Marianne North, voyageuse et botaniste a peint plus de 800 formats quasiment identiques, représentant autant de plantes diverse, observées au cours de ses voyages et séjours autour du monde, Amérique latine, Inde, Japon, Océanie …
Ces peintures sont d’une grande justesse du point de vue botanique, et il est dit qu’elle les a toutes peintes « in situ », sans les déplanter!! Travail de série, travail sur le motif.
Observation frontale et art de la composition.
La conscience de son travail comme « œuvre » se révèle aussi dans la disposition qu’elle a délibérément choisie, concevant l’architecture du pavillon de Kew Garden, afin de recevoir la totalité de ses peintures.
Installation, environnement et cabinet de curiosité tout à la fois.
Elle s’inscrit dans une lignée d’artistes-botanistes, dans laquelle plusieurs femmes se sont illustrées.
- Voici un exemple type de la manière de travailler de M. North. Un cadrage la plupart du temps, serré. Un travail de modelé et de couleurs naturaliste, sans effets picturaux, ni gestuels.Un format, ici paysage, mais la majeure partie des peintures sont en format portrait.
- C’est Marianne North, elle-même qui a conçu l’installation de l’ensemble des ses peintures à Kew Garden, les célèbres serres de Londres.
- Elle a organisé, non seulement la présentation et l’accrochage, mais encore l’architectue. Il est clair que toute son oeuvre est conçue comme d’une grande cohérence.
- Grande voyageuse et observatrice? La fréquentation des lieux les plus éloignés de son pays natal, ne l’empêche pas de viser un but artistique et didactique, dans le rassemblement de toutes ces expéreinces singulières. Elle choisit elle aussi les dizaines d’essences de bois, qui constituent les panneaux verticaux à la base de l’assemblage des peintures.
- Cette véritable installation ( avant-l’heure) se situe aussi dans la continuité des « cabinets de curiosités », prémisses des musées.
- Un portrait assez académique de Marianne North et l’un des rares dessins d’observation. On dit que North a peint toutes ses plantes, sur le motif, sans en déplanter une seule!!!
- Quelques vues de » l’aile North » et de l’installation.
- Dans son installation, les plantes sont classées par territoires, ce qui est logique et scientifique. Je propose un autre regard, plus plasticien, afin de comprendre les dimensions esthétiques de sa production, commeici, un travail récurrent et subtil sur les nuances de blancs.
- On peut aussi concevoir son oeuvre comme une gigantesque forêt luxuriante, en variant les espaces et cadres. Ici un foisonnement extraordinaire et généreux.
- La représentation de ces fleurs est l’occasion d’organiser des compositions subtiles, afin de correspondre au format. De même, le travail de surface correspondant aux fleurs et feuillages ( pétales et feuilles sont des surfaces) est combiné avec un travail sur le volume ( dégradés et orientations variées des surfaces) et de l’espace ( disposition des plans dans les 3 dimensions).
- Grande diversité des formes également..que se sient les feuillages ou les fleurs, chaque plante est comme un défi. Il y a une sorte de frénésie pittoresque, consistant à trouver autant de diversité.
- SI beaucoup de compositions semblent saturées, Marianne North, selon lanature du plant, laisse voir de belles trouées vers le ciel. Ce qui du point de vue de la coloriste qu’elle est est une composante majeure.
- La percée vers le lointain et les ciels, est aussi une occasion de cadrage subtil, de profondeur de champ ; mais sans doute aussi pour la botaniste, des indices précis sur le contexte climatique et le biotope.
- véritable travail de série, consistant aussi àne pas introduire de variations de lumières et d’éclairage. Il y a un choix délibéré de lumière filtrée et d’aténuation des contrastes.
- la délicatesse des tons révèle la diversité du monde. On voit aussi , dans ces 3 peintures, l’intérêt naturel pour la faune vivant en symbiose avec les plantes. Ici, l’espace dégagé est immense, équilibré par un premier plan savamment composé, utilisant le vol des oiseaux et/ou papillons pour occuper l’espace.
- Si elle pose son regard sur les plantes de taille modeste, Marianne North nous propose aussi une galerie de portraits d’arbres ; comme un catalogue des variations possibles.
- Ici, ses oeuvres se rapprochet de la notion de paysage, car avec ses arbres, il est nécessaire d’introduire le sol et l’horizon, la profondeur de champ et une certaine distance, afin d’embrasser le grand végétal dans toute sa stature.
- Variantes magnifiques de palmiers de différents continents, comme une chaine continue de la nature par delà les territoires? Belles harmonies de verts et bleux.
- Parfois le sujet semble être avant tout le feuillage et, on trouve bien sûr des particularités remaquables, les surfaces orientées et ourlées, les épaisseurs, les dimensons et proportions, la répartition régulière, les symétries..Autant de défis picturaux .
- Unité des harmonies de verts, jeux sur la profonderur et le volume.
- Marianne North a également fait quelques entorses à ses formats pour traiter la particularité remarquable de certaines floraisons.
- De même, certaines de ses planches sont cette fois ci de véritables vues très larges et distancée. Peut être la représentation du territire qu’elle parcurt ensuite, l’oeil rivé aux plantes des sous=bois. Ces panneaux pourraient être comme des introductins à certains chapitres.
- Verticaux ou horizontaux, ces vues suggèrent aussi une nature harmonieuse et accessible, seraine et généreuse.
- Il n’y a pas de regard exotique, ni voyeur. North ne fait pas dans le sensationnel, ni l’anecdote ; elle exprime une profonde sensibilité à ces ambiances de plénitude et de complicité.
- Quelques rares indices architecturaux, signalent laprésence de culture et de peuples ayant depuis longtemps trouvé un équilibre qui la fascine, avec cette végétation et ces climats.
- Nous avons quelques vues de paysages, éloignés de la série sur la végétation, qui semblent être comme des cartes postales et des souvenirs de cadres enchantés. Marianne North ayant passé un grand nombre d’années sur différents continents, o conçoit parfaitement sa volonté de garder quelques traces, empreintes d’une nostalgie à quitter ces lieux.
- Mais le traitement est souvent identique, pas de soleils couchants, ni de moussons, ni de nuages ; une impression constante de calme et de sérénité.
- Rapportant rarement de plantes et de fleurs chez elle, il y a quelques natures ortes dans cet ensemble.
- Elle met d’ailleurs dans ces compostions, la même déloctesse et la même douceur de tons que dans ses études de terrain.
- Voici 2 études de poissons..On regrette vivement de ne pas en avoir plus, tellement elles sont vives et virtuoses, que ce soit dans les couleurs comme dans le dessin et la touche.
- Marianne North n’est pas la seule artiste botaniste; Anne Pratt par exemple de la même génération a réalisé de très beaux herbiers et bestiaires. Sans doute, un genre permis aux femmes artistes, écartées des salons des ARts dits « beaux ».
- La grande pionnière de ce genre est l’immense Sybille Merian, qui presque 2 siècles plus tôt réalise un travail colossal, profitant de l’essor de l’imprimerie pour diffuser ses études composées de plantes et d’animaux.
- Maria Anna Sybilla Merian, est aussi une entomologiste et elle associe systématiquement palnts et animaux. A la différence ( grande) de M. North, les éléments sont décontextés, ce qui oriente ces travaux vers l’illustration scientifique plus que la nature morte ou le paysage.
- Son travail est plus graphique que celui de North, qui est clairement pictural ; vraisemblablemnt aussi car il est destiné à la reproduction gravée. On admire à ce propos, la grande finesse des modelés et des couleurs restituées avec cette technique ( gravure+ pochoirs vraisemblablement). Maria Merian joue aussi clairement des ondulations naturelles des tiges et feuilles pour organiser ses planches.
- Ici, comme une harmonie de verts, qui la rapproche clairement des grands herbiers médiévaux ( les Dioscorides).
- Le 18e siècle est aussi un siècle de découvertes et de voyages scientifiques ; la frontière est ténue d’avec les récits d’aventures et les carnets de voyage, tiennent autant de l’enquête que du mythe ( inspirés parfois des « voyages d’ Alexandre », de Marco Polo etc..ce qui explique la sirène traitée avec le même sérieux que les poissons exotiques.
- Mais on trouve l’évident plaisir du peintre à découvrir, dans la nature lointaine, de nouveaux modèles, de nouveaux sujets, de nouvelles harmonies colorées. A la différence de Marianne North, qui représentait les poissons dans un milieu aquatique, tout comme ses plantes, toujours peintes dans leur contexte, ces poissons sont hors de leur milieu.
