Le mausolée de Gala Placidia

Article en cours de rédaction……..période charnière entre l’empire romain et l’art byzantin. Evolution de traditions de représentation, comme de la mosaïque.

 

Le petit mausolée dédié à l’Impératrice Gala Placidia est caractéristique de cette période de transition entre les grandes constructions romaines impériales et l’invention d’un art et d’une architecture chrétienne. Par ailleurs, il est significatif de l’importance remarquable des femmes dans cette partie de l’Europe. Il s’agit d’un petit bâtiment à plan centré, qui faisait partie d’un ensemble plus vaste. Un mausolée, construit pour honorer, ici une défunte, n’est pas destiné à accueillir de grandes assemblées.

 

L’Impératrice Gala, ici représentée avec deux de ses enfants, Valentinien et Honoria, eut une vie rocambolesque, à la fois elle fut utilisée de façon géopolitique pour tisser et consolider des alliances, mais elle sût imposer une vision et une certaine indépendance. Son rôle essentiel fut clairement de pacifier et de participer à la christianisation de peuples venus de l’orient, comme les wisigoths.

Son père fut le dernier empereur d’un empire unifié, avant la scission en empire d’orient et en empire d’occident. La stabilité du monde est en jeu et le christianisme est l’un des modes utilisé pour garantir l’unité d’un empire rongé par les guerres intestines et les intrusions nombreuses  ( Huns, Alains, Burgandes, Lombards, Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Sarrasins…).

 

Gala est une figure charnière, fille d’empereur et fondatrice de dynastie. La référence constante aux obélisques, de Trajan à Théodose montre assez la force incontournable du modèle égyptien.

 

La cité de Ravenne est géographiquement stratégique, car située à l’est de la botte italienne, elle est au centre même de l’ancien empire unifié. Ville symbolisant clairement la tradition de Constantinople, elle est aussi vite rivale de la ville mythique de Rome, rivale de Constantinople.On trouve à Ravenne des traces remarquables de la complexité des cultes chrétiens non unifiés, comme les arianistes et les néoliens. Les baptistères sont eux aussi à plan centré. Les édifices chrétiens dédiés à la mort et/ou à la naissance sont traditionnellement centrés car sur un principe mystique de verticalité, axe reliant la terre et le ciel. La voûte ornée désigne clairement les cieux, et le  baptême, le viatique incontournable. Ci dessous, le baptistère « Néonien » est à distinguer du baptistère « arianiste ».

Ci dessous, le petit mausolée à Théodoric, ostrogoth  chrétien arianiste ( les arianistes ne reconnaissent pas l’identité du Père et du Fils) est aussi de plan centré. Il se trouve que la fille de Théodoric, Amalasonthe, sera une figure essentielle de la paix entre l’empire d’orient l’empire d’occident.

Pour le baptistère arianiste, comme le néonien, l’iconographie est très proche. Occupation de la voûte, composition centrée, figure majeure de Jean Baptiste surplombant les fonds baptismaux. Structure axiale et verticale, de la terre au ciel. L’occupation de la voûte situe la mosaïque à une distance intangible et impose une torsion du corps, une soumission.

 

Telle Amalasonthe, Gala Placidia est une figure féminine très importante de cette période charnière, à la fois de fragilisation de l’héritage romain et de construction de modèles chrétiens. Bassine de Thuringe, Clotilde, Ariadne furent aux 5e et 6e siècle des figures comparables.

Ci dessous la partie centrale du mausolée. Le signe le plus spécifique est encore l’ambiance colorée et l’harmonie autour du bleu. A la différence des baptistères, utilisant essentiellement l’or, comme métaphore divine, le bleu est ici de connotation plus naturaliste ; ceci est cohérent, car Gala n’est pas divine et ne peut être assimilée aux saints et saintes ( au moment de la construction de son mausolée). L’essentiel de la représentation de la voûte est un ciel nocturne étoilé et régulier ( ce n’est pas le zodiaque).

Les autres éléments sont géométriques et réguliers. Cercles évoquant des cristaux de neige et variations sur les carrés . Sur les lunettes, les évangélistes et des saints fondateurs et martyrs, Pierre, Paul, Laurent..

Les vitres sont des plaques d’albâtre, la lumière ainsi dorée contraste remarquablement avec la profondeur des bleus et verts. Rien de tragique ici. Au contraire, la profusion d’éléments et de figures naturalistes, sous un ciel bleu, éclairés par une lumière chaude et diffuse apaisent le regard et ne dramatisent pas le lieu, pourtant funéraire.

