Edgar Degas est un peintre majeur, au delà de ses sujets qui pourraient sembler futiles et anecdotiques, dans un monde en plein chambardement, violent et divisé.
Il porte un regard nouveau sur les corps féminins, loin des nus académiques et apparemment sans voyeurisme.
Autour du sujet de la danse, c »est une redéfinition du regard et de la représentation qui sont en jeu. Degas invente constamment et redistribue même les catégories académiques du beau, comme les hiérarchies entre dessin, peinture, sculpture.
Son influence sur Toulouse Lautrec est patente, et son intelligence artistique le mène à savoir apprécier ses contemporains, Manet, puis les impressionnistes, Mary Cassatt également comme Gauguin etc..
Peintre du mouvement et du cadrage, de la trace libre et grand coloriste, dans ses oeuvres, il démontre une grande lucidité sur la peinture, l’espace, le plan, le regard, la surface, le geste…
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Nous débuterons par ce travail, qui nous semble rprésentatif des recherches et de la sensibilité de Edgar Degas. En effet, nous sommes à la croisée du croquis, de l’étude et de la peinture. Travaillé sur un fond mi-teinte, Degas semble approcher à grands traits vifs, comme des traces, de son sujet, puis comme ralentir et se concentrerr sur une posture saisie au naturel, sans pose, mais valorisée par un modelé très fin et une lumière balnche, faisant saillir le corps et le visage en profil perdu de ce que l’on identifie comme une jeune danseuse.
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Il y aune belle cohérence pour Degas, à esquisser ces danseuses, dans des postures naturelles. Instants brefs de corps se détendant et/ou se préparant au spectacle majeur de la dans de ballet. Nous sommes ici dans des coulisses. c’est un regard de biais. Ces positions sont naturelles et éloignées de toutes les affectations académiques. Le fait de travailler sur l’inachevé est justifié par l’idée que le modèle ne pose pas. Il s’agit de la saisie d’un instant. Degas privilégie ostensiblement le décalage et le cadrage décentré.
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La recherche de points de vue décentrés, est justifiée par la nécessité de voir, sans être forcément vu, afin de repérer des attitudes naturelles. On remarque aussi comment il revient vers des structures constantes. Bras pliés et torsions. Il utilise souvent les « rehauts » de blanc pour faire saillir les modelés, dans la tradition de Watteau et des grands maîtres.
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Il est presque difficile de savoir si Degas reprend un croquis d’origine ou si il retrouve des gestes courants ches les danseuses. Les corps ainsi pliés offrent des saillies de muscles spécifiques, comme les tensions du dos. les pieds écartés et l’angle de la composition en Y, sont emblématiques de Degas et nous y reviendrons.
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Le sujet n’est pas si anodin. Ici 2 solitudes exprimées, attentes diférentes. Ages, corps, costumes . Degas saisit aussi des moments de vie avec une grande sensibilité, en se faisant oublier. Le vêtemnt des danseuse est un sujet pictural spécifique,, le flou et cette corolle de lumière mérite un traitement particulier.
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L’étoffe des tutus permet donc une variation des gestes de Degas, le flou s’imosant comme l’esquisse et l’inachevé? Ainsi la sensation de mouvement de brièveté de l’insatnt est exprimée par une certaine urgence et permet aussi de faire une démonstration de virtuosité. les corps souvent vus de dessus, en plongée, à une certaine distance sont rarement des portraits.
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Il apparaît que les dessins de Degas ne présentent que quelques rares différences d’avec ses études, si ce n’est bien sûr la question de la couleur. Le traitement des figures, des gestes et traces, de la circulation de ses outils sur le support, comme du cadrge et de l’inachèvement délibéré de l’oeuvre. ce qui est dans la tradition classique de l’étude et du croquis, l’est moins dans la production plus aboutie, avec les moyens picturaux et non graphiques. On remarque aussi une sorte d’obsession de Degas pour certaines figures et attitudes, comme si elles exprimaient la quintessence de son attente esthétique.
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Ce lever de rideau, exceptionnel par le cadrage et le jeu sur l’instant est aussi remarquable par le traitement différencié de chaque surface. le rideau est une surface striées de gestes rapides? Degas montre son geste, ne cherche à faire oublier ni le geste, ni la matière. Il suggère aussi un point de vue plongeant ; celui du spectateur anonyme cette fois-ci et non provilégié, sauant par un travail tenant de la prise de note, un instant furtif. Par le biais de ce cadrage audacieux, il explore des compositions allongées.
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Il joue assez souvent de ce format, qui introduit un déplacement latéral, non seulement des figures dans l’espace suggéré, mais aussi du regard du spectateur, qui ne peut englober toute la scène. C’est une innovation qui témoigne dela grande liberté de l’artiste, qui joue littéralement des possibilités offertes par les cadrages et points de vue nouveaux.
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Cette circulation du regard est l’un des grands points forts de Degas. Du premier à l’arrière plan, mais encore du bas en haut. Le format allongé permet aussi, nous l’avons vu, de dégager de grandes zones, tels ces murs, ou ces planchers et sols, qui deviennent de pures surfaces picturales, traitées par nuances et traces. Degas ramène comme ceci, les espaces tridimensionnels ( murs et sols) à des surfaces planes, traitées comme telles. Mais parcourir une surface..c’est exactement ce que font les danseuses..
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Le regard décalé de Degas s’applique aussi aux coulisses et loges. Regard biaisé mais privilégié, qui révèle comme la face cachée du spectacle et par là même, l’humanité de ces danseuses, qui de silhouettes lointaines, deviennent des heunes femmes, soucieuses et fatiguées. Il saisit des pauses, des baillements, des étirements, des gestes triviaux, à l’abri des feux de la rampe. Encore une fois, un clin d’oeil à la surface peinte, vu de dos, celle du décor, similaire aux toiles de la tradition picturale.
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nous aaborderons ici une autre des constantes de DEgas, à savoir la construction oblique del’epace, signifiée ici discrètement par les chaises disposées à 45°. Au lieu d’une présentation frontale de la pièce, Degas nous dirige vers les angles, obligeant le regard à zigzaguer de gauche à droite ou inversement. façon pour l’oeil de danser, de circuler de façon dynamique du premier plan à l’arrière plan. Cette structuratin triangulaire va se retrouver dans un grand nombre de compositions.
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ce principe d’ouverture, se retrouve en fait dans quasiment tous le ékéments majeurs constituant les compositions de Degas? Pieds des danseuses, bras ouverts, obliques des espaces etdes murs, évasement flortal du tutu et bien s^^ur, ces éventails qui se déploient et par leur courbe, invitent à un glissement latéral du regard. On peut meêm pousser la notion jusqu’à « l’ouverture » du rideau.
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Ces trois versions d’une femme à l’éventail, tenant une paire de jumelles, réussisssent une synthèse parfaite des préoccupations de l’artiste. Point de vue décalé et plongeant, basculement du sol, ouverture de l’éventail et des membres des danseuses, oscillation du regard, passant du premier à l’arrière plan par des balancements.
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Ici encore un projet similaire avec la bascule du corps, qui entraine comme une bascule du sol. C’est ici l’occasion d’aborder un autre des fondements de l’art de Degas, à savoir celui de la lumière. En effet, les feux de la rampe, à l’Opéra, éclairent les corps des danseuses, par en dessous, afin de ne pas imposer une ombre au sol. Ainsi les figures semblent portées littéralement par la lumière, le sol perdant toute présence triviale, elles semblent voler dasn des espaces confus, flous et vaporeux, comme leurs tutus. Nous remarquons, encore une structure en triangle ( Y ou V ou Z) qui peut être assimilée aussi à un envol accompagnant celui des danseuses saluant.
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Les danseuses bondissent. l’absence d’ombre est comme une réponse tardive mais ferme aux traditions occidentales et religieuses, qui par les ombres portées au sol, ont souvent signifié un destin tragique de l’humanité, celui d’être clouée au sol ; d’être prisonnière du temps et de l’espace. se libérer de cette contrainte, s’élever avec grâce est une pratique cathartique, quoique brève, que Degas veut ainsi immortaliser en la saisissant, comme au vol. La légèreté de sa touche est du même ordre, tâchant sérieusement d’être comme aisée non laborieuse. Dans ces 3 compositions, le sol est ici comme un ciel el danseuses, seraint comme des oiseaux volant sans soucis Portés par cette lumière sans ombres.
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Degas passe des journées, des semaines et des mois à l’Opéra, fidle et habitué, il habite cet espace propice à tous les points de vue, tous les cadrages. Il contourne le spectacle officiel, la grande scène, pour privilégier les coulisses, les loges , les répétitions. Il voudrait ainsi s’approcher au plus près d’un art en train de se construire..peut être la première notion de « work in progress », qui est aussi consolidée par son propre travail de peintre, dont il dévoile les effets, coups de crayons, traces, frottements, gestes brouillons, pauses virtuoses, effets de lumières et de mise enscène…Remarquons dans cette oeuvre, la posture des danseuses, qui dorrespond à l’oeuvre initiale de cette galerie.
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Les mêmes attitudes. Degas aurait dirait-on, comme une réserve nombreuses d’attitudes et de positions, qu’il dispose en donnat l’illusion d’un moment saisi par effraction : ici une répétition sur scène, avec de magnifiques silhouettes se détendant les muscles ou s’échauffant avant de se lancer sur scène, devant le regard impitoyable du maître de ballet.
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Degas explore comme systématiquement les jeux de cadrages et de points de vues offerts par l’architecture récente de l’Opéra Garnier. Ici, à plusieurs reprises, il dissocie nettement l’espace masculin/musiciens/noir et blanc/réaliste et un arrière plan féminin/danseuses/couleurs/impressioniste. La plus grande de ces peintures joue sur le cadrage et le regard, guidant l’oeil jusqu’à celui du personnage en haut à gauche, qui de son petit cadre observe une scène que nous ne voyons que suggérée et échappant à la saisie, libre, mais mue et entraînée par les musisciens/machines, supports de leurs arabesques.
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Un regard rapide sur certains dessins de DEgas disent assez sa grande formation classique, voire néo-classique, influencée par la rigueur de David et d’ Ingres. On apprécie d’autant plus son travail systématique de « lâcher-prise » dans ses peintures.
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Un autre retour en arrière chronologique, nous montre avec » la famille Belleli », l’intelligence plastique de FDegas, qui expose ici une déclinaiosn savant de cadres, rectangles, fenêtres, miroirs et surfaces planes défiant toute perspective et tout effet de volume, au bénéfice de qualités pures de surfaces, de plans, et de rapports colorés simplifiés : noir/blanc et Bleu/ocre. Nous remarquons aussi le traitement tachiste du tapis et l’elision savant des pieds des meubles, relativisant de ce fait leur tridimensionalité. Seul M. Belleli échappe à cette frontalité et planéité moderne, avec son fauteuil à 45°, s’inscrivant au sol.
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Ici au contraire, Degas opte pour une présentation non frpntale mais oblique de l’espace, avec, comme vu précédemment la chaise du premier plan, disposée en angle de 45°, Le regard plonge et balance de droite à gauche dans un espace gfractionné presque à l’infini, par de cadres, verrières, écrans et portes.
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La recherche de points de vue décalés amène Degas, non seulement à l’Opéra, mais aussi au cirque, autre espace dédié au mouvement et à la lutte contre la pesanteur et l’esprit de gravité ( dans tous les sens du terme). ici, Mis Lala, que l’on découvre dans les croquis, accrobate de peau noire,( rarement traitée en peinture).Décentrement, envol, contre-plongée et défi au sol. Ce sont des constantes, comme si Degas s’était construit des règles d’un jeu esthétique.
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Autre thème cher à l’artiste, les courses de chevaux, la encore, mouvement, déplacements, corps et anatomies dédiés à la vivacité. Les cadrages et prises de vues furtives sont certainement renforcées par l’invention récente de la photographie, technique pratiquée et expérimentée par Degas d’aileurs.
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Un thème très proche abordé par Degas et Manet est intéressant à comparer, notamment par le basculement évident chez Degas, qui applique au sujet de l’ivresse et de la confusion, ce balancement des grandes lignes de compositions. les grandes surfaces des tables guident en zigzagant le regard vers la posture floue et brouillée de la femme brossée avec compassion, aux côté d’un compagnon indifférent. Manet dispose une figure féminine, brouillée et délicate, qui semble basculer, sur un fond de plans et de rectangles cadrés et colorés strictement orthogonaux. On se rend compte tout de même des similarités de touches de ces grands peintres, qui avec virtuosité brossent de grandes surfaces de textures variées et ralentissent avec délicatesse sur les visages.