- Certains pionniers des explorations inventent aussi des journaux de bord, et un mode de représentation des territoires dense et complexe. Combinaison de plans, d’élévations, de cartes, de vues. Avec le recul contemporain, nous ne sommes pas loin de certaines planches d’artistes contemporains du Land Art.
- l’Etonnant voyageur et artiste botaniste et ornithologue Audubon, donne en quelque sorte ses lettres de nblesse à cet art dit mineur, de l’illustration naturaliste. Ses planches de très grand format comme la dimension exhaustive de ses véritables enquêtes, font de son travail une oeuvre majeure/
- Il combine également, mais en inversant, pourrait-on dire la hiérarchie, oiseaux et contexte. Ici les plantes et paysages, sont annexes, bien que traités magistralement.
- Lesueur observe et note tous les êtres vivants , essentiellement ceux qui représentent de scaractères nouveaux. mais sans exotisme spectaculaire, avec une rigueur scientifique. Il n’y a pas réllement de dissociation entre les croquis d’artistes et les figurations à destination scientique ; de cette ambigüité naissent ces planches élégantes et ces représentaions vivantes.
- Lesueur note aussi les comportements et particularisme des peuples rencontrés. Jusque dans l’intimité. Il note aussi, et celà est nouveau, des postures etattitudes qui évoquent aussi la lanheur de ces longs voyages du temps de la marine à voile. Ses relevés de côtes sont aussi d’une grande finesse et précision et évoquentl’approche lente et progressive des navires en vue de la terre, signalée par les vigies.
- Les récits et observations de Darwin à bord du Beagle, seront aussi l’occasion pour de nombreux illustrateurs de diffuser ces planches naturalistes somptueuses, bien qu’en noir et blanc. Darin, ami du père de Marianne North aurait encouragé celle-ci à entreprendre ses voyages.,
- Conrad Mertens, l’un des illustrateurs compagnon de Darwin, rapporte aussi des croquis/carnets de voyage, qui évoquent bien les univers explorés.
- Wallace, autre grand scientifique, collaborateur aussi de Ch. Darwin, connut un grand succès avec sa relation de voyages. Abondemment et rigoureusement illustrés aussi.
- Faune, flore, insectes, poissons…un émerveillement évident, constinuant les livres anciens des grecs, latins et orientaux établis sous le nom de « merveilles du monde » ou « de natura rerum » et autres livres des merveilles. La classification était déjà l’une des entrées de ces sommes. Darwin et Wallace perpétuent avec plus de fondements et de prospectives la taxinomie du vivant.
- Certanines planches en couleur, ne faisant que relater la magnificence des mofèles, essaient aussi d’être à la hauteur de ces créatures, par des dessins et aquarelles virtuoses.
- Une artiste femme, voyageuse, connue aux Amériques est Frances Anne Hopkins ( 1838-1919). Ses extraordinaires tableaux relatant des explorations périlleuses, dans des circonstances ultimes, témoignet de sa ténacité à peindre de nouveau monde. La diversité des compositions et paysages est remarquable, tout comme la finesse des observations et informations restituées.
- De la même génération que Marianne North, ses oeuvres témoignent de cet élan emportant quelques rares femmes, qui croient certainement que les nouveaux mondes et les sciences permettront aussi l’avènement d’une plus grande reconnaissance des talents et génies féminins.
- Hopkins exécute aussi de très belles planches à paertir de bouquets de fleurs oservés dans leur milieu. Il y a chez elle, comme chez Marianne North, l’idée de respecter et de se glisser dans cette nature prodigieuse, sans la détruire, ni se l’approprier.
- La rencontre avec les peuples amérindiens aura sans doute influencé cette vision sage et en définitive très moderne du rapport au vivant et aux environnements. Commme ces peuples, ces femmes furent certainement des pionnières d’une pensée lente à émerger dans un univers productiviste et industrialiste, mais qui 150 ans plus tard, commence à s’imposer, comme fondatrice;
- Anne ATkins, légèrement plus âgée est celle qui a inventé avec ses cyanotypes, l’utilisation de la photographie et de sortes de planches contact, permettant d’enregistrer les silhouettes de plantes et algues. Les dispositions, répondant à des nécessités didactiques et scientifiques, sont tout de même organisées avec grâce et la couleur bleue donne une dimension sérielle artistique à ce catalogue.
