Têtes d’ Otages, Jean FAUTRIER

La série des « têtes d’otages » de Jean Fautrier, réalisée dans des conditions particulières, car en secret, pendant la guerre 39/45..Fautrier, voisin d’un immeuble de la Gestapo, entendait les bruits, les cris, les arrivées nocturnes de prisonniers et prisonnières, leurs tortures, leurs exécution.

Il assiste, par l »ouïe, impuissant à agir à ces effroyables exactions. Ne pouvant intervenir, c’est par la peinture qu’il retiendra le souffle de ces agonisant.e.s. Ne voyant rien, il tient cependant à individualiser chaque tête, à lui donner corps et à retenir leur effacement.

En traitant la matière peinture de façon sensible, il donne vie à ces traces, épaisseurs, éclaboussures, stries, rayures, taches…

Dans l’impossibilité de leur donner des traits ( du « portrait »), il évoque, par un des signes, leur humanité, léger contour hésitant de la tête, signes évoquant tantôt des yeux, un nez, une bouche, des lèvres.

Fautrier, dansl’anonumat le plus complet, réalise cette série, comme un acte de résistance et de compassion. Il est l’un des premiers à utiliser la matière peinture comme une chair palpitante.

A la libération, André Malraux s’intéressera à cette série et contribuera à lui donner l’importance légitime qui est la sienne.

Peintre sensible et loin des évoles et des grandes théories, Fautrier devient l’un des exemples, de cette peinture d’après guerre, dite de l’art informel.

Coincé par leurs grands ainés encore actifs ( Picasso, Matisse, Braque, Duchamp, Breton, Léger, Giacometti etc…) et le déferlement des expressionnistes abstraits américaines, ils sont également vite repoussés par les « compagnons de route » du « parti communiste », qui dédaignent ces peintures ensibles et individuelles, non-figuratives et qui semblent éloignées des réalités sociales..La pesanteur terrible de l’obscurantisme stalinien se fait sentir jusque Paris.

Nous développons ci dessous, un ensemble d’oeuvres qui témoignent de cette époque et de courant artistique.

Fautrier sera collectionné par Daniel Cordier ( secrétaire de Jean Moulin) ; complicité de résistants libres et sensibles, loins des écoles et des stéréotypes.

Hélas, je ne crois pas que cette magnifique série ait été exposée dans sa totalité.

A propos Olivier Jullien

Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
Cet article, publié dans Uncategorized, est tagué , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire