Ci dessous, une galerie correspondant à une séance/cours à l’ UTL d’Evry en janvier 2020.
Je fais référence dans ce cours, à Fra Angelico, Uccello, Raphaël, Vinci..Plutôt que de rerédiger des textes longs, je renvoie das ce cas aux articles correspondants.
Bosch est un artiste tellement extra-ordinaire, au sens strict, qu’il échappe aux catégories admises pour la Renaissance. Souvent vu comme médiéval, c’est oublier qu’il est l’exact contemporain de Vinci et Dürer par exemple. C’est un véritable philosophe se dégageant des dogmes catholiques. Certainement chrétien et membre d’une confrérie marginale, ses oeuvres étaient souvent commandées par des adeptes de ce courant religieux, que l’on pourrait sans trop se tromper comme pré-Réformateurs.
Attirés à juste titre par ses détails prolifiques et prodigieux, tragicomiques et transgressifs, on oublie encore souvent le génie coloriste, le paysagiste hors-pair et le savant perspectiviste, qui invente des perspectives elliptiques et panoramiques.
Voici quelques entrées pour cette œuvre inépuisable.
le détail ci-dessus ( que je vous invite à retrouver dans l’enfer -panneau droit du jardin des délices) est emblématique de la sagesse de Bosch, qui désigne ici, une forme d’innocence présomptueuse, à croire que l’on peut se traîner soi-même. Prélude au thème des vanités. Quasiment toute l’œuvre de Bosch repose sur l’idée de la lucidité et du choix individuel devant les situations. Pas de voie divine tracée. Il faut en connaissance de toutes causes, savoir choisir .
-
-
Le charriot de foin, au Prado frappe toujours par un sujet peu commun. sans doute métaphore des richesses du monde, pour lesquelles se battent, fantasment les humains, selon leurs déterminations. Au sommet, 2 couples d’amoureux sont partagés, entre ange et démon. Bosch dispose un triptyqye uni par le paysage et l’horizon haut placé.
-
-
Volets fermés, la solitude et l’errance.
-
-
Le jugement dernier, propose le même dispositif et expose clairement un paradis vide, où siège un dieu anémié, impuissant, voire indifférent aux créatures. Pas d’élus. On remarque ce qui est constant chez Bosch, à savoir, un paradis sur terre ou chose étrange, diables, monstres et démons peuplent déjà ciel et terre.
-
-
-
Là encore, dans ce jugement dernier, il semble que l’enfer soit depuis longtemps sur terre et essentiellement constitué par des fantsmes, des violences phusiques, des angoisses et des terreurs. Le dispositif systématique de représentation de l’espace, fait sens. Bosch, clairement prend du recul. l’horizon est haut ( à la hauteur des yeux du peintre) et les premiers plans petits, sont une indication de la position de l’artsite, en hauteur et en retrait….Comme le créateur. Il contemple sans juger.
-
-
Cette adoration des mages est encore dans le même esprit, bien que scène diurne, dans un paysage remarqueblemnt unifié par la lumière et les dégradés atmosphériques. le nouveau-né est minuscule, fragile, décentré. Autour de lui, les mages certes, mais encore des figures menaçantes et ironiques. Ainsi ce sauveur n’est pas tout puissant, au contraire ; il n’est même visible que pour ceux qui savent voir.
-
-
Au dos, dans un dénuement total, un « ecce homo » en trompe-l’oeil, comme une niche de stuc.
-
-
La tentation de St Anroine, qui se trouve à Lisbonne est d’une exceptionnelle unité chromatique ; en effet, en plus d’être un remarquable metteur en scène , Bosch utilise les nuances de couleurs pour unifier l’incroyable diversité que le recul de son point de vue contemple. Ainsi, il est aussi pertinent dans l’observation des moindres détails, défauts et ravers, mais il les rassemble, par l’espace panormaique et les couleurs . Le thème de la tentation est crucial.
-
-
Le triptyque en position dans le musée des arts anciens de Lisbonne.
-
-
Les tentations ne sont pas des maux. Bosch, là encore expose, témoigne, contemple ce qui peut être tentant. Le désarroi de St Antoine est d’autant plus grand et son regard nous interpelle. Bosch reprend dans cette tentation les scènes apocalyptiques ( mais ne correspondant pas aux scènes de l’apocalypse de Jean). Comme si, plus que l’enfer, les hérésies et diableries faisaient partie de la nature humaine, depuis la création d’ Adam et Eve.
-
-
Le couronnement absolu de son oeuvre est certainement le grand triptyque du Prado, nommé le Jardin des délices. Longtemps commenté à tort comme une condamnation des plaisirs . Bosch, a aucun moment ne montre de limite ni de malheur ou de souffrances associées à aucune des pratiques érotiques exposées ici, comme dans une sorte de registre, de liste, de tous les possibles.
-
-
Pratiques solitaires, de couples, de sectes, harmonieuses et océaniques ou réservées et délicates. Un catalogue infini d’attitudes humaines en quête de plaisir et de douceur. Au centre, comme une fontaine de jouvence et de régénération. Plantes et architectures délicates et fragiles et surtout omniprésence des fruits rouges, baies, mûres, framboises, fraises groseilles, cassis…Fruits du printemps, fruits délicieux mais éphémères et impossible à conserver frais. Fruits fragiles et tachants.
-
-
le panneau fermé, représentant la sphère du monde terrestre, le monde corruptible et sublunaire, est un indicateur clair du fait que Bosch, incrit son oeuvre dans une vision du genre humain comme phénomène global, au sensstruct, et fragile et solidaire.
-
-
Il semble en fait que la lecçon morale de Bosch soit, non pas de condamner, ni les plaisirs, ni les fantasmes, mais le fait de les croire solides et fondateurs. La vanité , l’erreur est de se tromper de fondations. Mais pour choisir la bonne voie, seule la lucidité absolue, le face à face avec la diversité absolue des plaisrs et des maux doit guider. le créateur est impuissant et il n’y a pas d’intermédiaires, ni Pape, ni Saints, ni Cardinaux, ni moines..De façon vraisemblablement précoce, Bosch annonce la Réforme protestante…qui apparaît moins de10 ans plus tard, dans des contrées proches de ses lieux d’activité.
-
-
La solitude du « sauveur » est manifeste ici. Bosch démonyre aussi un choix de représentation tdiamétralement opposé aux précédents. face à face, pas de lointains, pas d’hirizon, pas de cieux, pas de recul, pas de hauteur. Nous sommes sans doute parmi ceux qui humilent. C’est aussi un parti pris esthétique radical, de braver clairement l’idée qu’unebelle oeuvre est la représentation de figures idéales.
-
-
Même principe de composition. Saturation et pomiscuité. Figures de caricatures entourant Jésus. axes, celui de la croix, négatif aboutiqqant au « vilain » bandit et l’autre diagonale, des visages pâles aux yeux clos, le « bon » larron, Jésur et Véronique, qui détourne le visage et exhibe, la seule figure positive aux yeux ouverts, son mouchoir avec l’empreinte de la Ste Face. idée que le monde réel est immonde et qu’il vaut mieux fermer les yeux, sinon, regarder des figures représentées ; l’art.
-
-
n portrait de Bosch et un dessin préparatoire, d grand finesse. Si Bisch est un grand coloriste et un virtuose de l’espace, il est un dessinateur hors pair, dans la hrande tradition flamande.
-
-
Les dessins sont aussi comme des digressions et des figures imaginaires peuvent naître aisément.
-
-
AUtre planche de croquis libres, remarquables tant ils témoignent d’une certaine errance de l’imaginaire et de la main.
-
-
La modernité des dessins est stupéfiante. On comprend que les surréalistes se soient approprié Bisch. Il déploie autant de rihuer dans la description du monde que dans l’exploration des fantasmes.
-
-
Même dans de petites scènes de genre, Bosch introduit des dimensions métaphysiques et existentielles, comme l’excision de la pierre de folie!.
-
-
De même, ces 4 panneaux rassemblés qui évoquent les visions de l’au delà. Bosch est l’un des premiers artistes à évoquer un Infini.
-
-
Une oeuvre rare et se présentant horizontalement, sur le thème des péchés.
-
-
En fait Bosch perpétue une tradition sculaire des « drôleries » qui parasitent et égaient souvent nombre de manusciys, y compris religieux, dont le plus fameux est le Psaultier de la reine Mary.
-
-
Les monstres hybrides, le mélange de scènes religieuses et mythologiques sont comme l’expression d’une culture populaire.
-
-
En ce sens, Bosch est l’un des très rares artistes à avoir intégré aux grands tableaux et tiyptyques religieux, une culture profane.
-
-
Il effectue une sorte de synthèse de ces gargouilles, monstres et grotesques, qui étaient souvent figurés sur les chapitaux.
-
-
A l’opposé pourrait-on dire de Bosch, Fra Angelico propose une perspective lisible et un cadre portif et mystique à la venue sur terre d’un sauveur.