- Bleu marin ou céleste, il devient le contexte unique à ces plants si proches par leurs structures. Il faut dire que les expériences botaniques, voire les bricolages d’ateliers, ont pu être considérés comme de simples passe-temps pour « dames » dans une Europe et un Nouveau-Monde très patriarcal, qui ne reconnaîtra que très tard les qualités de ces travaux, tant du point de vue scientifique qu’artistique.
- Un grand scientfique et dessinateur du monde sous-marin essentiellement est Haeckel, qui compose de véritables oeuvres, cpar ces plancjhes qui sont comme des hommages émerveillés à la diversité du vivant.
- Haeckel est aussi fascné par l’ordre des choses et les synmétries, les rythmes, les structures. L’ordonnancement de ses gravures cherche clairement à exprimer un ordre dans l’infinie diversité des formes naturelles.
- Usant parfois d’un effet, comme négatif, qui souligne le côté cryptique de ces créatures sous-marines souvent. Véritables dentelles, il y a adéquation de la technique de gravure et le graphisme naturel des coquillages et coraux.
- Corrélation encore avec les méduses et algues, mais on note que Haeckel est moins heureux avec les animaux à peau et écailles, ne présentant pas de réseau graphique ordonné. Il exprime alors par une dramatisation, presque cauchemardesque, laforce suggestive de ces êtres innombrables.
- la vision du douanier Rousseau est certes bien différentes, non scientifique, mais nourries justement de la diffusion de plus en plus populaire de ces végataux et animaux merveilleux des mondes lointains. L’idée commune cependant d’un monde originel, paradis et Eden, comme antidote à l’industrialisation brutaliste de la fin du 19e siècle. cette « naïveté » de Rousseau est souvent associée justement au « primitivisme » des peuples Indiens, et à l’irrationalité féminine, théorie nauséabonde et répandue.
- Un petit rappel aux herbiers somptueux des temps dits méfiévaux, qui perpétuaient une tradition séculaire, de Dioscorides, qui passant par les pays musulmans, revuent eu europe, quasiment inchangé, mêlan souvent herbiers et bestiaires, voisinant parfois avec quelques mythes et légendes.
- Les fantasmes relatifs à al mandragore par exemple, sont tenaces et seretrouvent systématiquement dans tous les herbiers.
- Un dernier regard sur l’oeuvre de Marianne North, nous onlige à ettre en relation son dispositif de présentation aux cabinets de curiosités des siècles précédents, ancêtres des musées, mêmant admiration et ambition érudite. Le plus avance dans ce genre, est certanement le jésuite AThanase Kirchner.
- Certains peintres se sont réjouis de la mise en abyme possible de ces installations. Mais les collections et musées sont longtemps restés sur ce mode de présentation de l’accumulation.
- L’une des plus extraordinaires peintures de cabinet de curiosité est ce trompe-l’oeil en vitrine de Domenico Remps. Un véritable decriptif exhaustif de toutes les figures existant au monde et de la diversité de leur représentations possibles.
- Petite digression en hommage à Remps, cet inconnu virtuose, maître des trompes-l’oeil.
- Digressions et discours sur l’art de peindre, de dépeindre et d’imiter, comme une question métaphysique commune, celle de la vanité des sens, entre autre justement celui de la vue. Paradoxe assumé pour un peintre.
- La peinture des collections nationales et/ou royales est devenue un genre spécifique, à une période où n’existaient pas les reproductions et les catalogues en couleur!
- Un genre fameux jusqu’au 19e siècle de Marianne North. A droite, la présentation dévoilée d’une collection scientifique. Les musées sont avant tout de grands espaces d’accumulation, de rangement et de classifications. L’accumulation est une grande valeur du 19e siècle, aussi bien de l’argent, que des énergies.
- C’est le côté merveilleux des rencontres hasardeuses que va retenir André Breton avec son cabinet de curiosité personnel, bureau et lieu de vie ; une partie a pu être transférée à Beaubourg, comme euvre totale.
- Le sujet des cabinets de curiosité fut mêmeen 2019 le thme d’une grande exposition à Landerneau à la FEH. Leclerc.