L’une des arcades est ornée de 2 cervidés en opposition, comme en arrêt devant une source. Ces beaux animaux sont emmêlés dans de riches rinceaux végétaux. La symbolique en est encore assez mystérieuse, mais il est tentant de rapprocher ces 2 animaux de ceux représentés constamment aux pieds de la figure  primitive d’ Astarté ( dérivée de l’orientale Ishtar). Faut-il y voir une référence aux traditions byzantines et babyloniennes..cet empire d’orient qu’il convient d’unir à l’empire d’occident ?

 

Ci dessous la porte d’Ishtar, dont le bleu des briques vernissées et les motifs géométriques auraient pu inspirer la décoration du mausolée. Deux bâtiments dédiés à des femmes puissantes, reine et/ou déesse.

 

On remarque par contre que dans ce mausolée dédié à une personne bien identifiée et proche dans le temps et l’espace, il n’est fait aucune mention biographique, légendée ou non.

Les évangélistes, mais aussi les fondateurs, debout sur une sorte de tertre, représenté en perspective, inscrits sur une terre bien réelle et désignant la lumière divine et dorée.

Les saints, sont aussi des martyrs. Dans une période troublée comme celle de Gala, peut être est -il pertinent de rappeler que cette religion est issue de combats et de sacrifices ? Quant aux évangélistes, ils reprennent l’idée du rayonnement dans les 4 directions cardinales, jusqu’au confins de l’empire et corroborent l’identité du christianisme au modèle impériale et centralisé ( voir article précédent sur Trajan et Quirinal)

Ci dessous l’une des figures christiques très tôt utilisée, déjà dans l’art des catacombes, celle du bon pasteur. Comme un alter ego de la figure impériale, le guide bienveillant et proche. La parabole est aussi destinée à des populations rurales et pastorales. On remarque ici comment le naturalisme domine encore , lumières, modelés et corrections anatomiques sont directement héritées des arts romains. La représentation des roches, avec effet de volume et de lumière, tend à inscrire cette figure dans une réalité terrestre.

 

Ci dessus, une vue en contreplongée de a croisée de transept, révélant bien l’ordre géométrique présidant à l’organisation du mausolée et de sa décoration.

La filiation directe de Gala Placidia est celle de Constantin ( 4e siècle) et des premiers empereurs chrétiens. La fresque ( du 15e siècle) de Piero Della Francesca, raconte l’histoire du songe de Constantin, qui reçoit le signe  » par cette croix tu vaincra » avant sa bataille contre son rival, l’empereur d’occident Maxence. Association première du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Constantin saura s’appuyer sur les élites chrétiennes d’une part et transformer ses préfets en évêques. Le mythe universel chrétien, centralisé, inscrit dans l’espace et le temps ( naissance et mort en des lieux identifiés, origine du calendrier ) se confondra sans difficultés au principes de l’empire, assimilant toutes les cultures en les associant avec une certaine souplesse en échange de modèles efficaces.

Constantin en tolérant le christianisme, puis en l’adoptant va transformer les bâtiments publics impériaux en basiliques chrétiennes, en mesure de rassembler les foules ; c’est le terme même d ‘église ( ecclesia = assemblée). Il fait aussi construire à Rome, la première basilique St Pierre, établissant ainsi le lien étroit entre Constantinople et Rome . Sa marque est visible encore sur le majestueux Arc de Constantin, qui perpétue la grande tradition impériale et l’associe à une iconographie chrétienne .

La religion chrétienne devient aussi pour Constantin un mode d’unification de territoires fragmentés. Il balise ainsi, du nord au sud, par des édifices grandioses le nouvel empire. L’idée est aussi d’établir une religion populaire ; le gigantisme des basiliques en est le signe.

Ravenne est un site stratégique du lien entre les 2 paries de l’empire. Ni Rome, ni Constantinople, la cité peut devenir capitale symbolique du christianisme conquérant, reliant et unifiant. La cité est occupée, assez rapidement par des édifices d’un type nouveau . Campaniles, nef et baptistères sont dissociés ; on peut attribuer le campanile au Saint Esprit ( aérien et messager) le baptistère au Père ( naissance et mort, axialité) et la nef au Fils ( proximité humaine, dimension messianique et populaire). La dissociation des 3 espaces est peut être une trace d’ arianisme ( ou de toutes les critiques sur la Trinité).