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Mais DEgas est aussi l’artiste qui innove dans la représentation de corps féminins. Si les danseuses, correspondent à des canons esthétiques classiques et du monde du spectacle de distinction, il les représente souvent dans des attitudesnaturelles. le regard qu’il porte sur des travailleurse, est le regard d’un peintre en quête de vérité des postures et des corps, éloignés des corps et des poses académiques stéréotypées. Les surfaces blanches et immaculées sont des équivalents plastiques des parquets de l’Opéra.
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Comme les danseuses parcourent les surfaces des sols, les repasseuses, parcourent les linges. Mais il y a aussi une compassion sociale chez Degas, qui sait voir, comme Corbet, Millet et Daumier, une beauté naturelle dans les gestes de ces femmes, qui bien que travaillant dans des conditions pénibles, une beauté de la lumière, à laquelle nul autre n’a accès.
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Si ces corps et ces lumières peuvent êtres beaux et pittoresques, Degas montre aussi la difficulté du travail, la lassitude et l’effort et même le réconfort de la bouteille.Dans un monde où la lutte des classes est extrèmement violents ( révolutions de 48, Commune de Paris..).
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Les univers féminins dominent l’oeuvre de l’artiste, qui semble se fondre dans ces lieux, avec discrétion et complicité. Les modistes, tenant ces chapeaux, comme des taches de couleur, sont comme des bouquets de couleurs pures.
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Degas, explore aussi les cabarets, domaine que Toulouse Lautrec traitera plus systématiquement. Ici encore, lumières en contre plongée, cadrages serrés et décalés, univers artificiels. Variations virtuose des touches, rapides et brossées par endroits, très fines et délicates sur les visages.
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L’univers du cabaret, traité avec les mêmes outils que les danseuses de l’Opéra, permettent plus de couleurs saturées et surtout correspond à des corps féminins moins stéréotypés et normés que les danseuses aux corps contraints et corsetés par les règles classiques du ballet.
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Ce sont ces mêmes corps, plus naturels, de femmes plus âgées et dans des attitudes non étudiées que recherche aussi l’artisyte dans les très npùbrueses peintures de femmes au bain. Les formes géométriques des étagères et les grandes courbes des « tubs », structurent le plan de la toile. La vue plongenate efface la perspective au bénéfice d’arabesques relevées par des modelés remarquablement subtils des grandes surfaces de peau, comme celles du dos.
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Ces travaux révèlent une intimité partagée et une confiance mutuelle, mais on ne peut écarter la dimlension érotique, qui s’éloigne délibérément des minauderies académiques. Les attitudes qui ne mentent pas, que ce soit, dans les moments de repos, de travail ou l’intimité, sont de fait les modèles recherchés constamment par Degas.
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Il existe une très grande quantité de’études de ce type, et nous proposons ici une sélection. Degas est un artiste de séries, obsessionel . Plutôt que de varier les sujets, il explore radicalement tous les enjeux et les possibilités qu’offrent des thématiques définies : danseuses, repasseuses, femmes au bain, chevaux…Il n’y a jamais chez DEgas, de narration ni d’anecdote ni de connotations.
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On découvre aussi que Degas fut un très subtil photographe, ce qui n’étonne pas, car les questions de cadrage, de point de vue et de saisie de l’instant, comme des lumières sont des problématiques qu’il explore constamment en dessin et peinture.
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Il est intéressant de voir que si la dimension gestuelle de son trait ( qui inspire à Valéry le titre « Degas, Danse, Dessin » est cruciale pour l’artiste, il est aussi capable d’utiliser cette technique récente, qui ne laisse pourtant ni trace, ni zones vierges. La photographie possède surtout, cette puissance sidérante et fascinante de capture d’un moment de vérité lumineuse. Degas opère une véritable rencontre au sommet de ces productions d’images.
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Il y a bien sûr aussi la sculpture, comme une photographie en relief, qui fige l’instant, comme une empreinte tridimensionnelle des corps saisis sur le vif. Degas, contemporain de Rodin s’en rapproche dans bien des domaines, dont celui de la danse et de la sculpture. Un même rapport au sol, au socle et à une certaine torsion des corps.
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Ces sculptures sont éloignées du lyrisme sensuel de Rodin, mais expriment une grande liberté dans la facture, sans doute générée par le fait qu’elle sont plus considérées comme des études, des recherches. mais l’utilisation d’un « tub » comme socle et dispositif de mise en scène de corps allongés est stupéfiante d’audace, comme celle de sculpter de l’eau.La fluidité de l’instant et des éléments, figée par la terre et le bronze comme par la photographie.
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Autre audace et expérience stiupéfiante, celle de vêtir d’un réel justaucorps et tutu, vcette petite danseuse, qui par cet effet de réel en deveint plus troublante, de tension et de grâce, concentrée et tendue, mais sereine et comme inspirée .Sculpture à l’échelle « 1 », elle s’écarte en fait de sexpériences de Degas sur le mouvement, car elle est en repos.
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Il existe aussi ces croquis excécutés dans des maisons closes, qui rapprochent Degas de toulouse Lautrec, à la différence près que Degas n’en fera jamais de peintures. Il démontre ici encore la fascination pour la diversité des corps féminins, saisis dans des moments de vérité.
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Il est impressionnant de comparer ces peintures..Degas exprime un rapport aux corps et à l’animalité et dégage des valeurs d’harmonie et de communion avec une nature première et positive. Gauguin puis Picasso ont-ils connnu ces oeuvres de Degas où leurs oeuvres résultent-elles de démarches cohérentes et de quêtes de renouveau culturel ? Cohérence des couleurs et du thème. Degas a peu exploré le paysage mais ne recherche jamais le spectaculaire, ni la narration. Une certaine banalité subtile.
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Les plages normandes contemplées par Degas, révèlent sa capacité à traduire une sensibilité aux surfaces, aux fines nuances de tons et de lumières. Ici de même, pas de spectacle, pas de dramatisation ni de pittoresque. Exprimer avant tout la sensibilité.
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Henri de Toulouse-Lautrec semble reprendre exactmentles questionnements de Degas et les poursuivre de façon plus systématique encore, réconciliant manifestement le tracé du dessin et l’usage des couleurs complémentaires. Nous retrouvons aussi la composition en Y, qui suggère non pas de faire face frontalement au sujet, mais de le contourner par la gauche et/ou par la droite. Autrement dit de circuler autour du corps principal. Toulouse-Lautrec, travaille aussi sur la vision en plongée, l’intimité avec le modèle et le motif du « tub »..
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Lautrec, propose lui aussi des oeuvres tenant du croquis et de la prise de vue furtive, révélant une complicité avec les modèles ; des modèles éloignés des stéréotypes académiques. Lautrec, personnage marginal est en complicité avec sesmodèles, humiliés et marginaux.
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La crudité des figures et des thèmes est transfigurée par des porttraits d’une grande humanité et des couleurs d’une force irrationnelle. Si les postures sont humiliantes, celle d’une visite médicale de prostituées, les regards sont mélancoliques et profonds. Lautrec, comme Degas d’une certaine manière explore différents modèles de corps féminins et interroge les stéréotypes esthétiques.
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On voit encore comment Toulouse-Lautrec n’est pas aussi spontané que ce que ses peinures gestuelles semblent exprimer. les recherches de couleurs et de modelés et/ou d’àplats sont révélateurs de questionnements de plasticiens, qui au-delà du sujet interroge la rprésentation.
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Ici, des sujets proches de ceux de Degas, masi proposant une version plus crus, moins distancée, la fatigue et les attitudes ne sont plus celles de danseuses, mais surtout de jeunes femmes épuisées et soucieuses, aux corps tendus. La dureté des traits tout comme les fonds bruts accentuent cette ambiance. Les corps des danseuses sont presques fiévreux et maladifs annoncent presque ceux de Egon Schiele.
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Comme une urgence, Toulouse-Lautrec achève des croquis-peints, qui sont des démonstrations éclatantes de virtuosité, tant des traits que des harmonies colorées. On voit aussi 2 visions de la Goulue, qui passe de la scène à la rue, mais chaque fois dans l’indifférence.Il semble évident, que Toulouse Lautrec témoigne dans ces portraits d’une profonde empathie pour ces femmes et il n’établit pas de distance. La finesse des portraits en est le signe fort et délicat.
