Le Tacuinum Sanitatis d’ après Ibn Butlan

Voici un chapitre consacré aux traductions des 13 et 14e siècle essentiellement du TAQWIM al SIHHA, conçu au 11e siècle à Bagdad, par le sage Ibn Butlan. Vraisemblablement chrétien irakien. Essentiellement composé à partir des traités d’Hippocrate ( 460-371 av. jc) et des théorie des 4 éléments et des humeurs ( bile, sang, lymphe, noire) ainsi que des 4 notions de froid/chaud/sec/ humide combinées aux 4 saisons selon Gallien médecin et philosophe grec. Nicandre de Colophon sage et médecin gréco-turc du 5e siècle servira aussi de référence, tout comme bien sûr Dioscoride, qui pendant des siècles reste la référence des herbiers. Ecrits en grec, traduits en arabe, puis retraduits en latin et plus tard en langues régionales ( Allemand, toscan, anglais..) ces versions témoignent d’une pensée quasiment autonome, légèremet en marge des religions et correspondant à des invariants humains autour le la santé et du corps.

Cette structure est appliquée au monde vivant , aux faits et gestes quotidiens ainsi qu’à la nature environnante, afin d’établir des règles de bien vivre.

Les versions illustrées ne le seront qu’à partir du 14e siècle et sont très proches les unes des autres. Il y a certainement copies successives.

A mi-chemin entre les herbiers issus des études de Dioscoride ( 1er siècle- turco/grec) et les almanachs et calendriers inspirés du zodiaque, fréquents dans la tradition chrétienne.

Les « tacuinum » sont l’un des témoignages les plus remarquable de culture profane, sans aucune référence à quelque religion que ce soit et d’un usage dédié à une sagesse de type épicurienne.

l’enregistrement ci dessus est postérieur à la galerie ci-dessous et intègre quelques documents supplémentaires ( donnés en annexe).

: l’un des premiers exemplaires illustrés, région de l’ Anatolie. Tradition figurative greco romaine visible. On repère des anotations en alphabet arabe.

: Très tôt les « dioscorides », herbiers peints, ici en grec, sont remarquable par la représentation mimétique des plantes.

: l’une des versions originale du Taqwim al Sihha. Sans illustrations, mais avec des structures géométriques exprimant les cominaisons de forces, humeurs, saisons etc.

: l’une des premières traductions en latin, reprend la structure croisée des éléments.

: Les « dioscorides » sont très fréquents dans le monde musulman. Pour la nécessité d’usage, il n’y a semble t-il pas d’interdit de représentation. On note la grande liberté de mise en page, associée aux formes des plantes.

: une sorte de variante, le « Nicandre », anatolien, notable par son style gréco-romain de représentation mimétique. On note aussi l’association des plantes à des légendes et à une faune.

: l’un des « tacuinum » de la BNF. Remarquable dans la structure constaante, des cadres rouges, du texte, comme de la finesse des scènes représentées.

: Le modèle du jardin, est plus qu’une solution technique à la préservation et culture des plantes. Il s’agit d’un modèle harmonieux. Mythe du paradis reconstitué. le paradis est un jardin dans la tradition orientale. jésus apparaît en jardinier à sa résurrectionLes tacuinum fonctionnent aussi comme des almanachs, avec les conseils de récolte.

: Hommes et femmes à égalité, de tous âges et de toutes conditions. Il y a bien là aussi ne version de l’amour courtois élaboré à la même époqiue dans les romans de chevalerie.

: Les scènes évoquent aussi les comportements positifs et négatifs, mais privilégient la vision bénéfique et harmonieuse de la vie.

: le rapport à la nature et aux plantes se prolonge jusqu’à la cité et aux comportements civiques et harmonieux. Les commerces, comme la vie privée sont étudués avec finesse.

: Ainsi les saisons ici représentées de façon touchante, comme la pluie, si rarement représentée dans l’art occidental et l’extraordinaire bataille de boules de neige.. Complicité amoureuse et égalité.

: Les tacuinum révèlent une société harmonieuse très éloignée des stéréotypes sur le « moyen âge ». Nous sommes ici en présence d’un véritable humanisme, inspiré de philosophie plus que de religion.

: Scènes intimes et renseignements extrordinaires de précision sur les comportements, us et coutumes.

: Par certains détails on remarque l’origine orientale du texte, bananiers, viande de chameau etc.. On remarque aussi que la vie à Bagdad, origine du texte, est tolérante, il y a complicité des genres et des exes, ainsi que diversité des habitudes alimentaires..viande de porc, lard…

: Un manuscrit inachevé au dessin très fin.

: Celui de Rouen, reprend fidèlement les cènes précédentes, avec un dessin et des modelés délicats.

: On repère aisément les scènes récurrentes, les truffes et la fameuse mandragore, à figure huaine, qui pousse des cris quand on l’arrache.

: Le paysan se bouche les oreilles quand le chien arrache la mandragore. Sènes de cueillettes. Décicatesse des tons verts et des nuances.

: Un fac similé montre l’importance délibérée que les « tacuinum » donnent à l’illustration qui prime largement sur le texte.

: Quels qu’ils soient les exemplaires reprennent la structuree et le cadre rouge carré, ainsi que les écritures bicolores.

: Ici, une version bilingue, latine et allemande, qui témoigne de la popularité d’un texte destiné à des « non lettrés » ( ne sachant pas le latin).

: Ici une scène remarquable;..l’homme et la femme se dévêtant avec hâte, afin de s’aimer dans un cadre bucolique.

: Les manuscrits sont généralement de styles plus variés et audacieux que les « arts majeurs », dans la mesure où il s’agit de commandes privées et d’oeuvre plus intimes. Par exemple, la représentation de l’espace, en perspective « naturelle » est bien établie, puisque dérivant de l’art de l’observation des plantes et de la nature.

: Il ya encore des modelés et de légers dégradés, qui sont précurseurs, au 14e siècle de la rerésentation de l’espace en perspective.

: Ici, la scène de la « furie » et de la « colère » de la femme est très forte. les « tacuinum » semblent explorer la diversité des comportements et des « humeurs », avec compassion plus que jugement moral. De même ivresse et violence sont des phénomènes à éviter, mais à ne pas nier.

: La dernière et plus récente versin du Tacuinu Lombard, à destination du Roi, est édulcorée ; exit les femmes et les relations harmonieuses et égalitaires. La « Renaissance » apparaît ici, comme une régression sociétale. Le « prince » et les « cours » se détahant du monde réel.

: Absence de femmes, disparition du cadre « jardin ». Ce tacuinum ressembleplus à un livre d’heures élégant.

: La question du bien être est bien sûr celle de la santé. Ici, des planches sans textes ; les pratiques de consultation sont supervisées et cautionnées par des figures religieuses, mais il s’agit bien avant tout de représentations fonctionneles.

: traités orientaux des circulations internes et des énergies. Sans doute plus avancés que dans l’occident chistianisé.

: Traité de consultations, o le langage des corps est éloquent. Une classification intéressante des tracas etsoucis. des face à face touchants de vie.

: Le même manuscrit, d’après Frugard de Parme.

: Un très court extrait de traités d’astrologie, concernant les affections diverse, physiques, psychiqueset comportementales, en fonction des sugnes du zodiaque. Exploration détaillées usr des dizaines de feuillets selon la tradition antique de » l’homme zodiacal ». Idée de macrocosme et microcosme, l’humai comme écho de l’univer.

: Des herbiers plus récents. les plantes sont classifiées et décrites, dans la tradition du Diocoride. On note que les plantes sont présentes dans toutes les activités humaines. ressources essentielles.

: La pratique de l’observation naturaliste se dveloppe avant tout dans l’art des herbiers, car il y a nécessité de décrire et de lus, identité, dans la mesure oùune olante peut être mise à plat et être donc reproduite sans tradution, sans interprétation, à la différence des corps en volume. Par ailleurs, les plantes ont une sorte de neutralité mythique, ce qui n’est pas le cas dees figures animales et humaines.

: De la même manière, les plantes se caractérisent par une occupation singulière des espaces, ce qui génère des compostitions et des développements spécifiques. véritable art de la composition et de la mise en page?

: Les herbiers et « dioscorides » nécessitet cependant une présentation des plants synthérique, comprenant, tiges, feuilles, bourgeons et fruits et racines, indépendamment des saisons.Une nature observée mais reconstituée.

: Il existe aussi des versions très synthétiques, de l’ordre du shéma comme ce traité des plantes.

: Mais si l’on retourne en arrière, on trouve dans ces villas pompéïennes, de splendides représentations décoratives mais non éloignée de l’idée des herbiers. Idée constante du jardin comme lieu de dialogue maîtrisé avec une nature dense et admirable.

: les églises ne peuvent se passer de la grande tradition archaïque d’observation de la nature, des saisons, des astres. Souvent, l’ordonnancement des astres et des saisons est comparé à l’ordre voulu par le dieu créateur.

: La numération religieuse reprend les nombres remarquables des éléments, points cardinaux, humeurs, mois, quel’onretrouve chez les évangiles ( 4) les vertus et les vices ( 7) comme les planètes et les jours et les notes) ainsi que 12 etc…idée d’un édifice naturel, comme l’église est un édifice en hommage au créateur et de ses créatures.En Italie du sud, comme souvent ailleurs, les traditions profanes ressurgissent en permnence dans l’art chrétien.

: prasence ici, de calendrier des saisons combiné à des fresques didactiques.

: la très célèbre fresque de Wienne, développe de façon centrale, l’idée du « bien vivre » comme une responsabilité collective et politique. On retrouve dans les affets du bon gouvernement, des scènes somilaires à celles des tacuinum. Ce sont des oeuvres cotemporaines qui expriment la encore l’importance des savoirs profanes.

: les magnifiques grandes halles « palis de la raison » de Padoue, Mantoue et Vicence parexemple, démontrent assez la force des pouvoirs temporels et l’insription de savoir vibre au coeur de la cité. On retrouve la aussi les figures proches des « tacuinum ». Idée d’équilibre et de société harmonieuse, entre genres, entre humains et toutes créations. Calendrier, almanach, vertus, zodiaque. Ces palais de la raison sont comme une continuation des « basiliques » préchrétiennes,halle, agora et temple.

: L’une des dernières fresques publique selon cette thématique semble être la grande fresuq edu Plais du Bonconseil, à Trente. On terouve jusqu’à la bataille de boules de neiges.

: nous voyons ici comment les manuscrits, en marge de l’art chrétien, traitent de sujets variés, comme ce guide des thermes en Italie.. Guide de voyage aux indications précises et émouvantes, jusqu’aux conditions d’hébergement des pèlerins et pèlerines.

: Reorésentation synthétique mais témoignant d’une façon de vivre le corps, la santé, la nature, bien loin des stéréotypes de misère et de crasse associés souvent au « moyen-age ».

: Le traité de chasse de Gaston Phébus, remarquable de précision, véritable somme des pratiques cynégétiques, semble dériver toutefois des planches dédiées à la chasse dans les tacuinum.

: Elaboré par un « prince pour d’autres aristicrates,ce traité n’en est pas moins un document exceptionnel sur la faune et les pratiques artisanales de capture.hass

: Ici, une copie maifeste, au lavis, plus simple, témoignant du scuccès de l’opus. On remarque aussi la combinaison de plans ( pièges vus de dessus) et perspective avec horizon..La perspective scientifique n’étant pas élaborée, les artistes vont à l’essentiel, visant l’efficacité didactique.