-
-
Ces annociations de Fra Angelico montrent une conscience claire de la place du point de fuite et de l’usage de la perspective. Procédé devenant symbolique. Métaphore de Jésus ordonnat la terre. Point de repère spatial, temporel et moral.
-
-
Au jugement dernier, Fra Angelico, sispose le point de fite dans l’azur, entre terre et paradis, car la terre n’a plus d’avenir.
-
-
Pour Angelico, il y a bien un ordre avant et après. Comparer les jugements derniers de Bosch et d’ Angelico rend évidentes les interprétations opposées.
-
-
Uccello, avec sa vision pessimiste de l’humanité, enserrée et enfermée dans ses carcans ( Mazzocchios et armures).
-
-
Ici encore, une lutte sans fin entre huains anonymes , petits pantins piteux, sur fond sombre et sans issue au sensstrict, malgré la perspective.
-
-
Van Eyck, utilise clairement la perspective et l’espace pour unir les 2 époux, non seulement par le miroir et la signature, mais encore par le faisceau concentrique des lines de fuite.
-
-
Le même Van Eyck, fait un usage d’une très grande subtilité, de l’horizon et du point de fuite, pour marquer une distance infinie entre l’humain et le divin. Notre regard vers le lointain croise le regard de Rolin vers Marie. Nous sommes un point infime, vus de l’horizon de même Rolin est invisible du point de vue de Marie. Comme l’horizon porte le point de fuite, Marie porte Jésus.
-
-
Léonard de Vinci, contemporain quasi exact de Bosch, explore aussi les confins du monde crée, jusque dans les expériences anatomiques les plus radicales.
-
-
De même que Bosch, Vinci est fasciné par les excès et caricatures.
-
-
Mais dans sa peinture, à l’opposé de Bosch, il exclut délibérément toute laideru ne visant qu’à un idéal, androgyne, mathématique, épuré et universel.
-
-
L’une des seules oeuvres de Vinci avec perspective ( sa fresque techniquement ratée) montre bien la difficulté pour lui de peindre ( un idéal) un espace confiné par le point de fuite et les lignes de fuite. De façon évident cependant il associe Jésus à cemême Point de Fuite.
-
-
Une annonciation magnifique et atypique, de Giovanni Bellini, joue clairement sur la double symbolique des lignes de fuite, ici traversant le corps de Marie, rayonnant depuis Dieu et Gabriel, fécondant Marie d’un point non-encore advenu sur la toile, mais sappelé à structurer l’espace. fenêtres, l’une dorée, ouverte sur un invisible, l’autre, de face, monde réel, terrestre et humain.
-
-
Oeuvre de Bellini, qui se rapproche surtout des peintures contemporanes de Vittore Carpaccio autre pilier de cette ébullition vénitienne
-
-
Un grand contemporain de Bosch, est le poète et philosophe alsacien, Sébastian Brandt. Sa nef des fous, eut un succès extraordinaire et constitue l’un des premiers succès de l’imprimerie. On y trouve une philosophie amère, proche de celle de Bosch. les illustratons démontrent comment cette thématique est largement partagée.
-
-
La folie mène le monde et toutes les strates de la société.
-
-
les rapports sont évidents avec le monde dépeint par Bosch. Si la virtuosité de Bosch à intégrer ce patrimoine est évident, c’est plus sa capacité à le traduire par les moyens de la « grande peinture », plus que son imaginaire qui est remarquable.
-
-
sélections des quelques dizaines de pages gravées.
-
-
le thème de la folie est abordé par le grand humaniste Erasme de Rotterdam.
-
-
Ici, un exemplaire exceptionnel, annoté et dessiné par H. Holbein.
-
-
Des dessins de la teneur de ceux de Bosch.
-
-
-
Erasme , personnage populaire etsavant, proche de grands peintres humanistes.
-
-
Erasme et More, théoricien d’un monde idéal, une utopie se dessine, afin de construire et projeter une société ayant dépassé sa fascination pour l’hybris, la folie et les valeurs éphémères exposées par Bosch.
-
-
Holbein, et son Christ mort, vraiment mort. Comme une anticipation des vanités du 17e siècle.
-
-
Les cadrages serrés et les dispositifs audacieux se retrouvent aussi chez certains contemporains, comme Mantegna
-
-
Le grand héritier direct, bien que né après la mort de Bosch, est certainement P? Breughel, qui reprend dans la chute des anges rebelles, l’idée presque « moniste », d’un bien et d’un mal consubstantiels, qu’il faut indéfiniment séparer sans passion, avec la froide détermination de l’ archange Michel. On voit la cohorte innombrable des anges rebelles, surgir de la lumière divine. Les couleurs terre, associées à la réalité des démons présentés frontalement et de façon saturée.