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De même, ces variations sur la clownesse, ne sont pas motivées que par le jaune éclatant de son costume, mais aussi par son air blasé et mélancolique. La peinture en coulures maîtrisées deveint expressive et autonome. Lautrec est sans doute le premier artiste à passer de l’impressionisme, à l’expressionisme, tant par ses sujets outrés que par ses vouleurs vives et ses getses ardents.
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Comme Degas Lautrec vit dans des lieux choisis et spécifiques, où il peut vivre et apprivoiser ses modèles, afin de proposer une saisie de la vie, d’une vérité, jusqu’à prasent celée par les canons académiques et religieux. La représentations de corps féminins est un enjeu de société autant u’une recherche esthétique de nouveaux modèles et sujets;
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Il existe aussi une grande spécificité des danses de cabaret, c’est l’idée que le spectacle n’est pas sur une scène. Participants et spectateurs, partagent le même espace ; il y a une présence physique sur le même terrain et sol, au sens struct. Que prouve Lautrec en ne mettant aucune distance entre lui et ses sujets.
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C’est ce même principe qui est ici traduit. Les danses de cabaret sont aussi des « chahuts »,souvent frénétiques et dans ce domaine encore il n’y a pas la distance « apollinienne » des ballets classiques. Lautrec est plus fasciné par le côté « dyonisiaque » , qu’il perçoit même dans certains chorégraphies classiques.
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On retrouve dans ces 2 créations, la composition décalée à 45 degrés, chère à Degas, accentuant l’incertitude, le décentrement et la déstabilisation ; composition en Y ou en Z, renforçant la fébrilité perceptible dans la nervosdité des touches et la crudité des couleurs. Ici aussi, c’est une manière de « rentrer » dans l’espace représenté ; de ne pas être « devant » une scène. Idée que nous avons exposée dans les vignettes précédentes.
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Ces vues semblent décalées, décentrées, se focalisant comme au hasard sur certains points fixes et détails, dans des lumières crues et couleurs saturées. Onne eut s’empêcher de voir ces scènes comme vues par un esprit embrumé et rendu hypersensible, tel que l’alcool pouvait troubler celui de Lautrec, mort à37 ans de délirium tremens. Il subsiste des fulgurances colorées, des visions virtuoses sombrant dans la confusion et le relâchement, l’épuisement.
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Manet partgae avec Degas et Lautrec, la fascination pour ces lieux où les corps et les regards sont naturels, où le pittoresque est dans la salle plus que sur la scène. On voit d’ailleurs comment Manet construit et cadre progressivement son regard sur la serveuse, anonyme héroïne, qui échange un instant un regard étonné avec le peintre, qui l’a distinguée dans la foule. La brièveté du regard et de l’instant est traduite par Manet , par des petites hachures nerveuses qui vibrent et semblent manifester l’incertitude et la brièveté. Manet compose un jeu savant de complémentaires rouge/vert et Bleu/orange. Manet,comme Degas et Lautrec réhabilité de dessin, le croquis..comme Daumier, l’avait expérimenté quelques années plus tôt.
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Les jeux de regards, les dispositifs complexes sur l’espace et ses ambiguïtés sont ici la trame d’une composition troublante, autour d’un face à face extraordinaire avec une figure anonyme, ici honorée, quittant la trivialité de sa fonction pour une glorification picturale où elle se fond dans une peinture somptueuses de lumières confuses et de reflets. C’est le client qui semble ectoplasmique et irréel. Manet démontre aussi sa capcité à brosser des natures mortes d’une vérité confondante.
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jeux de regards et de cadrages. Modèles anonymes, touche gestuelle, instants brefs. Il y a des notions communes à de nombreux artistes du ci-ourant impressionistes. Notons aussi comment, ni Degas, ni Lautrec, ni Manet ne se sont beaucoup occupés de paysages.
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Intervenant dans le domaine des arts plastiques, comme enseignant, praticien ( peintures-graphismes) et conférencier.
Edgar DEGAS , danses
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