrit et même sujet, traité à l’italienne.
Bible en hebreu de Joseph Kara, 14e. Malgré l’iconoclasme revendiqué de la tradition juive, il existe de remarquables illustrations ; ici le livre de Ruth.Il est remarquable également de noter la similitude de style, par delà la différence de culture religieuse .
Psautier et livre d’heure du rite anglais de Sarum; magnifique synthèse des entrelacs, lettrines et enluminures figuratives au 14e.
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Bréviaire catalan de Martin, 14e. Annonciation très complexe et cadres prodigieusement denses ; ici, comme dans le bréviaire anglais, rencontre de traditions nordiques et méridionales.La catalogne et les flandres sont très tôt liées ; ce qui peut expliquer la finesse de la représentation de l’espace intérieur, qui constitue une spécificité flamande.
14e. Un genre qui se répand après la légende dorée de jacques de Voragine est le livre relatif à la vie des saints ;ici, Louis 9, sanctifié et popularisé par de nombreux miracles comme celui de Jeanne de Melun! image très illustrative, dans un style commun sur lequel nous reviendrons plus loin.
Dans la catégorie des vies de saints du 14e, les martyres comme celui de Barthélémy sont fréquents. La stylisation rend supportable cet écorché vif, tel Marsyas.
Du même manuscrit, cette Ste Agnès vêtue par un ange bienveillant est moins tragique!!
manuscrits de main- (suite), Nous poursuivons maintenant une galerie extrêmement riche et variée des manuscrits non religieux du 14ème siècle : chroniques historiques, romans, traités….le tout parfois fort mêlé….
Manuscrit napolitain du 14e ; dans un style très singulier, une chronique populaire de l’histoire ancienne jusqu’à César ; ici le sac de Troie!! Les couleurs acides et la stylisation des figures sont exceptionnelles, tout comme ces pages entièrement peintes.
détail d’une page du manuscrit précédent( Naples,14e). Scène de bataille entre grecs et troyens!!
14e, La chronique de Du Guesclin ; le siège de Melun..on commence à voir se multiplier des héros historiques proches, qu’ils soient saints ou valeureux; la possibilité d’agir sur le monde se traduit aussi par la diffusion des actes, par l’écrit, et par une figuration de plus en plus soignée de l’espace.
14e ; dans un style proche, la glorification des croisés. ici Godefroy de Bouillon arrivant à Antioche. Se constitue progressivement une légende européenne et chrétienne de plus en plus cohérente.
Alexandre, le plus remarquable des « chevaliers » ; le Roman d’Alexandre est l’un des récits les plus diffusé. Ce manuscrit italien du 14e est nettement différent des précédents par sa volonté d’inscrire les scènes dans un espace paysager et naturel.
14e, Grandes chroniques de France, Exécution d’ Enguerrand de Marigny ( templier) par Philippe le Bel. Nous retrouvons une histoire presque récente et le nombre de manuscrit relatant les exécutions est important, comme consolidation du pouvoir et manière d’assumer des actes d’autorité.
14e. Manuscrit italien de Bologne, sur la législation, ici celle des chantiers. Toujours le style italien très abouti et maîtrisé dans le domaine de la perspective empirique.Les échanges avec les grands peintres sont nombreux ( Duccio-Giotto-Lorenzetti etc.)
Manuscrit milanais du 14e. version dite « Guiron le courtois » des légendes arthuriennes. le combat de la douloureuse garde. Ici une extraordinaire maîtrise des modelés et de l’espace.Une grande liberté de mise en page.
toujours le même manuscrit, ici une scène d’intérieur.
Manuscrit italien, quête du Graal; ici Perceval. Vraisemblablement le même auteur. Ici finesse des couleurs et virtuosité des scènes.
14, Jaufre, Taulat de Rogimon se rendant à la cour d’Arthur. Une des variante des romans arthuriens ,celle de « Jaufre ». De facture plus nordique.
Le roman de la rose, de Guillaume de Lorris et Jean de Meung, le plus répandu des romans d’initiation, mêle légendes et mythes grecs au récit. Les mythes de Narcisse et Pygmalion posent aussi la question récurrente de l’image. Ici, Vénus anime la statue de Pygmalion.
Le Roman de la Rose toujours, tradition germanique sans doute. Illustrations fluides à dominante graphiques.Nous sommes toujours au 14e siècle, période de la véritable prolifération des œuvres manuscrites.
Narcisse, évidence poétique de l’illustration. Densité des fonds géométriques dorés combinés à une certaine simplicité des figures.
Un autre Narcisse du 14e. Plus modelé et inscrit dans l’espace ; plus proche de la mimésis de la Renaissance. Bien que le fond soit encore identifiable à une tenture.