: remarquables géométries.

: La version de luxe, treprenant exactement les mêmes compositions. Le traité de chasse est cependant conçu comme un traité de morale et de vertu, sous l’agide de la religion.

: Les fables, inspirées d’ Esope, sont entre le bestiare et les « psychomachie » en vogue au moyen-âge ; traités de sagesse et de morale.

: la vie de l’odieux Fauvain ou Fauvel, est le contre exemple caustique de la sagesse et des vertus. ^Personnage typique du mauvais prince.

: Oeuvre populaire, traduite et clportée en chansons, cette oeuvre sera vite dénoncée et censurée.

: ce remarquable ensemble est une somme des poètes de langue allemande.

: De façon évidente, l’esprit d’harmonie et de complicité entre homes et femmes est honoré. De même que le cadre approprié du jardin.

: Ce manuscrit est une sorte d’antologie, les chapitres sont consacrés à chaque auteur. la délicatesse descompositions et la vivacité des couleurs, compensel’absence de modelé et de perspective. En celà, privilégiant le graphisme et une certaine « ligne claire », cet ensemble est typiquedes styles « germaniques ».

: Ce manuscritcompote ui aussi des dizaines de pages. Toutes aussiélégantes et vives. Nous sommes loin de temps médiévaux obscurs et ignares.

: Christine de Pisanva tenir absolument à réhabiliter la mémoire des femmes dans l’histoire de l’humanité. La construction de la cité des dames y pourvoiera.

: Avec Christine de Pisan, qui signale que c’est une femme qui illustre ses textes, nous emmène à reconsidéréer les manuscrits et leurs auteurs, autrices ? En effet, exécutés par de smoines et parfois des moniales, quand il s’agit de textes religieux, rien ne dit que des femmes, souvent plus cultivées que les hommes ne se soient pas consacrées à l’enlunimure.

: Christine de Pisan revisite les mythes grecs, romains et même égyptiens en restituant aux femmes célèbres des rôles plus actifs et moins caricaturaux.

: L’importance de l’étude et du savoir, transmis de femme à femme.

: Réhabilitation des déesses féminines dansles arts de l’agriculture et delanature. Savoir ancestral, des semailles aux potions.

: Diane est ici une femme lettrée initiant ses compagnes, dérangée par un Actéon importun.

: Le succès des nombreux textes de Christine témoigne de sa perunence et de sa popularité., on peut voir de nombreuses variantes de ses textes.

: Réhabilitation de Circé, auprès d’ Esculape, non pas magicienne, mais savante.

: On trouve quelques traces de cet intérêt pour les plantes et la nature, dans les décorations marginales, au sens strict de ce livre d’heures. Plus que de simples ornements, ce sont de véritables peintures botaniques, mais décontextées.

: L’arrivée de l’imprimerie va transformer le rapport aux images, bien entendu. Les incunables n’auront pas la même qualté picturaleet colorée des illustrations de manuscrits.

: Réservés à de grands princes et princesses, qui ne sauront faireusage de cette tradition.

: A moins, de se pencher avec intérêt, comme tout bon « prnce », sur l’harmonie de ses domaines.

: C’est le propos des frères Limboirg, qui expriment dans les très riches heures du Duc de Berry, la même idée du bon gouvernement, fondé sur la connaissance de la nature, de k’agriculture, de la chasse et de l’alevage. Un monde théoriquement harmonieux, sous la protection des astres, du Dieu et du château.

: Le royaume vu comme un cosmos, autant de mois,autant de châteaux, rénis selon un ordre universel et cyclique, répondant à l’harmonue de l’humain zodiacal.

: Un autre dispositif pour ce Cadran Horaire, qui reprend exactement les mêmes séquences. Un ordre parfaitement établi dont la structure géométrique circulaire atteste la sagesse divine.