-
-
Le triomphe de la mort ( au Prado, dans la même salle que les Bosch) est une vision hallucinée de toutes les morts possibles, solitaires, de masse, accidentelles comme châtiments. Sans issues, sans sauveurs. Même recul et hauteur que Bosch. Même détermination à exposer de manière lucide la grande diversité des destins humains.
-
-
Le jugement dernier de la cathédrale d’ Orvieteo, de Luca Signorelli est l’un des exemples de recherches singulières autour de ce thème.
-
-
Les artistes imposent clairement leurs visions, de façon presqu’indépendante des autorités ecclésiastiques.
Repères chronologiques pour l’article : BOSCH
Jan Van Eyck : 1390-1441
Leon Battista Alberti : 1404-1472
Jérôme Bosch : 1450-1516
Leonard de Vinci : 1452-1519
Sébastian Brandt : 1457-1521
Hans Holbein ( elder) : 1460-1524
Erasme de Rotterdam : 1466-1536
Albrecht Dürer : 1471-1528
Matthias Grünewald : 1475-1528
Michel Ange Buonarotti: 1475-1564
Thomas More : 1478-1535
Martin Luther : 1483-1546
Raphaël Sanzio : 1483-1520
Titien Vecelli : 1488-1576
Henri VIII : 1491-1847
Marguerite de Navarre :1492-1549
François 1er : 1494-1547
François Rabelais : 1494-1553
Hans Holbein : 1497-1543
Charles Quint:1500-1558
Jean Calvin : 1509-1564
Peter Breughel : 1525-1569
WordPress:
J’aime chargement…
Articles similaires
A propos Olivier Jullien
Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
Jérôme BOSCH
Ci dessous, une galerie correspondant à une séance/cours à l’ UTL d’Evry en janvier 2020.
Je fais référence dans ce cours, à Fra Angelico, Uccello, Raphaël, Vinci..Plutôt que de rerédiger des textes longs, je renvoie das ce cas aux articles correspondants.
Bosch est un artiste tellement extra-ordinaire, au sens strict, qu’il échappe aux catégories admises pour la Renaissance. Souvent vu comme médiéval, c’est oublier qu’il est l’exact contemporain de Vinci et Dürer par exemple. C’est un véritable philosophe se dégageant des dogmes catholiques. Certainement chrétien et membre d’une confrérie marginale, ses oeuvres étaient souvent commandées par des adeptes de ce courant religieux, que l’on pourrait sans trop se tromper comme pré-Réformateurs.
Attirés à juste titre par ses détails prolifiques et prodigieux, tragicomiques et transgressifs, on oublie encore souvent le génie coloriste, le paysagiste hors-pair et le savant perspectiviste, qui invente des perspectives elliptiques et panoramiques.
Voici quelques entrées pour cette œuvre inépuisable.
le détail ci-dessus ( que je vous invite à retrouver dans l’enfer -panneau droit du jardin des délices) est emblématique de la sagesse de Bosch, qui désigne ici, une forme d’innocence présomptueuse, à croire que l’on peut se traîner soi-même. Prélude au thème des vanités. Quasiment toute l’œuvre de Bosch repose sur l’idée de la lucidité et du choix individuel devant les situations. Pas de voie divine tracée. Il faut en connaissance de toutes causes, savoir choisir .
Repères chronologiques pour l’article : BOSCH
Jan Van Eyck : 1390-1441
Leon Battista Alberti : 1404-1472
Jérôme Bosch : 1450-1516
Leonard de Vinci : 1452-1519
Sébastian Brandt : 1457-1521
Hans Holbein ( elder) : 1460-1524
Erasme de Rotterdam : 1466-1536
Albrecht Dürer : 1471-1528
Matthias Grünewald : 1475-1528
Michel Ange Buonarotti: 1475-1564
Thomas More : 1478-1535
Martin Luther : 1483-1546
Raphaël Sanzio : 1483-1520
Titien Vecelli : 1488-1576
Henri VIII : 1491-1847
Marguerite de Navarre :1492-1549
François 1er : 1494-1547
François Rabelais : 1494-1553
Hans Holbein : 1497-1543
Charles Quint:1500-1558
Jean Calvin : 1509-1564
Peter Breughel : 1525-1569
Évaluez ceci :
Share this:
WordPress:
Articles similaires
A propos Olivier Jullien
Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.