Dans un style très proche, la réponse polémique, chrétienne et morale de Guillaume de Diguleville au roman de la rose, se mettant en scène face à Vénus tentatrice…
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La divine comédie de Dante est évidemment un des textes les plus remarquable, l’un des premiers textes en toscan, il se prête, par son côté visionnaire à d’exceptionnelles images.Cette série du 14e est puissante par les modelés synthétiques et la représentation confinée des espaces. Le bleu profond renforce la mystique des visions. les personnages sont peu déliés, un peu raides, sidérés.
14e, Un Tite Live, Ab Urbe Condita, histoire ancienne depuis la construction de Rome. entre le roman, la chronique et le livre de sagesse. L’illustration en camaïeu démontre la variété des expériences qui s’opèrent dans la discrétion des scriptorium!!
La très célèbre farce de l’ignoble Fauvel ou Fauvain, fable morale par Gervais du Bus, contre les incivils. L’illustration est dans la nature de la charge et de la caricature, ce qui constitue un genre nouveau. Le dessin au trait est justifié,sans couleurs ni dorures, il ne s’agit pas de méditer sur la beauté de ces turpitudes; ici Fauvain conseille la fausseté à ses enfants!!
Agrandissement des miniatures, ici Fauvain refuse de payer. ; il s’est tonsuré et déguisé en pèlerin-croisé de Saint-Jean-de Jérusalem pour apitoyer la justice. Manière subtile de se moquer de certaines hypocrisies.
Le fameux bestiaire d’amour de Richard de Fournival, 14e siècle encore, est aussi un mélange de bestiaire, de fables et de légendes. La maîtrise des figures et le jeu avec les cadres est ici manifeste.
14e Ulrich von Pottenstein, le miroir de la sagesse, recueil de fables illustré avec grande délicatesse, mêlant sens du volume, couleurs subtiles, fond ouvragé et représentation perspective de l’espace ; ici le bouc et le hérisson.On remarque que la plupart de ces textes sont en langue locale, italien, français, allemand etc.
Version traduite du très fameux Kalila va Dimna, ici, le loup et les chats.Fabliau oriental,autour de deux chacals. On verra plus loin les illustrations de Bagdad,contemporaine.
Une version du 14e siècle de Kalila et Dimna..se repère une grande tradition de figuration et d’élégance de l’écrit.
Les dessins au bas des textes pourtant religieux de Raymond de Penafort, 14e, sont d’une grande liberté et témoignent de rapports assez libres ; ici, un homme écrivant sous la dictée d’une femme.
Page complète de cet étonnant manuscrit ou les figures sont des digressions totales, quand on sait que Penafort fut le théoricien de l’inquisition…
l’une des dizaines de pages extraordinaires de finesse dans le traitement des modelés, du fameux traité de chasse de Gaston Phebus, au 14e.En français.
ici, chasse à la loutre ; il y a presque dix pages, uniquement pour le sanglier. La maîtrise de la représentation en vue cavalière de l’espace est très moderne ; on se détache des fonds unis et les scènes s’inscrivent clairement dans la profondeur de champ.
Traité de chasse d’Henri de Ferrières, ici, les commandements de dieu…avec le cerf de St Eustache. Représentation assez proche du Gaston Phébus.
le 15ème siècle ; suite des manuscrits dits de main..
Très belle Bible des pauvres, en trois parties, mettant en parallèle les récits bibliques et évangéliques. Au centre, Jésus chassant les marchands du temple.
15ème, Livre d’heures parisien ; les plus célèbres sont des frères Limbourg, mais il en existe des centaines, de style très proche.
Un autre livre d’heures parisien, extrêmement dense en variations et digressions. Les enluminures deviennent de véritables petites fenêtres ; la représentation en perspective, héritée des italiens et flamands se remarque clairement malgré les maladresses.
Bible historiée allemande de Diebold Lauber ; 15ème siècle. Style plus direct, graphique, sans digressions. Ici,bien sûr, le sacrifice d’ Isaac.
Livre d’heure anglais de Worms, plus proche de l’herbier que du missel, mais les plantes sont ici plus décoratives que dans un herbier classique. On s’approche d’une représentation de plus en plus optique et illusionniste.
D’après Diodore de Sicile, un atlas complet de toutes les îles grecques….maîtrise progressive de l’espace réel et de l’espace figuré; la représentation en perspective cavalière démontre la capacité progresseive à choisir son point de vue, au sens strict. Vinci fera de même pour ses élévations magnifiques du territoire toscan. La conquête progressive du monde passe par sa représentation. Ici, le Mont Athos!!!
Traité anglais d’héraldique et de chevalerie…il y a des pages et des pages…registre infini des combinaisons de motifs…
John Killingworth, 15eme, Almanach, calendrier, zodiaque…grande synthèse des savoirs et de l’ordre du monde autour du cycle des saisons.
les voyages de John Mandeville ( identité complexe) ; inspirés de Marco Polo et du roman d’Alexandre ; ici des races monstrueuses. Dessins aquarellés, fluides, illustratifs et libres.
Boccace, l’un des auteurs les plus traduits et illustré, de manière variée, comme le montrent les exemples ci dessus et suivants ; ici la formule fluide et sans cadre, il s’agit bien d’Hercule et de l’hydre!!!
De Boccace toujours, la vie des nobles femmes; ici Irène peignant ; de ce texte,Christine de Pisan tirera argument pour sa cité des femmes.
Le magnifique texte de Boèce sur la Consolation et la philosophie, des illustrations complexes, en pleine page, cherchent à rendre la subtilité des notions, par une utilisation de l’espace en profondeur et des figures allégoriques, héritées des psychomachies des siècles précédents.
Une autre page du même manuscrit – Malgré les erreurs de perspective, la représentation empirique de l’espace est très efficace. On commence à produire des enluminures se rapprochant des tableaux.
Christine de Pisan, poète, écrivain, philosophe érudite, est largement lue, publiée et reconnue ; elle se bat entre autre pour la reconnaissance des femmes dans l’histoire de l’humanité. Elle fut aussi conseillère de Charles V et VI. Ici, une représentation de grande qualité de son univers. Il faut remarquer que nous avons ici des textes et illustrations contemporains de l’auteure, comme pour Phebus et Machaut par exemple.
Christine de Pisan, une page du Chemin de longue étude….tout un programme sur la culture et l’initiation ; claire naissance d’un humanisme éclairé. Une idée claire et emblématique de ce tout début de l’esprit de la Renaissance : s’élever ; changer de point de vue.
Toujours de Christine de Pisan – qui résidait à Perthes en Gâtinais, près de Melun- développe et argumente la nécessité pour les femmes d’ériger une cité, pour se défendre de la mysoginie…..Ici une représentation exceptionnelle, vraisemblablement exécutée par une de ses amies enlumineuse, à laquelle elle fait justement référence dans ce texte.
15e, Marie de France, la femme écrivain du XIIe, ici le texte et les illustrations sont très intriqués; manuscrit de type germanique ; les figures circulent librement et ne sont pas enserrées dans un cadre ; elle perdent en définition ce qu’elles gagnent en liberté.
15e , le roman de la rose ; la tendance illusionniste bascule dans un voyeurisme troublant ; cette version de Neron et Agrippine est un exemple des limites de la figuration mimétique.
La divine comédie de Dante reste un grand succès ; ici une version lumineuse et idyllique, du paradis sur terre vu par Dante et Béatrice.
15e , Récit de croisade, par Guillaume de Tyr, voyage, quête religieuse et épopée. Les textes du 15eme siècle associent clairement des histoires individuelles à tous les genres littéraires. Que ce soit Machaut, De Diguleville, Pisan, Phébus et même Dante, il y a renouvellement des textes anciens gréco-romains et évangéliques. Cette inscription dans le temps et l’espace réel se traduit clairement par des représentations de plus en plus fondées sur l’imitation et la perception.
Nous allons maintenant présenter quelques manuscrits dit de lutrin, désigne les antiphonaires, les bibles, les apocalypses, les chroniques, les chartes, les généalogies princières. Ces manuscrits sont plus volumineux et souvent plus précieux ; ne sont pas supposés voyager. Il faut reconnaître cependant, que de nombreux manuscrits, dits « de main » sont également volumineux, pesants et n’ont rien du livre de poche. Ce qui caractérise aussi le manuscrit de lutrin est l’usage public, officiel et cérémoniel vraisemblable qui en est fait.
Comme pour les chapitres précédents nous allons reprendre une chronologie.
Cet évangile du 9eme siècle est vraisemblablement un exemple type de manuscrit de cérémonie. Sa densité, de style nordique-celtique, l’instaure en objet sacré et précieux. Proche du livre de Kells, dans le style et la fonction.
Les sublimes et exceptionnels manuscrits asturiens de tradition wisigothe, inspirés des commentaires du moine Beatus de Liebana. Ici un exemplaire de Valcavado du 10e. les grandes peintures pleine page sont conçues pour être admirées et méditées sur lutrin. Nous développerons le cas des « Beatus » dans la suite de cet article.

Le fameux Beatus de Saint Sever ( 11e siècle)- le seul exécuté hors de la péninsule ibérique, est aussi exemplaire de l’ampleur de l’oeuvre. Double page pleine.
Très beau travail … attention, Enguerrand de Marigny n’était pas Templier, mais le principal artisan de leur perte.
Mais oui..depuis j’ai lu les Rois Maudits..
Je vais rectifier. Merci