On retrouve dans ce premier art chrétien impérial, le même style « naturaliste », des couleurs, des modelés et d’une inscription des figures au sol, dans un espace souvent en perspective ( naturelle et empirique).

On repère aussi des bâtiments contemporains  sur ces mosaïques, comme le mausolée de Théodoric et les bâtiments du port. Ce premier art chrétien monumental s’inscrit clairement dans un monde réel. Quelques éléments iconographiques sont à noter, comme la mosaïque de la Cène, ou Jésus et ses disciples sont assis-couchés « à la romaine », autour de poissons.

Autres éléments iconographiques intéressants, les processions de prêtres et de prêtresses, figures féminines remarquables, sur des tapis de verdure. A remarquer encore, l’adoration des mages, qui sont ici représentés avec les bonnets phrygiens, souvent symboles de barbarismes et de peuples des frontières ( dans la tradition grecque, la Phrygie était aussi la terre des amazones – voir l’article sur Artemis d’Éphèse).

Des scènes qui commencent à s’imposer, comme paraboles populaires et signifiantes, le sacrifice d’ Isaac et l’apparition de l’agneau sauveur. On remarque aussi les rinceaux, et les riches motifs décoratifs semblables à ceux du mausolée de G.Placidia.

A contempler ces monuments parfaitement aboutis, on comprend que le mausolée de Gala Placidia s’inscrit totalement dans cet univers.

Somptuosité des coloris, clarté du plan, simplicité des figures. le style de Ravenne est encore actif dans la dernière basilique de Saint Vital in Classe. Il n’y a pas ici de force mystique et tragique. Il se dégage une grande sérénité. Il semblerait que cette période corresponde à un certain équilibre trouvé., et sans doute l’idée que les chrétiens comme les empereurs gagnent à cette association.

Avec Ste Sophie, au cœur de l’empire d’orient, dans la cité dont le nom rappelle le fondateur d’un empire chrétien, l’enjeu est sans doute plus crucial. Il y a sans doute la volonté d’impressionner définitivement, de prouver que la grandeur de l’empire s’exprime de façon éclatante, cette fois ci dans l’ancienne Byzance, et loin de Rome. Véritable défi architectural, plus grand édifice construit selon les traditions romaines de voûtes et d’arcs plein-cintre.

A Ste Sophie, on s’éloigne du naturalisme et de la sérénité pour affirmer une puissance extraordinaire et supérieure. priorité aux voûtes et à l’axialité. Les figures des empereurs et impératrices sont récurrentes. Mais de façon assez hiératique. On s’éloigne du portrait et des attitudes simples. L’empereur est ici représenté entouré de prêtres et de soldats, manifeste d’une théocratie. Les puissances temporelles sont associées intimement aux forces religieuses. Chaque génération d’empereur et d’impératrice se fera représenter.

Il est cependant clair qu’à Constantinople et dans la sphère d’influence directe des « orientaux », les figures féminines ont une place exceptionnelle. Les impératrices byzantine seront pendant des siècles des figures majeures, au même titre que les empereurs. On comprend sans doute mieux la place réservée alors à une figure comme Gala Placidia en son temps.

 

C’est d’ailleurs une impératrice hors du commun, Irène, qui jouera un rôle décisif dans la structuration d’un nouvel art chrétien, à partir du 8e siècle. Les empereurs et impératrices se font représenter à même valeur hiérarchique, dans le même espace symbolique, à égalité avec toute figure divine ou sainte.

L’utilisation systématique de l’or devient un principe symbolique, non seulement de richesse, mais de transformation de la matière brute ( minerai souterrain) en métal pur et assimilable à la lumière. Cette transformation devient une métaphore christique. Passage du sol au ciel, de la terre au zénith. Par ailleurs, le fond doré commence à se substituer aux décors naturalistes de la période constantinienne et aux couleurs verte et bleue.

 

Mais, la somptuosité des images et des décors chrétiens trouble de nombreux religieux, voyant s’éloigner les origines cryptiques, secrètes et pauvres du premier christianisme. Le développement de l’islam, aux portes de la péninsule byzantine, pèse aussi sur la question de la représentation . Un courant violent , mené par Léon l’ Isaurien, se déclare iconoclaste, au nom de la pureté de la foi.

Les querelles byzantines sont intenses et Irène va réussir à théoriser l’usage religieux d’images , mais en codifiant leur usage.

Les iconodoules ( en faveur des images) vont combattre les iconoclastes, sur plusieurs terrains.

-Détruire les images sacrées c’est attenter à Dieu ( cf, le psautier Chludov).

-Pour les iconodoules, il y a plusieurs traditions justifiant l’image du Christ, par exemple Véronique, puis ensuite, le mythe de St Luc peignant la vierge et l’enfant.

-Puis encore le mythe du Mandylion..le roi Abgar d’Edesse ( Urfa en Anatolie), ayant eu écho des paroles de Jésus, intéressé, se fait envoyer un portrait de ce dernier. Ce portrait, enfoui et caché pour éviter les persécutions, aurait été retrouvé, en pleine querelle des icônes…..au 8e siècle.

Le principe théorique d’ Irène est que ces images, sont acheiropoïètes ( non faites de main d’humain)..Elles sont comme des apparitions divines. Il s’ensuit que de ce moment, toutes les figurations religieuses, procèderont de ce paradigme : des figures hiératiques, comme des apparitions décontextées, sur fond d’or, lointaines.

La technique de la mosaïque, vient renforcer le principe, dans la mesure ou il n’y a pas de « trace » de geste, il n’y a pas manifestation de la présence de l’artiste par des gestes, des humeurs, des accidents.

De plus, la mosaïque est une mise en scène de l’infini des fragments, incommensurables. Une façon symbolique de combler le vide.

Avec Irène, les principes de représentation chrétienne sont clairement établis et perdurent d’ailleurs encore dans tout l’art orthodoxe des chrétiens d’orient…ce que l’on appelle l’ Art Byzantin. Ces pratiques artistiques se déploient dans l’empire, jusqu’à Aix la Chapelle, la Sicile, Venise..

La force d’Irène est telle qu’il est envisagé, de conclure une alliance, par un mariage, entre Charlemagne et Irène. La réussite d’Irène, en tant qu’impératrice et maitresse des croyants est un modèle dont cherche à s’inspirer Charlemagne et on le verra plus tard, les Rois et Reines d’ Asturies et Aragon.

Irène est la première à homogénéiser ainsi des pratiques artistique, de façon cohérente ( nature des images, techniques et symbolique, architecture, iconographie, place des princes et princesses).

 

Venise et sa région sont aussi un enjeu majeur de conquête et de balisage du territoire sous influence « orientale ». La basilique San Marco en est une preuve patente.

Le modèle Byzantin évolue peu dans sa zone d’influence, à la rencontre des christianismes occidentaux, nordiques, ibériques, celtiques.

On note peu d’évolutions ; la représentation est considérée comme une pratique rituelle et sacrée, assimilable aux rites de la messe et des sacrements. On remarque de façon nette la disparition des éléments naturalistes, des détails anatomiques, des décors, de toute perspective et même de l’inscription au sol des personnages.

Les figures d’icônes, ne sont pas proches, elles sont divines et sacrées ; ne sont pas souillées par le sol ; elles sont hors du temps et de l’espace, sans émotion ni action.

Nous pouvons assez clairement voir les différences importantes avec les mosaïques de Gala Placidia et de Ravenne.

Dans les documents ci dessous, nous aborderons les pratiques antérieures à celle du mausolée de Gala Placidia. Les peintures des catacombes présentent des scènes qui deviendront essentielles. Le christ barbu et l’alpha et l’omega. Les 3 mages ( dans la position identique aux mosaïques de Ravenne et de 3 couleurs différentes), Jonas et la baleine, le baptême et le bon pasteur. Notons le Jésus imberbe du baptême, différent du « Dieu »..

On repère tout de même dans certaines figures paléochrétienne, une tendance nette à s’éloigner du naturalisme et de l’imitation, au bénéfice du symbolique et du signe. La philosophie chrétienne est rapidement comprise comme un détachement du monde. . Ci dessous, Adam & Eve, sacrifice d’ Isaac, Daniel dans la fosse aux lions

L’art chrétien devenu officiel dans Rome, diffère de l’art de Constantinople et perpétue au contraire, le style romain, des bas reliefs, de l’imitation et du spectaculaire. Ci dessous, les figures du bon pasteur et la passion du Christ, exécutées selon la tradition des bas reliefs ( voir l’article Trajan).

La tradition romaine de la mosaïque est transposée de façon éclatante sur le sol de la basilique d’ Aquilea ( Nord de Venise) , l’ un des tous premiers ensemble de bâtiments chrétiens, nef, baptistère et campanile. La mosaïque a été découverte assez récemment et est à plusieurs niveaux remarquable. A la grande différence des mosaïques de Ravenne et a fortiori byzantines, elles occupent encore le SOL, continuant encore l’héritage romain profane. Seule l’iconographie, inspirée essentiellement de Jonas, est chrétienne. L’importance des éléments et motifs naturalistes montre aussi la prégnance de l’art romain impérial.

Seul l’écart assez net d’avec la tradition de trompe l’œil révèle l’évolution cohérente vers un art symbolique et stylisé.

Nous verrons ci dessous de nombreux exemples exceptionnels, de mosaïques découvertes dans quasiment toutes les régions de l’empire romain. La virtuosité et la variété des oeuvres témoigne de la haute technicité et de la cohérence d’une iconographie, autour d’ Orphée, relative aux beautés du monde… « de natura rerum »..Ci dessous, l’un des sites les plus beaux, découvert récemment en Anatolie, à Zeugma/Edesse/Urfa…site que l’on retrouve pour les mosaïques d’ amazones ( voir article) ainsi que comme cité de la renaissance de l’art figuratif chrétien, autour du mythe de la Sainte Face d’ Edesse..La tradition de représentation est sans doute si forte dans cette région, qu’elle aura  survécu, malgré les aléas de l’histoire.

 

Nous remarquons ci dessous, le motif traditionnel repris dans le mausolée de Gala Placidia des 2 cervidés au milieu de rinceaux. L’idée d’une nature pacifiée et féconde , est compatible avec le paradis chrétien, de même que le mythe d’ Orphée avec le roi David et même avec Jésus.

On retrouve encore Orphée à Leptis Magna, au cœur d’une assemblée pacifiée d’animaux.

Il est à noter que les sites les plus fameux, de Leptis Magna ou d’ Urfa sont aussi des sites que l’on a retrouvé dans les chapitres précédents, autour des amazones par exemple et encore comme lieux essentiels de l’empire selon Trajan.

Ci dessus, la mosaïque exceptionnelle de Palestrina ( Latium), sur la crue du Nil est encore une preuve de la fascination constante de l’ Égypte . Le Nil comme monde achevé, comme métaphore d’un paradis terrestre.

Ci dessous des mosaïques privées de l’extraordinaire villa sicilienne. Comme dans beaucoup de mosaïques, les motifs marins et fluviaux sont le signe de cette culture très méditerranéenne, mais encore les représentations féminines d’une grande liberté, sont aussi le signe d’une culture plus sensible aux corps, aux plaisirs, à cette hédonisme romain.

On trouve, dans l’empire romain quelques mosaïques exécutées par les hébreux, signe de la force du modèle dominant, y compris sur des peuples repoussant théoriquement la représentation du monde. On voit tout de même dans la mosaïque de gauche, que le naturalisme n’est pas la finalité de ces représentations.

En péninsule ibérique, des fouilles récentes mettent à jour des sols d’une richesse incroyable, originales aussi par leurs couleurs, notamment le vert et le bleu.

Toutes ces mosaïques sont au sol et avaient essentiellement valeur de décoration associée à la fonction de dallage frais dans ces pays chauds. Le passage aux murs et surtout à la voûte est l’une des marques indéniables de l’art chrétien, dès l’époque de Gala Placidia.

Revenant maintenant à la péninsule anatolienne et par exemple aux mosaïques représentant Ktisis, déesse tutélaire des maisons et foyers. Fondatrice, elle reste populaire pendant des siècles. Il y a sans doute, une persistance régionale des figures féminines puissantes dans cette région, qui depuis les déesses mésolithique de Catal Huyuk, en passant par les Amazones et Artemis d’ Éphèse , continuent de résister aux cultures virilistes. L’importance unique des impératrices chrétiennes à Constantinople, et ce pendant des siècles en est sans doute une manifestation.

La constance de la représentation des impératrices byzantines, sur les monnaies comme sur les basiliques, est à comparer avec l’absence totale de figuration des reines franques, germaines, saxonnes de cette même période. Ainsi le mausolée de Gala Placidia, unique, est tout de même emblématique d’un monde bien spécifique. Transition de l’empire romain d’orient à la chrétienté.

A propos Olivier Jullien

Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
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